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Haïti : Tous contre «Titid»

publié le 14/09/2006 par Jean-Paul Mari

Prêtre des quartiers pauvres, élu des bidonvilles, chassé du pouvoir par un coup d’Etat en 1990, Jean-Bertrand Aristide avait été acclamé à son retour d’exil comme un sauveur et réinstallé à la présidence par un corps expéditionnaire américain. Le voilà aujourd’hui au pouvoir, brutal, corrompu, haï par ceux qui l’adoraient et qui ne voient plus de salut hors du départ du « père » indigne…


C’est une révolte où tout se mêle, les gueux, les voyous et les purs. Ailleurs, ce serait une simple jacquerie; ici, c’est un volcan au centre d’une île nue. Ailleurs, on rirait de ces quelques centaines de gladiateurs noirs aux pieds nus armés, au mieux, de vieux colts, de quelques M-16, de mousquetons d’avant-guerre et de machettes, guerriers protégés par un simulacre de gilet pare-balles en mousse.

Mais à Port-au-Prince, on pointe avec inquiétude, sur la carte, les ports et les préfectures qui tombent l’un après l’autre entre les mains des insurgés. Ailleurs, on aurait envoyé la troupe; mais ici, c’est Haïti. Des villes qui ressemblent à des bidonvilles, des bidonvilles qui ne ressemblent à rien, des rues où l’on danse pieds nus sur la crête solidifiée de montagnes d’ordures, la misère comme une absence de pain quotidien, un taux de croissance conjugué à l’envers, des taxis camionnettes, les tap-tap, qui promènent sur leur flanc une inscription «La vie ne vaut rien» et la preuve matérielle que Dieu est sourd puisqu’on l’invoque sans cesse, partout, à genoux et qu’il ne répond jamais.

Sous soi, une terre sans eau, craquelée ou emportée par l’orage à raison de 20 000 ton-nes l’an; au-dessus, un soleil qui ne brille pas mais qui aveugle, écrase, vous brûle jusqu’à l’os; une mer, miroir impitoyable de la lumière; les montagnes de l’Artibonite découpées au scalpel de l’érosion, pâles le matin, livides à midi, violacées le soir, au profil dur et coupant comme le fil d’un rasoir.

Parfois, comme pour rendre le contraste plus cruel encore, apparaît une rivière au creux d’une vallée, un bout de terrain arrosé et l’explosion de verdure d’une rizière. A peine le temps de cligner des yeux devant ce rêve asiatique et la route redevient craie, poussière blanche, effaçant le mirage d’un autre pays possible. Haïti a un faux air de paradis des Caraïbes transformé en enfer noir, un crève-coeur de l’humanité.

Ici, tout se transforme, en mal. Prenez Aristide, prêtre des quartiers pauvres, adepte de la Théologie de la Libération, élu des bidonvilles, président renversé, exilé trois ans, acclamé à son retour comme le sauveur du monde. Le voilà aujourd’hui au pouvoir, brutal, corrompu, prédateur insensible aux cris de souffrance de son peuple, haï par ceux qui l’adoraient et qui ne voient plus de salut hors du départ du « père » indigne.

La terre trop ingrate, le soleil trop dur, le cauchemar des milices populaires, dites «chimères», le saint président devenu démon: Haïti a inventé l’antipierre philosophale, celle qui transmute l’or en plomb. Aujourd’hui, Gonaïves, Cap-Haïtien, la moitié nord du pays, de la mer à la frontière dominicaine, sont aux mains de la rébellion armée. Le régime vacille, les bourgeois créoles tremblent, les démocrates sont partagés, les Noirs divisés, les commissariats en feu, le pays en sang. Port-au-Prince se prépare à l’assaut et Washington s’inquiète.

Quand – cette fois – tout cela a-t-il commencé? Ah oui. Sans doute ce petit matin du 22 septembre dernier, quand on a retrouvé le cadavre d’Amiot, jeté comme un chien au bord de la route numéro 1, tout près de Saint-Marc et bien loin de son fief des Gonaïves. Il avait le corps criblé de balles, les yeux crevés, la poitrine ouverte et le coeur arraché. Histoire de lui ôter sa force et son pouvoir, même après sa mort, sur ses hommes de l’Armée cannibale.

Amiot n’était pas un ange. A Gonaïves, on le surnommait «le Cubain» à cause de sa peau cuivrée, de son goût pour la langue espagnole et la fête. Sur chaque cargo qui entrait dans le port des Gonaïves, chaque voiture neuve qui en descendait, chaque denrée de valeur, il touchait sa dîme. En contrepartie de ce racket, le pouvoir demandait à l’Armée cannibale de réduire les opposants au silence, définitif si nécessaire.

