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Trump-Poutine, mêmes combats !

publié le 28/11/2024 par Pierre Feydel

Tous deux, égocentriques, gouvernent en solitaire, incarnent une pensée autoritaire et ultranationaliste. Méfiants envers la démocratie, ils privilégient la force au détriment du droit et de la vérité

Donald Trump n’a jamais caché l’estime qu’il porte au maître du Kremlin. De son côté, Vladimir Poutine considère Trump comme un interlocuteur plus accommodant que son prédécesseur. Ils auraient déjà discuté de la situation en Ukraine, bien que Moscou démente cette information. Par ailleurs, une rumeur persistante suggère que Trump pourrait être sous influence des services secrets ou de la mafia russes, sans qu’aucune preuve tangible n’ait été apportée jusqu’à présent.

Ce qui est manifeste, en revanche, ce sont les affinités idéologiques profondes entre les deux hommes. Tous deux incarnent une pensée autoritaire et ultranationaliste, marquée par une méfiance envers les institutions démocratiques et les droits fondamentaux. Ils privilégient la force au détriment du droit, se préoccupent peu de la vérité, et cherchent à imposer leur vision au monde. Égocentriques, ils gouvernent en solitaire, ne croyant qu’en eux-mêmes. Leur objectif ne semble pas tant de servir leur pays que de se servir de leur position pour satisfaire une insatiable soif de pouvoir.

Deux visions du monde apparemment opposées

Cependant, leur conception du rôle de leur pays sur la scène internationale diverge radicalement. Trump se veut isolationniste, prônant le retrait des États-Unis des grandes affaires internationales, tandis que Poutine adopte une posture impérialiste, cherchant à restaurer les frontières de l’empire russe, voire à rétablir une sphère d’influence comparable à celle de l’Union soviétique.

Ces dynamiques opposées, le repli américain et l’expansion russe, sont néanmoins motivées par un sentiment similaire : un nationalisme exacerbé, nourri par la détestation des autres nations, plutôt que par un véritable amour de la patrie.

Trump et Poutine partagent aussi un mépris profond pour l’Europe et ses valeurs : respect des droits humains, défense des droits des femmes, tolérance envers les minorités, primauté de l’État de droit, et engagement écologique. Pour eux, ces principes relèvent d’un « politiquement correct » honni, rejeté également par d’autres figures de l’extrême droite mondiale, telles que Javier Milei en Argentine ou Viktor Orbán en Hongrie, dont ils sont des mentors implicites.

Une morale religieuse au service du pouvoir

Tous deux se réclament d’une morale religieuse censée garantir les valeurs familiales et nationales. Trump est soutenu par les évangéliques américains, qui rejettent la science, condamnent l’avortement, et voient en lui une figure messianique. De son côté, Poutine bénéficie du soutien de l’Église orthodoxe russe, une institution historiquement soumise au pouvoir politique, actuellement dirigée par le patriarche Kirill, ancien agent du KGB et figure controversée.

Mais ces leaders croient-ils réellement en quelque chose ? Probablement en la seule force brute. Chez Poutine, cette force se manifeste par la violence armée et la menace nucléaire, qu’il brandit régulièrement. Chez Trump, elle prend la forme de pressions économiques, exercées au moyen d’un chantage systématique : « Payez, ou je vous abandonne — ou pire, je vous ruine. » L’augmentation des droits de douane sous sa présidence a déclenché une véritable guerre économique aux conséquences désastreuses.

Un autoritarisme commun, des alliances impossibles

Deux hommes à l’autoritarisme sans partage : Trump comme Poutine détestent le débat et ne supportent pas la critique. L’un comme l’autre sont obsédés par la loyauté de leurs collaborateurs, signe d’une paranoïa latente qui les incite à en changer souvent, quitte, parfois, dans le cas russe, à les éliminer physiquement. L’un dirige une démocratie malade, l’autre est à la tête d’une dictature où l’on vote pour rire. Malgré tout ce qui les rapproche sur le plan des idées et parfois des comportements, ils ne s’allieront jamais. Ils peuvent se comprendre, certainement pas s’entendre. Ils sont capables d’afficher une certaine complicité, mais jamais ils n’oublieront leur intérêt propre.

La puissances et l’intérêt avant l’idéologie

D’autant qu’ils ne sauraient oublier qu’un troisième larron, qui pourrait partager leur détestation des valeurs occidentales, le Chinois Xi Jinping, les a sérieusement à l’œil. Trump pour le combattre, Poutine pour mieux l’asservir. Et celui-là est, pour eux, un juge de paix militaire ou autrement économique redoutable que l’Europe affaiblie. Parce qu’après tout, la géopolitique est toujours plus forte que l’idéologie.


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