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Israël : un racisme à l’État pur

publié le 23/06/2025 par Jean-Paul Mari

Pour le gouvernement israélien, la vie humaine n’a pas la même valeur selon que l’on soit juif ou arabe, un racisme officiel qui diffuse dans la société

Les parents et les proches des Palestiniens tués par les forces israéliennes, qui ont ouvert le feu sur une foule rassemblée à un point de distribution d’aide à Rafah, pleurent leurs défunts. Khan Younès, Gaza, le 3 juin 2025. — © ABED RAHIM KHATIB / Anadolu via AFP

Hôpital israélien touché à Beersheva : un « crime de guerre »

Ce jeudi 19 juin, une frappe de missile iranien a touché de plein fouet un hôpital à Beersheva, le Soroka Medical Center, faisant 71 blessés. Réaction immédiate du ministre de la Défense, Israël Katz, qui a qualifié cet acte de « crime de guerre des plus graves ». Ce qui est tout à fait juste et à la mesure de cette atrocité. Israël Katz a même pris argument pour justifier un éventuel assassinat du Guide suprême iranien : « Ali Khamenei déclare ouvertement vouloir détruire Israël, il donne personnellement l’ordre de tirer sur les hôpitaux. […] On ne peut plus permettre à un tel homme d’exister. »

28 hôpitaux palestiniens majeurs hors de service à Gaza

De son côté, l’OMS a enregistré, depuis le début de la guerre en octobre 2023, l’attaque de 697 installations de santé à Gaza par l’armée israélienne. Et 28 hôpitaux majeurs, bombardés, ont dû cesser leurs activités. Où est la différence ? Pour le ministre et son gouvernement, elle est évidente : à Gaza, on bombarde un « nid de terroristes » ; à Beersheva, on tue des êtres humains.

Un massacre quotidien en silence

Depuis le début de la guerre Iran-Israël, les bombardements sur Gaza n’ont jamais cessé. De 50 à 150 morts en moyenne chaque jour, 482 Palestiniens tués et environ 2 000 blessés, combattants du Hamas mais aussi, en grande majorité, des civils : hommes, femmes, enfants. À Gaza, les reporters étrangers restent interdits et les journalistes palestiniens, ciblés, sont tués. En Israël, les correspondants étrangers peuvent faire leur métier. Sur une radio, un reporter décrit une volée de missiles iraniens dans le ciel – « 5, 6, 7… 8, qui viennent de passer au-dessus de nous » – et le cri de terreur d’une employée africaine : « Oh ! My God ! », qu’il suit jusque dans l’abri souterrain. La peur, l’angoisse, le danger réel. À Gaza ? Pas de reportage sensible. Quelques mauvaises images volées, un bout d’itw par téléphone, des chiffres et encore des chiffres pour une masse sans âme.

Une aide humanitaire militarisée

Face à la situation humanitaire de plus de deux millions de personnes affamées, l’État hébreu a décidé de gérer lui-même, avec l’aide des Américains, la distribution de l’aide alimentaire à Gaza en créant, le 27 mai dernier, la Gaza Humanitarian Foundation. À condition de veiller à ce que le Hamas n’en profite pas. Au moindre mouvement de foule, l’armée effectue des… « tirs de sommation » particulièrement assassins : 40 morts à Rafah le 16 juin, 51 tués et plus de 200 blessés le 17 juin à Khan Younis… «tirs de sommation », usage de chars et de drones, 300 morts au total et environ 3 000 blessés selon le HCR, qui a qualifié la Fondation de « dangereuse ». Et inefficace. Les Palestiniens de Gaza demandent du pain, ils récoltent du sang.

Les abris, « pas pour vous »

En Israël, le réseau public des abris anti-bombes, efficace, fonctionne. Mais pas pour tous et pas de la même façon. Dans les villes arabes israéliennes, on note une protection civile déficiente et l’absence d’abris. Et dans les communautés mixtes, tous n’y ont pas accès. À Jaffa, aux portes de Tel-Aviv, des résidents arabes ont vu leurs voisins leur claquer la porte de l’abri au nez : « Pas pour vous ! » À Haïfa, Mohammed Dabdoob, 33 ans, travaillait dans son atelier de réparation de téléphones quand il a entendu les sirènes d’alerte. Il court vers l’abri sous le bâtiment, tape le code, en vain, cogne à la porte, appelle en hébreu ses voisins qu’il entend à l’intérieur. Personne ne lui ouvre la porte. Quelques instants plus tard, un missile explose tout près, soufflant toutes les vitres de la rue : « J’ai cru que j’allais mourir. » L’incident n’est pas isolé. Les abris ? « Pas pour vous ».

Les uns sont des humains en danger, les autres, soit des « terroristes », soit, même Israéliens, tout simplement des Arabes.
Racisme d’État, racisme de la société, racisme systémique : le venin constamment distillé par les extrémistes juifs est devenu un poison officiel de l’État d’Israël.


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