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Hans Silvester accusé de manipulation: la réponse.

Bloc-Notes publié le 14/10/2008 | par Hans Silvester

Réponse de Hans Sylvester à l’article de Télérama l’accusant d’avoir caché qu’il photographiait des tribuns qui, loin d’être inconnues, étaient régulièrement visitées par des touristes pour qui pon mettait en scène les décorations et peintures corporelles à photographier.


Télérama
M. Bruno Patino
Directeur de la Publication de Télérama
8, rue Jean-Antoine-de-Baif
75212 Paris Cedex 13 11 Octobre 2008.

Monsieur

Vous avez publié dans le numéro 3064 de Télérama du mercredi 1er octobre un article m’accusant d’être un « photographe manipulateur ». L’annonce du sommaire, le titre de l’article et le cadre dans lequel il est publié, la rubrique Téléramdam qui prétend dénoncer des impostures, ajoute au caractère diffamatoire d’un article dont la gravité tient à sa légèreté. Il aurait suffi en effet de s’informer des nombreuses déclarations, interviews et publications qui depuis plusieurs années ont accompagné mes livres et expositions, pour s’apercevoir que ces accusations calomnieuses sont sans fondement. Non seulement je n’ai jamais « masqué le contexte », mais j’ai toujours expliqué les risques produits par le tourisme en précisant sans ambiguité la complexité de la situation dans le sud éthiopien.
Pour votre information, je rappelle que les Surma et les Mursi sont séparés par la rivière de l’Omo et par toute l’étendue du Parc National de l’Omo, un des plus vastes d’Afrique. J’ai surtout photographié les Surma, car ce sont eux et non les Mursi qui utilisent la couleur. Or votre article ne parle que des Mursi, dont j’ai toujours déclaré qu’ils étaient en contact avec des touristes, et qu’ils en recevaient rétribution. La prétendue révélation de cet article n’en est plus une depuis longtemps pour personne, tous les guides de voyage s’en faisant l’écho. C’est ce que j’ai toujours dit et répéteé, et que votre journaliste a voulu ignorer, entretenant la confusion en ne recherchant le témoignage d’ethnologues qu’à propos des Mursi. Je tiens à préciser en outre que la seule photographie commentée dans cette artcle ne figure dans aucun de mes livres, je vous signale également que je ne suis pas autrichien mais allemand.
Les Mursi vivent en plaine, dans une région dépourvue des oxydes d’où l’on tire la couleur. Ils sont 4 à 5000, contre les 3500 que compte la population Surma, qui, elle, vit sur les hauteurs où abondent ces oxydes. Le tourisme ne pénètre le territoire Surma, aussi grand qu’un département français, que par une seule piste traversant la vallée jusqu’à deux villages, Turkit et Kibisch, qui comptent au total 300 habitants, les seul à profiter de ce commerce sur une population globale estimée à 3500 Surma. Au cours de seize voyages, j’ai travaillé loin de cet axe, dans les hauteurs, auprès des bergers.
Je joins ici quelques extraits de mes livres où est très explicitement exposé le problème du tourisme. Il est tendancieux de tirer argument de cette situation que j’ai moi-même dénoncée, en la généralisant pour jeter le soupçon sur cet art et nier qu’il ait jamais existé avant l’arrivée des touristes.

Votre journaliste m’a contacté par téléphone, mais n’a pas pris le temps, avant de publier ses accusations, d’avoir avec moi l’entretien que je lui proposais, et qui aurait permis d’éviter ces confusions. En conséquence, j’attends de Télérama une réparation publique pour cette atteinte à ma probité de photographe. » » »

Lioux, le 11 octobre 2008,

Hans Silvester