4/ Corée du Nord : Kim Yo-Jong, la mystérieuse sœur du dictateur
La sœur de Kim Jong-Un s’exprime avec la même violence que son frère. Elle pourrait lui succéder
C’est l’une des porte-paroles les plus importantes du régime nord-coréen. Le 12 octobre dernier, elle a menacé la Corée du Sud d’un « horrible désastre » si ce pays continuait à viser le sien avec des drones chargés de propagande hostile. Depuis des années, les Sud-Coréens envoient en effet vers le nord des ballons contenant des tracts et des dollars américains. En retour, Pyongyang a également envoyé des ballons, chargés de déchets, en direction du Sud. Une guéguerre, certes ancienne et dérisoire en comparaison de la menace nucléaire que le Nord entretient, alors que la tension entre les deux pays est à son comble. Plus intéressante encore est la personnalité de la porte-parole du Nord, Kim Yo-Jong, la propre sœur du dictateur Kim Jong-Un.
Elle a traité Barack Obama de « méchant singe noir »
La Corée du Nord est le seul régime communiste dynastique au monde. La mystérieuse sœur du dictateur intrigue d’autant plus que des rumeurs la désignent comme sa successeure potentielle. Cette jeune femme de 37 ans, au discours particulièrement agressif et souvent insultant envers les dirigeants sud-coréens et américains – elle a, entre autres, qualifié Barack Obama de « méchant singe noir » – ne se distingue de son frère imposant que par sa silhouette élancée. Son discours agressif reflète presque parfaitement celui du président, secrétaire général du Parti du travail de Corée, commandant suprême de l’Armée populaire et président de la Commission des affaires de l’État.
Elle appartient à la troisième génération de la dynastie. Fille de Kim Jong-Il, qui succéda lui-même à Kim Il-Sung, elle revendique un lien avec la légendaire lignée du Mont Paektu, ce volcan sacré, point culminant de la Corée, présenté comme le lieu de résistance à l’occupation japonaise. C’est là que son grand-père forgea sa légende, même si certains avancent que Kim Il-Sung passa en réalité une grande partie de la guerre en exil, combattant les troupes japonaises… depuis la Chine. Qu’importe la vérité historique, les Kim maintiennent leur emprise sur la Corée du Nord grâce à un régime de fer, mariant idéologie nationale et communisme.
Son père l’appelait « la douce-douce Yo-Jong »
L’apparition de Kim Yo-Jong sur la scène diplomatique internationale avait pu faire croire un temps à une inflexion vers une détente de la politique étrangère du régime. Celle que son père appelait « la douce-douce Yo-Jong » ou encore « princesse Yo-Jong » a été vue dans plusieurs manifestations officielles dès 2011. En février 2018, elle représentait Kim Jong-Un aux Jeux olympiques d’hiver en Corée du Sud, devenant ainsi le premier membre de la dynastie à se rendre au Sud depuis la guerre de 1953. En avril de la même année, elle accompagnait son frère lors de la signature de la déclaration de Panmunjom, qui scellait la réconciliation intercoréenne. L’année suivante, elle était présente lors des rencontres entre Pyongyang et le président chinois Xi Jinping.
Une figure de la ligne dure
Désormais, elle est en pleine lumière : dans son tailleur gris, sans maquillage, les cheveux séparés par une raie stricte, elle apparaît peu souriante. Mais déjà, les relations Nord-Sud se détériorent. Les sanctions se multiplient contre un pays qui poursuit son programme nucléaire militaire. L’affabilité de Yo-Jong laisse place à une partisane féroce de la ligne dure, annonçant même le dynamitage du bureau de liaison intercoréen de Kaesong. Sa loyauté envers son frère est totale ; ils ont vécu ensemble pendant quatre ans dans un pensionnat suisse, où elle aurait notamment suivi des cours de danse. Elle aurait également fréquenté des universités européennes (y compris en France), bien sûr sous une fausse identité.
Un personnage craint, perçu comme cruel
Elle est mariée à Choe Song, membre éminent de la nomenklatura et vice-président de la toute-puissante Commission des affaires de l’État, à laquelle Kim Yo-Jong appartient également. Elle aurait deux enfants, mais on sait peu de choses sur ses goûts ou sa vie personnelle. Son titre officiel de directrice adjointe du Département de la propagande et de l’agitation du parti ne reflète sans doute pas l’étendue de son pouvoir réel. Elle est bien plus qu’une conseillère influente de son frère, au point que certains envisagent qu’elle pourrait lui succéder. Sa toute-puissance fait d’elle un personnage craint, perçu comme cruel. Peut-être sa véritable personnalité se révélera-t-elle : celle d’une impitoyable femme de pouvoir.
A suivre…
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