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L’Édito :Josette ou l’élégance du reporter, par Jean-Paul Mari

Edito publié le 01/03/2017 | par Jean-Paul Mari

Il y a des disparitions plus cruelles, plus injustes, plus scandaleuses que d’autres. Nous
avions une grande dame et le qualificatif, désormais, n’est plus très facile à attribuer.
Il est d’usage de dire que certaines personnes s’en vont en emportant une partie de
notre mémoire. Ce n’est pas totalement exact. La mémoire qui nous reste est seulement
plus douloureuse. Elle met le vide en abyme.

La mort de Josette me donne le vertige, un peu comme on perd un point de lumière
dans l’obscur, un repère moral, un membre aimant de notre famille. Et celui ou ceux
qui gouvernent – mal – en haut auraient dû nous la laisser encore un peu, comme
une borne lumineuse sur le chemin du ciel. Josette était un coup de foudre pour tous
ceux qu’elle rencontrait, sa mort est un coup de grâce.

Au Nouvel Observateur, elle est la dernière d’une série de chocs qui ébranle toute la
maison. Il y a eu Serge Lafaurie, jeune vieillard magnifique dont Clint Eastwood n’était
qu’un pâle sosie, un prince des mots, un seigneur engagé et discret. Et François
Cavigioli, sa plume, bon dieu, sa plume ! Et la malice des tendres. Et K.S. Karol, une
culture d’encyclopédie politique, un morceau d’histoire contemporaine à lui tout seul.

Et son courage.

Et maintenant Josette, dont l’élégance du corps et de l’esprit faisait baver d’envie les
quatre étages de la rédaction. Ils étaient à la fois beaux, brillants, engagés et humbles.
L’humilité. Au temps des selfies, la vertu devient rare, non? Elle, en grande dame,
n’étalait rien. Il lui suffisait d’être. Albert Londres aurait fondu devant elle. Nous aussi.
Josette, présidente de l’association avant que sa santé ne l’oblige à renoncer, cela
suffisait à illuminer la fonction politique, et d’oser imaginer Ava Gardner à l’Élysée.

Alors oui, plus que la tristesse, c’est une sainte colère qui nous saisit. La tristesse, ce sera
pour plus tard, quand le temps atténuera le scandale de son départ. La tristesse, pas
l’amertume. Et quand sera trop forte la nostalgie de notre grande dame, il suffira de
fermer les yeux et de la revoir pour retrouver le vrai visage de la jeunesse éternelle.
Avec toute notre tendresse.


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