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Edito: Pourquoi un tel silence face à la situation en Israël ?

Edito publié le 28/07/2023 | par grands-reporters

La classe politique et les médias en France sont particulièrement discrets sur les dérives que connait le gouvernement israélien,

par  Agnès Levallois

Vice-présidente de l’IREMO ( Institut de Recherche et d’Etudes Méditerranéenne et du Moyen-Orient )

Composé de membres de l’extrême droite et des colons, ils n’ont de cesse de remettre en question la nature de l’État israélien voulant le façonner selon leur idéologie raciste et coloniale. À titre d’exemple, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, participant, en mars dernier, à une soirée de gala à l’invitation d’une association française juive proche de l’extrême droite, a déclaré : « Le peuple palestinien est une invention de moins de cent ans. Est-ce qu’ils ont une histoire, une culture ? Non, ils n’en ont pas. Il n’y a pas de Palestiniens, il y a juste des Arabes. »

Il n’a pas été reçu par les autorités françaises lors de son séjour parisien en raison des propos sulfureux qu’il tient régulièrement. Mais au-delà de ce personnage, c’est la nature même du gouvernement qui devrait faire réagir et ne pas se contenter de déplorer les propos de certains de ses représentants.

À ce titre, le communiqué publié à l’issue de la rencontre entre la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna et son homologue israélien le 19 juillet évoque la crise en Iran, la guerre en Ukraine et pas un mot sur les violences dans les territoires occupés palestiniens alors qu’une offensive de l’armée israélienne contre le camp palestinien de Jenine avait fait, quelques jours auparavant, 12 morts et 118 blessés en deux jours.

Critiquer Israël et être antisioniste revient par un raccourci saisissant à être qualifié d’antisémite. Une résolution a été adoptée en novembre 2019 par une majorité à l’Assemblée nationale ajoutant l’antisionisme à la définition de l’antisémitisme selon la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).

Cet amalgame est sciemment entretenu par ceux qui considèrent que la Palestine est une cause perdue et qui au nom de la lutte contre le terrorisme justifie coûte que coûte le soutien à l’État d’Israël. La dérive à laquelle nous assistons est profondément inquiétante, car la seule ligne qu’il faille tenir est celle du respect du droit international, quelles que soit les sympathies ou antipathies pour tel ou tel camp.

Or, le droit international est bafoué par Israël depuis des décennies et son respect n’est plus jamais évoqué alors qu’il est convoqué, à juste titre dans d’autres conflits. Plus grave encore, l’équipe au pouvoir en Israël le remet en cause réclamant l’annexion des territoires palestiniens et justifiant les descentes de colons armés dans les villages palestiniens sans réaction de l’armée.

L’absence ou la timidité des réactions relève une lâcheté, une gêne de critiquer ce pays longtemps qualifié de seule démocratie au Moyen-Orient, la peur ou un soutien affirmé à Israël. Jusqu’à quand ce silence ou pire cette indifférence vont-ils durer ?


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