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Trois jours dans Gaza bombardée.

Photos publié le 10/02/2009 | par Katia Clarens

Katia Clarens, envoyée spéciale du Figaro et du Figaro-Magazine, est entrée dans Gaza pendant les bombardements israéliens. Elle raconte :


Katia Clarens, envoyée spéciale du Figaro, est entrée en 2009 dans Gaza pendant les bombardements israéliens. Photos :

17 janvier. Bande de Gaza. La colombe de la paix est morte
Tout le monde ou presque a évacué le quartier de Philadelphia, près de la frontière entre Gaza et l’Egypte et cible des bombardements israéliens. Assis devant sa porte un viel homme refuse pourtant de partir. Dans la maison où je me trouve, Mohammed, Iman et leurs enfants ont aussi refusé de partir. Ils n’ont, disent-ils, nulle part où aller. Ils ont mis tout l’argent dont ils disposaient dans la construction de leur maison.

Ce vieil homme refuse de quitter sa maison du quartier de Philadelphia à Rafah. Tout près de la frontière égyptienne, ce quartier est particulièrement ciblé par l’aviation israélienne. Au dessus de nos têtes, les F16, font à cet instant, un bruit assourdissant, lançant de nombreux missiles. Lui refuse d’évacuer les lieux. Il préfère, dit-il, mourir chez lui. Il prépare du café et écoute la radio.

Frappe israélienne près de la frontière égyptienne. A quelques centaines de mètre de la maison du vieux et de celle de Mohammed et Iman.
Visite du quartier de Philadelphia à Rafah, près de la frontière égyptienne, cible des frappes israéliennes qui continuent à pilonner le quartier.
Mohammed regarde passer les F16 au dessus de sa tête.

Une bombe de l’aviation israélienne frappe, à quelques centaines de mètres de la maison dans laquelle nous nous trouvons, le lieu que nous visitions une demi-heure auparavant. Nous décidons d’évacuer les lieux. Le vieux va rester.
Une bombe de l’aviation israélienne vient de frapper à quelques centaines de mètres de la maison de Mohammed et Iman qui décident finalement d’évacuer les lieux.

Dans les yeux de la mère et de l’enfant : la peur. Une bombe vient de frapper à quelques mètres du lieu que nous venons de quitter.

18 janvier. Quelques heures après le début du cessez-le-feu annoncé par Israël (effectif à partir du 18 janvier à 2h du matin) cet homme démonte, pour le récupérer, un robinet dans ce qui fût sa salle de bain.

Quelques heures après le début du cessez-le-feu annoncé par Israël (effectif à partir du 18 janvier à 2h du matin) ces jeunes gens empilent les matériaux de construction à même de resservir. Il s’agit pour l’heure de leur seule ressource. Toutes les frontières vers Gaza sont fermées depuis trois ans suite au blocus imposé par Israël après l’élection du Hamas en 2006.
Ces jeunes gens interpellent les soldats égyptiens : « Pourquoi nous fermez vous votre porte ? Ne sommes nous pas vos frères arabes ? »

Entrée d’un tunnel de contrebande bombardé. Ces tunnels sont le seul moyen de ravitaillement en marchandises courantes (chaussures, couches pour les enfants, tasses, papier toilette…) des gazaoui. Ils sont tenus par des hommes d’affaire palestiniens. Le Hamas utilise également des tunnels pour acheminer ses armes. Ces derniers ne sont cependant pas exposés au grand jour comme ceux des commerçants. Ils partent et arrivent de l’intérieur de certaines maisons.

Les bâches de plastiques qui s’étendent sur plusieurs kilomètres devant les motos sont l’entrée des tunnels de contrebande, seul moyen de survie de la population gazaoui après qu’Israël a imposé un embargo total depuis trois ans. Il y en a des centaines, qui longent la frontière de Gaza avec l’Egypte

19 janvier. Jabalya, dans le nord de Gaza. Ce quartier a été totalement dévasté par Tsahal.

Jabalya, dans le nord de Gaza. Ce quartier a été totalement dévasté par Tsahal. Cette vieille femme est assise sur les ruines de sa maison.
Hommes et femmes errent dans les ruines comme des fantômes.
Dans sa maison brisée, le four à pain de cette femme a été épargné, elle est venue en faire cuire pour sa famille. Pour les habitants, il ne reste que la prière.

Jabalya, dans le nord de Gaza. Ce quartier a été totalement dévasté par Tsahal. Ces jeunes gens ont récupéré ce qui pouvait l’être parmi les débris de leur maison.

Youssef, 4 ans, porte toujours sur son dos ce petit sac bleu, vide. Mais c’est tout ce qu’il a pu retrouver de ses affaires parmi les décombres de sa chambre. Son appartement de Gaza a été frappée par un tir de char israélien.
Paroles d’enfant, Youssef me lance : « Je veux détruire Israël parce qu’elle a détruit ma maison. » Chaque jour, la paix semble reculer un peu plus dans ce petit coin de monde. Mais je continue à espérer.

Texte et images de Katia Clarens.


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