Guerre Ukraine : près de 20 000 enfants transférés en Russie
Les enfants enlevés dans les territoires occupés sont envoyés en Russie. Au prograame :endoctrinement politique, interdiction de parler ukrainien et patriotisme russe…

Des enfants enlevés dans les territoires occupés
Depuis le lancement de l’invasion russe à grande échelle en février 2022, 19 546 enfants ukrainiens ont été transférés en Russie ou dans les territoires sous occupation, selon les chiffres communiqués par Kiev. Ce nombre ne concerne que les cas officiellement identifiés ; les autorités ukrainiennes estiment que le total pourrait être plus élevé. À ce jour, 388 mineurs ont pu être rapatriés.
Les enfants concernés proviennent majoritairement des régions de Marioupol, Donetsk et Lougansk. Certains ont été séparés de leurs familles lors des évacuations imposées par l’armée russe, d’autres ont été enlevés directement dans des orphelinats ou des foyers. Une partie d’entre eux a été placée dans des familles russes, parfois adoptés, ou dirigés vers des institutions spécialisées.
Interdiction de parler ukrainien et apprentissage du russe
Plusieurs ONG, dont Save Ukraine, affirment que ces enfants font l’objet d’un endoctrinement systématique : apprentissage du russe, interdiction de parler ukrainien, valorisation du patriotisme russe. Le réseau Ukrainian Child Rights dénonce une volonté d’effacer leur identité nationale. Le programme mis en place côté russe est présenté comme une opération de protection humanitaire. En janvier 2024, devant l’ONU, le vice-ministre russe du Travail, Alexeï Vovtchenko, a déclaré qu’« environ 2 000 résidents » d’orphelinats avaient été transférés en Russie, accompagnés du personnel des établissements.
Une éducation « patriotique » russe
La Russie rejette les accusations d’enlèvements et assure être prête à remettre les enfants à leurs familles, si une demande formelle est faite. Le Kremlin souligne que certains enfants ont été envoyés dans des centres où est dispensée une éducation « patriotique ». Ces justifications sont contestées par Kiev, qui qualifie les transferts de déportations illégales.
En janvier 2023, l’ONG Save Ukraine a réussi à organiser un premier convoi de retour d’enfants depuis la Russie vers Kiev. Le processus a nécessité près d’un an de démarches administratives et de négociations.
Echange d’enfants ?
En avril 2024, Moscou a annoncé un nouvel échange d’enfants avec l’Ukraine. Cette opération n’a pas été confirmée officiellement par Kiev, mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué des retours récents.
Face à cette situation, une coalition internationale a été lancée en février 2024 à l’initiative du Canada, rejointe par 35 pays, dont la France, l’Allemagne et les États-Unis. L’objectif affiché est d’obtenir le retour des enfants déplacés en Russie.

Une politique délibérée de la Russie
L’initiative ukrainienne « Bring Kids Back », lancée en 2023 et soutenue par une quarantaine de pays, affirme que ces transferts d’enfants relèvent d’un plan organisé visant à effacer leur ukrainité. Le 26 avril 2024, environ 300 personnalités politiques en Europe et au Canada – dont la présidente de l’Assemblée nationale française Yaël Braun-Pivet et le président estonien Alar Karis – ont participé à une campagne de soutien arborant un t-shirt bleu et jaune, aux couleurs de l’Ukraine, pour réclamer le retour des « enfants volés ».
Les autorités ukrainiennes, ainsi que plusieurs ONG, maintiennent que ces transferts d’enfants doivent être considérés comme des violations du droit international humanitaire, et pointent une politique délibérée orchestrée par la Russie.
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