Jean-Paul Mari présente :
Le site d'un amoureuxdu grand-reportage

Trump 2: une menace pour l’Afrique

publié le 31/01/2025 par Jean paul de Gaudemar

Donald Trump a marqué son retour au pouvoir par une avalanche de décrets, notamment envers les immigrés clandestins. Une posture raciste qui vise aussi l’Afrique


« Remboursez vos dettes ! »

Le sénateur républicain James Risch, proche allié de Trump et président de la commission des affaires étrangères du Sénat, incarne cette offensive. Il a lancé un avertissement sévère aux pays africains, en particulier au Ghana, qu’il accuse de mauvaise gestion de ses dettes. Depuis 2023, ce pays traverse une crise financière majeure, ayant nécessité l’intervention du FMI via un plan de sauvetage de 3 milliards de dollars. En janvier 2025, Risch s’est opposé à la libération d’une nouvelle tranche de ce plan, exigeant que les dettes contractées auprès d’entreprises américaines soient remboursées en priorité.

Ce discours reflète une politique américaine plus coercitive. Le sénateur justifie ses propos en invoquant les garanties offertes par l’agence américaine de coopération financière (US-DFC), qui expose les contribuables américains en cas de défaut africain. Ce message dépasse le Ghana et s’adresse à l’ensemble des pays africains ayant des encours de dettes auprès d’acteurs américains.

L’AGOA : un accord en sursis

Autre cible de l’administration Trump : l’AGOA, un accord crucial de libre-échange entre les États-Unis et une quarantaine de pays africains. Bien que son poids dans la balance commerciale américaine reste limité, il est vital pour les économies africaines, notamment pour l’exportation de produits textiles et agricoles.

Lors du sommet de Johannesburg en 2023, un consensus avait émergé pour prolonger l’accord au-delà de 2025, élargir la liste des produits échangeables et intégrer de nouveaux pays. Ces perspectives sont désormais remises en cause. Sous l’influence des Républicains, des élus souhaitent conditionner l’AGOA à des alignements géopolitiques favorables à Washington. L’Afrique du Sud, jugée trop proche de Moscou, pourrait en faire les frais.

Cette stratégie comporte des risques majeurs pour les États-Unis. En cas de retrait ou de restrictions, les pays africains pourraient renforcer leurs liens avec d’autres puissances, comme la Chine ou le bloc des BRICS. Ces derniers, déjà bien implantés en Afrique, offrent des alternatives financières et commerciales de plus en plus crédibles.

Le retrait des engagements climatiques


Dès son entrée en fonction, Trump a signé un décret retirant les États-Unis de l’accord de Paris. Ce retour à une politique de déni climatique affaiblit encore les mécanismes de solidarité internationale, pourtant cruciaux pour les pays en développement. Les dernières COP (Dubaï en 2023 et Bakou en 2024) avaient déjà mis en évidence le fossé entre les besoins financiers des pays pauvres et les sommes promises. Sur les 1 300 milliards de dollars demandés, seuls 300 milliards avaient été engagés.

L’Afrique, bien que peu responsable des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est l’un des continents les plus vulnérables aux dérèglements climatiques. La politique américaine, en coupant les fonds et en favorisant l’exploitation des hydrocarbures, aggrave encore les inégalités face aux impacts environnementaux.

Un pari risqué pour les États-Unis


La ligne dure de l’administration Trump pourrait se retourner contre les intérêts américains. En marginalisant l’Afrique, Washington risque de créer un vide que d’autres puissances, comme la Chine, sauront combler. Par ailleurs, les entreprises américaines, particulièrement dans les secteurs des technologies et des ressources naturelles, pourraient perdre un accès privilégié à des marchés stratégiques.

Le protectionnisme prôné par Trump renforce également le sentiment d’injustice en Afrique et pourrait entraîner une montée en puissance de la solidarité panafricaine. Les États africains, devenus experts dans l’art de faire jouer la concurrence entre grandes puissances, n’hésiteront pas à explorer des alternatives, notamment via les structures mises en place par les BRICS.

Si cette stratégie devait se poursuivre, les conséquences pourraient aller au-delà de l’Afrique. Une telle approche risquerait d’accélérer la montée en puissance de blocs alternatifs, alimentant ainsi une nouvelle guerre froide économique et géopolitique. Les États-Unis, en fermant des portes, pourraient se retrouver isolés sur la scène internationale, au détriment de leur propre influence.


Tous droits réservés "grands-reporters.com"