Avec le temps, Amiot Métayer, fidèle soudard d’Aristide et chef de bande du quartier très populaire de Raboteau, s’était converti en notable du parti Lavallas – celui d’Aristide – qui nommait le commissaire, le délégué du gouvernement et régnait sur la troisième ville du pays. Aussi, le 17 septembre 2001, quand Amiot reçoit un coup de téléphone du palais à Port-au-Prince parlant d’une «tentative de coup d’Etat», il sait que Titid va encore faire appel à ses services.

Le président se déclare en danger, lui fait parvenir des armes et lui demande de lancer la «chasse aux comploteurs», en clair, de briser les reins de l’opposition. A Gonaïves, plus personne, civil ou religieux, n’est à l’abri: le pasteur Luc Mésadié, du Mouvement chrétien national, est massacré chez lui, avec son garde du corps, et sa maison est incendiée.

C’en est trop. L’opposition crie au coup d’Etat monté, l’Organisation des Etats américains (OEA) s’émeut, demande l’arrestation des criminels et Aristide doit lâcher du lest. Il finit par faire arrêter Amiot Métayer. A Raboteau, son fief, c’est l’émeute. Le 2 août 2003, un gros bulldozer, suivi d’une foule de ses partisans, abat les murs de la prison et Amiot est libéré.

Le 20 septembre, un envoyé de Port-au-Prince vient lui tendre un piège en forme de gros chèque présidentiel. De Miami, par téléphone, son frère, Butteur, lui crie de ne pas quitter le quartier. En vain. Amiot suit l’émissaire pour encaisser l’argent. On le retrouvera le nez dans la poussière, lâché, arrêté, assassiné et mutilé par celui qui l’avait employé.

Du coup, l’Armée cannibale entre en guerre contre Aristide, son ancien maître. Pour briser la résistance, le président Aristide envoie ses terribles « chimères ». Maisons mitraillées, incen-diées, arrestations, bastonnades en pleine rue, vols, viols, tortures et assassinats… Gonaïves devient un champ de bataille. Les « chimères » défoncent à la pelle mécanique la maison d’Amiot et criblent de balles le mausolée blanc érigé à sa mémoire.

Plus personne n’ose sortir après 6 heures du soir.. «Je ne prenais plus ma voiture de peur de me faire emmener au poste, frapper et racketter», dit Martelli Lodimus, agent maritime. On fait un grand détour pour éviter le commissariat et ne pas entendre les cris, à l’intérieur, des suspects matraqués, torturés à l’électricité ou soumis au goutte à goutte d’une bouteille de plastique enflammée: «J’ai vu arriver un homme après un interrogatoire, dit Sénat, infirmier à la Croix-Rouge, j’ai vu son dos brûlé par le plastique fondu. C’était affreux.»

Après quatre mois de terreur et plus de 150 morts, comment s’étonner que la population exulte quand le commissariat est pris d’assaut, le 5 février dernier, par les hommes de l’Armée cannibale, rebaptisée «Front de résistance révolutionnaire de l’Artibonite»! A leur tête, Butteur Métayer, frère d’Amiot, colosse au crâne rasé, toujours une arme ou une bouteille de rhum à la main, et Ti Will, le chef militaire de Raboteau, le corps rond et la tête tressée de dreadlocks, armurier et fils d’armurier, spécialiste de la confection d’engins de guerre «créoles», fusils ou lance-grenades artisanaux. Quelques heures plus tard, le commissariat est en flammes, l’assaut a fait onze morts dont le chef de la police, achevé par les assaillants.

Que fait l’armée? Rien, elle n’existe plus, dissoute par un Aristide obsédé par la peur du coup d’Etat. Et la police? Elle est là mais ne répond plus, marginalisée, corrompue et divisée. Le président préfère s’accrocher à ses « chimères », jeunes des bidonvilles de Cité Soleil qu’on paie cinq dollars par jour, un sac de riz et parfois un joint pour aller jouer les casseurs de manifestations ou d’opposants. Par souci de discrétion, certains de ces militants-voyous viennent d’être intégrés dans la police, un corps surnommé la «quatorzième promotion».

Avec ces flics de choc, le palais organise un raid de représailles sur Gonaïves, dix-huit 4×4 flambant neufs, quatre-vingts combattants qui se ruent vers le nord. Ti Will, l’armurier de choc, les laisse entrer jusqu’au coeur de la ville. Puis il les fait massacrer: vingt-sept blessés, quinze morts dont l’un, encerclé par les machettes de la populace, préfère se suicider. Le gang de Raboteau a vaincu le gang du président et Gonaïves est aussitôt déclarée «ville libérée».

Aujourd’hui, un gros conteneur et quelques fusils barrent l’accès de la route vers Port-au-Prince. Les rues de la capitale du Nord-Est, peuplée de 200 000 habitants, ont des airs de lendemain d’émeute. On slalome en Mobylette entre les voitures calcinées, les essieux de camion, les blocs de rochers et les pneus brûlés qui barrent la moindre rue de Gonaïves.

