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1993. World Trade Center. Enquête. Chronique d’un (premier) attentat annoncé.

publié le 09/09/2021 | par Jean-Paul Mari

1993
– 26 février: États-Unis – Un attentat à l’explosif au World Trade Center de New York fait six morts et un millier de blessés.


De la fumée noire, des vitres brisées, la peur, des américains choqués…
Oui, il s’agit d’un attentat au World Trade Center; non, ce n’était pas en septembre dernier mais en février 1993.

Un film, réalisé en 2001, enquête sur l’activité des islamistes aux États-Unis, est un constat simple et spectaculaire : les Américains sont des autistes coupés du monde extérieur, sourds et muets. Les attentats étaient prévus, annoncés par les islamistes.

Et les services américains n’ont rien vu. Parce qu’ils n’ont pas voulu voir. Bref rappel historique : la CIA a dépensé trois milliards de dollars pour soutenir, via le Pakistan, les « combattants de la liberté », entendez ceux qui luttent en Afghanistan contre le démon rouge communiste. « C’est l’opération secrète la plus réussie que nous ayons jamais fait » dit Charles Cogan, un ancien de la Cia.

Une fois les Soviétiques partis, les combattants de Dieu se sont retournés contre l’Occident : « Je ne pense qu’on doive s’excuser » poursuit tranquillement l’homme de la Cia, « ce qui s’est passé après… s’est passé après. » ! Après ? Abdullah Azzam, intégriste musulman, déclare en public : « Après l’Afghanistan, rien dans le monde ne nous est impossible. Il n’y a plus de superpuissance qui puisse s’opposer à Dieu. »

Son organisation ouvre un bureau « Al Kifah refugee center » avec un papier à en-tête en arabe qui dit : « Bureau de services pour les combattants de la Guerre Sainte ». Et les américains lui donnent de l’argent. Azzam proclame : « Le monde est

dirigé par la juiverie internationale et les Chrétiens, avec derrière eux les Américains, les Anglais et leurs médias. » Et les Américains lui donnent plus d’argent. Les Islamistes installent leurs bureaux aux quatre coins de l’Amérique, ils recueillent ouvertement des montagnes de dollars, font leur propagande, distribuent leurs vidéos, organisent des congrès et proclament la guerre à l’Occident.

Extraits filmés : Kansas, 1988, « La seule politique que nous connaissons est celle du pan, pan, pan ! Nous résoudrons nos problèmes dans les tranchées. Djihad ! » Abdullah Azzam à Brooklyn en 1988 : « Il faut passer de la pierre à l’Uzi, le RPG, le canon, pour obtenir la victoire de Dieu ! »

Même chose au Texas, à Washington, à Détroit, en Floride… et les Américains exemptent d’impôts ces « sociétés charitables». Les cheiks encouragent publiquement leur assistance à s’entraîner à l’arme automatique et les fidèles vont, chaque week-end, tirer des milliers de balles dans des stands de tir. On organise des camps de vacances d’été pour apprendre aux gamins comment aimer Dieu et haïr les juifs.

Un intégriste musulman abat un juif extrémiste, Meir Kahane. Perquisition. On trouve quarante-sept mallettes de documents. Les super-flics du FBI pensent qu’il s’agit d’écrits religieux. Plus tard, on comprendra que les dessins sont des formules chimiques pour fabriquer des bombes, des listes d’objectifs, des instructions claires : « Nous devons démoraliser les ennemis de Dieu par les moyens tels que détruire et souffler les tours qui constituent les piliers de leur civilisation comme les grands buildings et les attractions touristiques dont ils sont si fiers. »

Réaction du FBI : « Nous avions ces infos, elles étaient là, on ne les a pas vus. Désolé. » Quand le Cheikh aveugle et fanatique Omar Rahman débarque à New York, la Djihad peut commencer. Les USA deviennent le lieu de congrès qui réunissent les chefs intégristes islamiques venus d’Egypte, du Liban, de Palestine, d’Algérie, de Tunisie, de Jordanie… où on crie Allah Akbar en annonçant un attentat terroriste, où les militants demandent sous quelles conditions on peut tuer ou torturer un collaborateur, où des hommes cagoulés, porteurs de bannières islamiques et de revolvers dansent devant les caméras.

Pas en Afghanistan ; au cœur des Etats-Unis. Le World Trade Center 93 était annoncé, crié, proclamé. Le film le montre clairement. Et le journaliste le répète dans son plateau final, réalisé au pied…des tours du World Trade Center encore intactes. Nous sommes en 1994. C’était il y a sept ans !

Jean Paul Mari

1993 : Premier attentat du World Trade Center.

Le 26 février 1993, un commando gare un minibus rempli d’une demie tonne d’explosifs dans un parking situé sous le World Trade Center. L’explosion creuse un énorme cratère, bloque les ascenseurs, déclenche un début d’incendie et fait « seulement » six morts et plus de mille blessés.

Au grand regret de son instigateur, Ramzi Yousef qui avait prévu, à l’origine, de faire sauter des avions de lignes américaines, en s’attaquant en particulier à United Airline. Ramzi Yousef, de son vrai nom Abdou-Basit Balochi, né au Koweit d’une père pakistanais et d’une mère palestinienne, est lié au cheik aveugle Omar Abdel Rahman qui dirigeait une mosquée d’extrémistes dans le New Jersey.

Capturé deux ans plus tard au Pakistan, Ramzi Yousef est extradé vers les USA et jugé en 1998 : « Oui, je suis un terroriste et j’en suis fier. Aussi longtemps qu’il est dirigé contre les Etats-Unis. » lance-t-il au tribunal au cours de son procès.

L’intégriste musulman, qui se dit proche des rebelles afghans, sera condamné avec quatre autres militants à 240 années de prison. Il est aujourd’hui enfermé à vie dans le quartier de haute sécurité de la prison de Florence au Colorado dans une cellule sans fenêtre, isolé du monde.

 

Publié en octobre 2001


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