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 Georgie. Marjorie Taylor Greene, la «Cruella d’enfer» 

publié le 18/11/2024 par Pierre Feydel

Plus trumpiste que Trump, raciste, islamophobe, antisémite, homophobe, complotiste, et anti-démocratique, elle vient d’être confortablement réélue.

Elle a gagné en 2024, comme en 2020. Marjorie Taylor Greene a été réélue dans le 14ᵉ district de l’État de Géorgie, à la Chambre des représentants des États-Unis, portée par le raz de marée trumpiste. Il est vrai que cette circonscription est l’une des plus républicaines du pays : jamais un démocrate n’a pu y dépasser 30 % des voix. Sa victoire est donc sans surprise dans une région où aucune outrance d’extrême droite n’indigne plus personne. 

Dans le domaine de l’hyperbole raciste, islamophobe, antisémite, homophobe, complotiste et anti-démocratique, Marjorie est une championne. Au point qu’elle parvient même à effrayer certains membres de son propre camp. Elle est d’ailleurs, au Congrès, membre du Freedom Caucus, qui rassemble la droite de la droite républicaine. Une sorte de concentré d’extrémisme dans lequel elle s’épanouit. 

 Seuls trouvent grâce à ses yeux les Blancs ultra-conservateurs et les chrétiens nationalistes 

Cette blonde de 50 ans, mère de trois enfants, divorcée, fille d’un entrepreneur du BTP qui lui avait vendu sa société, fréquente Brian Glenn, directeur de la programmation de « Right Side Broadcasting », un média ultra-conservateur. On l’imagine mal en couple avec quelqu’un qui ne partagerait pas ses idées. Seuls trouvent grâce à ses yeux les Blancs ultra-conservateurs et les chrétiens nationalistes, qui constituent la masse des électeurs de Trump et du mouvement MAGA (Make America Great Again). On ne lui connaît qu’une rare attitude de compromis : en janvier 2023, elle a soutenu Kevin McCarthy comme président de la Chambre des représentants, un républicain traditionnel somme toute modéré. 

 Surnommée « Cruella d’enfer » ou « Marjo la dingo » 

Était-elle en train de se ranger ? Pas du tout. En fait, elle a passé un « deal » à la Trump. Car aussitôt, elle obtient un siège à la très convoitée Commission de la sécurité intérieure, où elle a eu accès à des informations classifiées. Une grande inconséquence que de permettre à une personnalité pro-Poutine, irresponsable et complotiste, d’accéder à de telles données. Cette pétroleuse a à peu près tout proféré en matière de fake news, d’insultes ou de menaces à l’égard de ceux qui ne lui plaisent pas. Et ils sont nombreux. « MTG », surnommée aussi « Cruella d’enfer », leur promet toutes sortes de punitions, sur fond d’élucubrations complotistes. 

 Une complotiste en béton armé! 

Bien sûr, en 2020, l’élection de Trump lui a été « volée ». Mais ça, c’est une fake news de base. Selon elle, le 11 septembre 2001, « aucun avion n’a percuté le Pentagone ». La fusillade dans une école de Parkland, en Floride, qui a fait 17 morts, serait un coup monté contre les détracteurs du port libre des armes à feu. Les incendies de Californie auraient été déclenchés par des rayons solaires captés par la société Solaren, instrument d’un complot juif. L’État fédéral utiliserait des techniques de contrôle du climat pour provoquer des ouragans.  Enfin, le réseau QAnon, qui prétend que des élites américaines pédophiles organisent un trafic d’enfants, mériterait d’être pris au sérieux. On se perd dans ce fatras d’absurdités. 

 Gaspacho pour Gestapo, goulash pour goulag… 

Marjorie ne lésine sur aucune insulte, aucune menace. Elle a traité le milliardaire juif George Soros, qui a échappé de peu à la déportation, de « nazi » et comparé le président Biden à Hitler. Elle peut être à la fois confuse et stupide, démontrant une inculture remarquable. Un jour, voulant dénoncer les pratiques soi-disant autoritaires de Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, elle parle de « gaspacho » au lieu de « Gestapo ». Les internautes se régalent. D’autant qu’elle récidive lorsqu’elle craint que les opposants aux démocrates soient voués au « goulash » au lieu du « goulag ». 

Mais il y a plus grave : l’élue républicaine menace de pendre les démocrates, promet « une balle dans la tête » à Nancy Pelosi. Elle tourne des vidéos où elle s’exhibe en hélicoptère, fusil d’assaut à l’épaule. Les caciques républicains s’étranglent et tentent de la calmer. L’ex-président républicain du Sénat, Mitch McConnell, l’a traitée de « cancer ». Twitter l’avait exclue, mais « X », sous la direction d’Elon Musk, l’a restaurée. Et Trump a chanté ses louanges.  Provocation ou conviction ? Reste un mystère : « Marjo la dingo » fait-elle de la provocation ou croit-elle sincèrement ce qu’elle raconte ?


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