Macron : choisir entre le droit et Israël

Soutien sans réserve à Israël

Dans son allocution du vendredi 13 juin, le président Emmanuel Macron n’a pas manqué d’afficher son plein soutien à l’État hébreu, qui venait de mener une campagne de bombardement massive contre les installations militaires iraniennes. À lire le communiqué, on pourrait croire que c’est la République islamique qui a attaqué Israël. Plutôt que de condamner un usage immodéré de la force par un gouvernement dirigé par un fugitif recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, E. Macron a une nouvelle fois effectué une volte-face qui rend la position de la France peu claire pour ses interlocuteurs.

Ambiguïtés sur les exportations d’armes

Depuis le début de la guerre déclenchée par les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, la France n’a pas fait montre d’une très grande clarté dans son approche du conflit. Le cas de la livraison d’armes est emblématique : alors que Paris affirme ne pas en fournir à Tel-Aviv, une plainte a été déposée par la Ligue des droits de l’homme contre la société française Eurolinks. D’après Disclose, la France a autorisé l’exportation de 100 000 cartouches pour fusils mitrailleurs. Or, si ces armes venaient à être utilisées à Gaza contre des civils, le principe de la responsabilité pénale des décideurs se poserait. Le ministère des Armées nie, mais peine à convaincre sans fournir le détail des exportations.

« Macronner » n’est pas agir

Sur le front diplomatique, E. Macron parle beaucoup (les Ukrainiens ont même inventé le verbe macronner), mais agit peu : le mandat d’arrêt international contre Benjamin Netanyahou gêne beaucoup la diplomatie française. Celui-ci a pu survoler deux fois notre espace aérien pour un déplacement à la Maison-Blanche, alors que son avion aurait dû être intercepté sans délai. À comparer avec Vladimir Poutine qui, en se rendant en Mongolie, a fait subir à ce pays un tir de barrage diplomatique occidental sans précédent pour son arrestation. Même la question de la reconnaissance de l’État palestinien a été ajournée, au prétexte des bombardements illégaux israéliens. Le criminel Netanyahou y gagne.

L’héritage du gaullisme en question

Or, la France est une puissance installée, conservatrice du droit international. En 1967, le général de Gaulle avait clairement exprimé aux ambassadeurs d’Israël et des pays arabes : « Je condamnerai celui qui tirera le premier coup de feu. » Depuis, cette position était tenue par l’ensemble des gouvernements. Face à des puissances révisionnistes, comme la Russie ou la Chine, pour qui les frontières internationales n’ont rien d’intangible, le double discours de Paris peut être préjudiciable à sa crédibilité.

Un sursaut tardif

La question des otages français retenus par les mollahs est primordiale, au point qu’un nouveau revirement diplomatique a dû être opéré. Après avoir initialement promis de défendre le territoire israélien grâce à nos bases sur place (Jordanie, Émirats arabes unis), la France, par la voix de Jean-Noël Barrot, a mis un certain empressement à affirmer qu’elle ne l’avait pas fait. Comme un ultime sursaut d’intelligence dans une diplomatie qui nage en plein brouillard : entre le droit international à visée universaliste et le soutien occidentaliste à Israël, il faut choisir.

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