L’ordure est partout; sur le sol, en petits tas qui se consument; dans l’air, dans la fumée âcre et poisseuse; aux carrefours, où de gros blocs compacts dessinent des ronds-points qui respectent le sens giratoire; près du port, devant le magasin L’Espérance Pot-Pourri, où une vieille femme courbée et un gros cochon noir affalé fouillent méthodiquement la même décharge.

A l’entrée de Raboteau, on a réinstallé le buste d’Amiot le martyr, entre une corbeille rituelle vaudou et les drapeaux d’Haïti, de la France et de l’Onu. On se croise, les doigts faisant le V de la victoire, en échangeant le mot de ralliement, «Prise de conscience!», et, le soir venu, on allume un grand boucan, signal de départ d’une manifestation au pas de course dansé, façon Soweto et Rio: «Aristide en allé!» Ailleurs, la ville est calme, parcourue par des patrouilles en 4×4 et des hommes du Front, armés, masques à gaz lacrymogène sur la tête et menottes sur la poitrine.

La «base», le QG du Front, est installée au bord de l’eau, dans une cabane en bois d’un étage entourée d’une palissade de tôle ondulée. Devant, on a dressé les trois statues en bronze de héros de l’Indépendance, Pétion, Christophe, Toussaint l’Ouverture, arrachées de leur socle sur la place d’Armes. Ici, tout le monde sait qu’Aristide les avait fait ériger en triangle isocèle autour du monument à la gloire de Dessalines, pratique vaudou destinée à capturer l’esprit et la force du libérateur d’Haïti.

Une fois les statues arrachées et le plan déjoué, la foule a commencé à creuser sous les socles, persuadée d’y trouver les ossements témoins de sacrifices humains. Désormais, devant la cabane de tôle de la «base», les trois statues des libérateurs veillent à l’esprit du Front de l’Artibonite rebaptisé «Front de Résistance nationale».

A l’intérieur de la «base», ils sont presque tous là, ce matin, les quatre dirigeants de l’insurrection armée qui font reculer chaque jour un peu plus les limites du pouvoir central. D’abord, Butteur Métayer, bien sûr, le nouveau chef de Raboteau où tout a commencé. Butteur, 33 ans, adepte du vaudou, bon vivant, qu’il vaut mieux rencontrer tôt le matin à cause de cette fâcheuse habitude de vous accueillir avec une bouteille de rhum brun Barbancourt dont il arrose le sol – pour faire boire les ancêtres. Butteur, qui a parfois un grand coup de tristesse en évoquant la mort de son frère aîné et sa mutilation rituelle: «Ah! Si Amiot avait gardé ses yeux. Tout serait déjà terminé!»

Et puis il y a Guy Philippe, le commandant en chef militaire de l’insurrection. Un homme étonnant, mince, 35 ans, maniant sans difficulté le français, l’anglais et l’espagnol, un sourire juvénile et une assurance en béton armé: «Nous avons des hommes à nous dans les mairies, les ministères et même au sein du Palais national. Port-au-Prince tombera avant la fin du mois.»

Sorti de l’académie militaire avec le grade de sous-lieutenant, il a reçu une formation policière en Equateur avant d’être nommé commissaire de police à Port-au-Prince et à Cap-Haïtien, la capitale du Nord que ses 200 hommes viennent d’investir. Ses combattants sont d’anciens membres de l’armée ou de cette police qu’il connaît si bien.

Il y a le commandant Dray, la cinquantaine, lunettes, casquette et tee-shirt noirs, les bras serrés sur son M-16, un ancien chef du Bureau d’Investigation Antigang de la capitale, l’homme qui a pris la ville d’Hinche «avec grand fracas», comprenez après une rude bataille qui a fait trois morts dont le commissaire.

Et Isaac Louitès, ancien directeur du pénitencier national, qui a pris Mirabalais, sans combattre, affairé à courir après des policiers qui ont décampé. Et Emile Déré, un agent 3 de la police, l’équivalent de capitaine, toujours revêtu de son tee-shirt de la police, toujours en fonction et toujours salarié. Tous des pros qui éclatent de rire en parlant des «faux policiers» des « chimères » qu’on prétend leur opposer.

Entre 1996 et 2000, Guy Philippe a même été chargé de la sécurité au cabinet du président Préval, juste avant que Washington n’avertisse le président Aristide d’un coup d’Etat en préparation par le groupe des «Equatoriens». Depuis, Guy Philippe s’était exilé en République dominicaine, là où les militaires n’aiment pas Aristide – celui qui a osé dissoudre l’armée haïtienne en 1995!, – et se tiennent toujours prêts à vendre des armes aux «patriotes haïtiens». Même si l’argent provient, ce que nie le «Patriote», d’une partie des quarante tonnes de cocaïne qui transitent chaque année de Colombie vers les Etats-Unis en passant par Haïti la blanche.

