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Édito. Trauma reporters. « Appel pour une action urgente », par Emmanuel Reau.

Edito publié le 03/02/2023 | par grands-reporters

Emmanuel Reau, réalisateur reconnu de nombreux documentaires, est frappé depuis deux ans par un  SPT, syndrome post traumatique ( ou PTSD).

Convalescent, il alerte sur un mal grave et fréquent qu’il est possible d’éviter à toutes les équipes de reportage qui partent aujourd’hui couvrir des zones de guerre, comme l’Ukraine, ou des évènements où les risques d’agressions sont possibles. Un véritable fléau qui fait des ravages parmi les reporters de guerre et les pousse au suicide, à la désocialisation ou à l’abandon de leur métier. Une blessure psychique, et pas une maladie psychique, qui peut et doit être pris en compte et être soignée.

Lettre ouverte pour une urgente prise de conscience collective et appel aux plus hautes autorités de l’état.

«  » »

Après avoir vu beaucoup d’anciens disparaître suite à des reportages tendus
sans vraiment en avoir compris les raisons, il me paraît important d’agir
pour protéger la nouvelle génération.

Certains partent encore en Ukraine sans assurance guerre et comme souvent,
de nombreuses sociétés de production ou agences ne respectent pas la
réglementation qui leur impose d’envoyer leurs équipes en consultation à la
médecine du travail et de remplir des déclarations d’accident du travail à
CHAQUE retour de zones dangereuses ou d’agressions.

En voyant les images de mes jeunes confrères de BFM, de Quotidien, et bien
d’autres, confrontés à l’horreur ou à l’effroi en Ukraine, j’ai eu besoin
d’alerter sur un risque qu’il est largement possible d’éviter.

En PJ, vous trouverez un courrier adressé à trois ministres et différents
organismes professionnels. J’entame cette démarche avec le soutien
d’associations de blessés qui ont été ma bouée de sauvetage. Le SNJ, RSF, la
GARRD, la CGTSNJ, la SCAM et l’USPA ont déjà répondu. De nombreux confrères
et consœurs également.

Nous sommes journalistes, réalisateurs de reportages et de documentaires,
caméramen, ingénieurs du son et appartenons, ou non, à des organisations
syndicales et/ou professionnelles très différentes.

Nous savons depuis longtemps que les reporters de guerre et les victimes
d’agressions dans notre métier sont potentiellement impactés par un PTSD, il
est urgent d’agir.

AFP

«Je n¹ai jamais vu un reporter de guerre sans aucun symptôme», affirme le
professeur Anthony Feinstein, du département de psychiatrie de l¹Université
de Toronto. Directeur de plusieurs études menées sur des centaines de
journalistes, il estime qu¹à l¹instar des soldats, les reporters exposés aux
combats n¹échappent pas à leur retour à des troubles de stress
post-traumatique ou PTSD (Post traumatic stress disorders), voire à des
dépressions de degrés divers.

Il existe des solutions. Mais très peu de professionnels sont informés. Il y
a un vrai manque de sensibilisation et d’informations sur le sujet. RSF, les
rédactions de FRTV, TF1 et l’AFP ont mis en place des embryons de
sensibilisation, de suivi et de soins qu’il est possible d’adapter et
d’élargir à l’ensemble de la profession.

Notre ambition est de bâtir une association. En lien avec l¹ensemble des
représentations syndicales et professionnelles du monde des médias, cette
structure pourrait être un point d¹accueil, de contact, d’information,
d¹orientation et de soutien pour les journalistes, réalisateurs, cameramen,
ingénieurs du son confrontés régulièrement à l’effroi et l’horreur.

Le PTSD fait partie intégrante de notre métier, il ne peut plus ne pas être
pris en compte par l¹État et l¹ensemble de la profession. Je n¹oublie pas
nos anciens qui doivent aussi pouvoir bénéficier de suivi et de prise en
charge.

Notre but, obtenir, avec l’ensemble de la profession, que l¹État mette en
place un fond pérenne pour traiter ce problème. » »

 

 

Contact:    emmanuel.reau@free.fr

 

 


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