Mauvaise journée pour Netanyahou à la Maison-Blanche
Invité par son « ami » Trump, l’homme fort d’Israël escomptait une baisse drastique des droits de douane. Il s’est fait traiter comme un mauvais élève

Ce mardi 8 avril, alors qu’il termine sa visite en Hongrie, il pense que cette invitation surprise a pour objet une négociation sur la récente augmentation des droits de douane de 17 % sur les exportations israéliennes. Et il se fait fort de démontrer la qualité de ses relations privilégiées avec son « ami » Donald, pour obtenir une réduction, voire une suppression de cette augmentation.
L’Iran, invité surprise au menu
Dès son arrivée, il est forcé de réaliser que le sujet principal n’est pas les droits de douane, mais plutôt l’Iran. En lui annonçant seulement quatre jours à l’avance le démarrage de négociations directes avec l’Iran, la Maison-Blanche a voulu contrôler l’effet de surprise généré et éviter des réactions ou des initiatives intempestives du gouvernement israélien.
Si l’objectif affiché d’un abandon par l’Iran de son programme nucléaire militaire reste commun aux deux pays, Donald Trump annonce privilégier la voie diplomatique au détriment de l’option militaire, préférée par Israël.
L’élève Netanyahou grondé dans le bureau ovale
Il suffisait d’observer son expression embarrassée durant la conférence de presse dans le Bureau ovale, pour comprendre que Benjamin Netanyahou n’avait rien obtenu de tangible sur les sujets en cours, et même récolté au passage des remarques plutôt cinglantes, voire humiliantes, de son ami Donald :
- Puisque Donald Trump estime que le président turc Erdogan est aussi son ami, Israël est sommé d’avoir une approche « rationnelle » (dixit) avec la Turquie et de se coordonner avec Erdogan sur la Syrie, plutôt que de l’affronter.
- Israël est un pays favorisé qui reçoit plus de 4 milliards de dollars d’aide annuelle, et qui devrait rééquilibrer sa balance commerciale avec les États-Unis avant de demander des réductions de droits de douane.
- L’offensive militaire à Gaza doit prendre fin, et si Israël n’obtient pas la libération des otages, ce sont les États-Unis qui s’en occuperont.
Retour à Jérusalem, les mains vides
Contrairement à ses attentes, Benjamin Netanyahou est donc revenu les mains vides de Washington et continue à faire la démonstration de son incapacité à trouver des voies de sortie aux crises de son pays.
À partir de la semaine prochaine, on va observer avec intérêt ce que le négociateur principal, Steve Witkoff, va obtenir des Iraniens dans les 60 jours impartis par Donald Trump. La question est légitime au vu du peu de résultats obtenus par le même Steve Witkoff face au Hamas à Gaza et à Poutine en Ukraine.
Les peuples grondent, les régimes se durcissent
Pendant ce temps-là, et à des degrés divers, les protestations populaires grandissent en Turquie, en Iran, en Syrie, en Israël et à Gaza. Assez fortes pour montrer la contestation de ces régimes, pas assez pour les fragiliser. Dans un monde qui paraît rester condamné à être tributaire des initiatives imprévisibles et incontrôlables d’un président américain infantile, irascible et un brin capricieux.
ENCADRE: L’axe Washington–Téhéran–Israël

tué lors d’un bombardement israélien à Beyrouth. ©AFP – AFP
1. Les États-Unis et l’Iran : diplomatie sous tension
Depuis la révolution islamique de 1979 et la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran, les relations entre Washington et la République islamique d’Iran sont rompues.
Le programme nucléaire iranien, soupçonné d’avoir des visées militaires, a été au cœur de multiples tensions. En 2015, l’accord sur le nucléaire (JCPOA) signé entre l’Iran et les grandes puissances, dont les États-Unis sous Obama, prévoyait une levée progressive des sanctions contre des garanties de non-prolifération.
Mais en 2018, Donald Trump a unilatéralement retiré les États-Unis de l’accord, relançant les sanctions économiques. Depuis, les efforts diplomatiques ont repris sporadiquement, sans aboutir à un nouvel accord durable.
2. Israël : ennemi déclaré de l’Iran
Israël considère l’Iran comme une menace existentielle, notamment en raison du soutien iranien au Hezbollah libanais, au Hamas à Gaza, et des ambitions régionales de Téhéran.
Israël mène régulièrement des frappes en Syrie contre des positions iraniennes ou pro-iraniennes. Benjamin Netanyahou a toujours été un farouche opposant à l’accord sur le nucléaire , « dangereux pour la sécurité d’Israël ».
Il privilégie une stratégie de pression maximale et de dissuasion militaire plutôt qu’un dialogue direct avec Téhéran.
3. Entre Washington et Jérusalem : une alliance, des divergences
Les États-Unis restent le principal allié stratégique et militaire d’Israël, avec plus de 4 milliards de dollars d’aide annuelle. Mais les désaccords sur la stratégie face à l’Iran se sont accentués, notamment sous les présidences Obama et Biden, et même par moments sous Trump, malgré sa proximité affichée avec Netanyahou.
Alors que Washington oscille entre pression et diplomatie, Israël défend une ligne dure, allant jusqu’à des actions unilatérales, y compris des opérations clandestines contre le programme nucléaire iranien.

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