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Nous n’irons pas en finale!

publié le 22/12/2009 | par Léonard Vincent

La totalité de l’équipe de football érythréenne a fait défection au Kenya la semaine dernière au terme d’un tournoi régional, refusant de tourner dans leur pays natal.


Nous n’irons pas en finale!

Après avoir été amèrement battus 4 à 0 en quarts de finale de la coupe d’Afrique centrale et de l’Est (Cecafa) par la Tanzanie, le 8 décembre, les « Garçons de la mer Rouge », titulaires et remplaçants, ont tout simplement disparu de leur domicile de Nairobi avec l’intention de demander l’asile politique.

Seul le coach Negash Teklit et un colonel de l’armée érythréenne qui accompagnait l’équipe sont rentrés à Asmara.

Cette auto-dissolution de l’intégralité de l’équipe nationale survient deux ans après la défection de six joueurs érythréens qui avaient demandé asile à l’Angola, en mars 2007, après un match de qualification pour la coupe d’Afrique des nations. Depuis cet épisode navrant, le gouvernement érythréen a exigé des joueurs se déplaçant à l’étranger de verser 4600 euros de caution avant leur départ, soit environ un an de salaire.

« Je suis attristé par cette situation car donne une mauvaise image de la région. J’ai de très bonnes relations avec la fédération érythréenne, mais le gouvernement pourrait ne plus être disposé à laisser les joueurs partir disputer des tournois à l’étranger », s’est candidement désolé le secrétaire général de la Cecafa, Nicholas Musonye.

« Il est probable que les familles des joueurs subissent des représailles », m’a expliqué un ami érythréen. « Il est également certain que les joueurs ont disparu au sein de la communauté érythréenne de Nairobi et qu’ils vont se faire oublier, voire changer d’identité, pour ne pas aggraver le sort de leurs parents. »

Dans la retransmission télévisée de leur dernier match, les connaisseurs pourront apprécier la faible mobilisation des joueurs érythréens face aux petits virtuoses tanzaniens….

Etait-ce de l’impatience ou la crainte d’être contraints, par orgueil, de retourner parader dans les rues d’Asmara s’ils atteignaient la finale ? Ou, pire, d’être reçus par le président Issaias Afeworki s’ils remportaient le tournoi ? Ou tout simplement de la lassitude.


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