Scène de mort au café Al-Baqa anéanti par une frappe israélienne
Plus de 24 morts, civils, femmes, enfants, artistes et reporters.. une frappe israélienne a détruit un café connu, un lieu, fréquenté par des étudiants et journalistes, sans aucun caractère militaire
Le café Al-Baqa n’était ni un bunker, ni un poste de commandement. Simple établissement en bord de mer, prisé des étudiants, journalistes et familles cherchant à se connecter ou à respirer un instant. Ce lundi, il a été pulvérisé par une frappe aérienne israélienne. Le bilan est lourd : entre 24 et 41 morts, dont de nombreuses femmes, enfants, artistes et reporters. Une quarantaine de blessés s’ajoute à ce massacre.
Des corps déchiquetés, du sang sur les murs…
Le sol a tremblé, raconte un survivant. Puis l’enfer. Des corps déchiquetés, du sang sur les murs, des cris noyés dans les gravats. Parmi les victimes : Ismail Abu Hatab, photoreporter de 32 ans reconnu dans toute la bande de Gaza, et Amina al-Salmi, artiste plasticienne engagée. Sama Abou Namous, 18 ans, est morte sur le coup, venue étudier avec une amie. Son frère, grièvement blessé, a survécu.
Un café refuge, symbole de survie
Le café Al-Baqa, reconstruit à plusieurs reprises depuis octobre 2023, avait récemment rouvert grâce à une connexion Wi-Fi rétablie. Situé au sud de Gaza City, il servait de point de ralliement pour une population coupée du monde numérique, privée d’électricité et de stabilité. « Al-Baqa était un refuge. Il n’y a pas d’excuse. Ce n’est pas une cible militaire », accuse la journaliste Salma Kaddoumi, évoquant un « massacre délibéré ».
Une bombe de 230 kg, redoutable, conçue pour les objectifs importants
Les éléments retrouvés sur le site confirment l’usage d’une bombe MK 82 de 500 livres (environ 230 kg). Une munition redoutable, conçue pour des objectifs lourds – et manifestement inadaptée à une zone civile dense. Le cratère laissé sur place témoigne de la puissance de destruction. Des experts en armement dénoncent une frappe « disproportionnée », en contradiction avec les règles du droit international humanitaire.
Le leitmotiv de la cible des « membres du Hamas »
L’armée israélienne affirme avoir ciblé « des membres du Hamas » et dit avoir pris des « précautions » pour limiter les pertes civiles. Mais aucun ordre d’évacuation n’avait été émis pour cette zone. Aucun signe d’activité militaire n’y a été confirmé. Et aucune justification fournie à ce jour ne semble expliquer la décision de frapper un lieu aussi fréquenté, à une heure de grande affluence.
Le café incarnait une volonté de retour à la normalité
Cette attaque intervient dans un contexte d’intensification de l’offensive israélienne sur Gaza, entamée en octobre 2023 après l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël. Depuis, plus de 56 000 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils. La quasi-totalité des 2,3 millions d’habitants ont été déplacés. Le café Al-Baqa, partiellement reconstruit pendant la brève trêve hivernale, incarnait un mince retour à la normalité.
Un crime de guerre de plus
Des frappes similaires ont récemment visé des files d’attente pour la distribution de nourriture, des centres humanitaires, des immeubles abritant des civils. L’ONG Human Rights Watch appelle à une enquête internationale. « Si les éléments sont confirmés, il s’agit d’une attaque indiscriminée, potentiellement constitutive d’un crime de guerre », prévient l’avocat international Antoine Bernard.
A quel prix ?
Le drame du café Al-Baqa concentre toutes les failles de cette guerre urbaine : la densité de la population, l’effondrement des infrastructures, la confusion des cibles. Et il pose une question centrale : jusqu’où peut-on frapper, au nom de la sécurité ?
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