Plus politique peut-être, plus renfermé et plus dur est Louis Jodel Chamblain, l’ancien chef des paramilitaires du dictateur Raoul Cedras. On l’accuse d’être l’ancien chef des escadrons de la mort du sinistre Fraph (le Front pour l’Avancement et le Progrès haïtiens).

Lui aussi a dû s’exiler à Saint-Domingue pendant de longues années, sans le sou, muré dans sa haine d’Aristide, après avoir vu de ses yeux sa femme enceinte de sept mois poignardée à mort par les hommes du président. Aujourd’hui, la cinquantaine, petit, toujours vêtu d’un chapeau de toile et d’un treillis, il dit «Je suis un patriote haïtien» et il est revenu, entouré de ses commandos, se venger et mettre fin à un «Etat pourri dirigé par un narcotrafiquant».

Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il a été condamné deux fois à perpétuité, dont une pour avoir dirigé, en avril 1994, le «Massacre de Raboteau», un raid armé, dirigé contre l’Armée cannibale d’Amiot Métayer… alors encore fidèle à Aristide. Louis Jodel Chamblain désormais au côté de Butteur Métayer à Raboteau? «Feu Amiot doit s’en retourner dans sa tombe», lâche un habitant des Gonaïves.

«Cela s’appelle une alliance stratégique», dit Winter Etienne, 40 ans, l’idéologue du mouvement, économe, comptable, ancien cadre d’un hôpital de santé publique dont il a démissionné, écoeuré par la corruption. Ce soir, assis «rue de Carmagnole» face à un caniveau d’un beau vert purin, sous un ciel des Antilles qui vire du bleu au rose, il va parler plusieurs heures du régime en place et de ses tares, jurant qu’il est prêt à faire hisser le drapeau cubain si les Américains débarquent pour aider Aristide et que tous les hommes du Front rendront leurs armes une fois le président exilé, arrêté ou abattu.

Un peu à l’écart, un homme écoute, calme, en chemise blanche et lunettes d’intellectuel. Enoch Charles Faustin, professeur et avocat, fait partie de l’opposition démocratique, du Groupe des 184, traqué, réprimé d’abord par les tontons macoutes de Duvalier et les hommes d’extrême-droite comme Louis Jodel Chamblain, ensuite par l’Armée cannibale avant qu’elle ne devienne le Front, enfin par les « chimères » d’Aristide. Il s’inquiète de ce Front, mariage de la carpe et du lapin, de la lutte armée comme méthode d’opposition, et vient chercher des assurances pour un avenir démocratique. Lui aussi, pourtant, est un ancien partisan de Titid. Aujourd’hui, il parle de «légitime défense» des Gonaïves terrorisées par le régime, refuse le compromis proposé par la communauté internationale et ne voit aucune autre issue que le départ du président honni.

Une fois au pouvoir, élu par et pour le peuple, le saint homme venu des bidonvilles s’est comporté en prédateur brutal, dépensant 6 à 8 millions de dollars par an pour payer son hélicoptère, son escorte privée de gardes américains et ses avocats lobbyistes aux Etats-Unis. Pour enlever un marché public, pour sortir de prison, pour un passe-droit, un contrat, il faut payer et encore payer le Palais. Avec sa brutalité, son inefficacité à lutter contre la pauvreté, ses discours illuminés de maniaco-dépressif, le président a perdu une grande partie du soutien populaire de ceux qui n’avaient que lui comme espoir.

Aujourd’hui, Aristide n’arrive plus à soulever que les gens qu’il peut payer.. «Et il n’a pas hésité, pour financer ses milices, à ponctionner 30 millions de dollars sur le budget public, dit un diplomate à Port-au-Prince, au point que le FMI a fini par geler tous les fonds.»
Accusations de trafic de drogue, de corruption, de pratique vaudou, de tortures, d’assassinats politiques, répression de la presse, accords signés et aussitôt reniés… «Il ne lui reste rien. Sauf sa légalité de président élu!» soupire un membre de la communauté internationale. En quelques années, Aristide et ses « chimères » ont fait l’unanimité contre eux.

Alors, il fait distribuer des armes automatiques, M-16, fusils à pompe, colts 45, à des jeunes des bidonvilles prêts à tout pour sauver son pouvoir miné de l’intérieur. Dans l’espoir fou de se battre le dos au mur des banlieues de Port-au-Prince d’abord, des bidonvilles ensuite, de son palais enfin. Avec une certitude, une seule: ceux qui s’avancent vers la capitale, gueux, voyous ou purs démocrates, tous ceux-là ne veulent qu’une chose: sa perte.

Jean-Paul Mari


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