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L’Édito: « Sauvés par les Libyens?Non merci! », par Jean Paul Mari.

Edito publié le 13/06/2016 | par Jean-Paul Mari

Alors que Sophia ( l’Europe) vient de signer un accord avec la marine libyenne.…..

Ce mardi 25 mai, six grands canots pneumatiques transportant 550 migrants ont été « secourus » par les garde-côtes libyens au large de Sabratha, à l’ouest de Tripoli. Ce n’est pas la première fois que les autorités libyennes parlent de sauvetage de migrants dans la limite des des eaux territoriales du pays. Deux jours plus tôt, 850 réfugiés, embarqués dans de fragiles embarcations pneumatiques ont été arrêtés au large de Zaouira.

En avril, ce sont 649 hommes, femmes et enfants, à bord de sept canots, qui ont été interceptés. A chaque fois, les autorités libyennes parlent de « sauvetage ». A chaque fois, le même communiqué claironne que « les migrants secourus ont été remis aux autorités maritimes avant d’être transférés dans des centres d’accueil et d’hébergement ».

La réalité est bien différente.

D’abord, les Zodiacs modernes des garde-côtes libyens ne sont pas des bateaux de sauvetage. Ils sont certes puissamment motorisés, sont armés d’une mitrailleuse, mais n’ont pas le capacité d’emport qui leur permettent d’accueillir la grosse centaine de passagers que contient un grand et fragile canot pneumatique utilisé par les passeurs. Ensuite, l’intervention est moins une action de sauvetage qu’une interception, suivie de l’arrestation des migrants.

Le 20 mars dernier, la brutalité de l’action a provoqué le chavirage d’un canot et la noyade de neuf des migrants à bord. Et deux jours plus tôt, un canot a pris feu pendant l’intervention et quatre naufragés sont morts carbonisés.

Enfin, l’expression « autorité maritime » ne veut plus dire grand-chose dans un pays divisé entre au moins deux gouvernements, l’un, à l’est, reconnu par la communauté internationale et l’autre, à Tripoli – précisément à l’endroit où se déroulent les « sauvetages » – soutenu par une coalition de milices notamment islamistes.

Thomas, un Gambien recueilli à bord de l’Aquarius de SOS MÉDITERRANÉE a témoigné des résultats de son premier « sauvetage » par les garde-côtes. En fait de « centre d’accueil et d’hébergement », il a été jeté avec les autres en prison, battu et rançonné, et n’a pu s’en sortir qu’en payant une somme équivalente à 500 euros. Avant de repayer un passeur pour une deuxième tentative, terrorisé à l’idée… de se faire « sauver » une deuxième fois par les garde-côtes.

La Libye, pays sans loi et sans droit pour les migrants, qui sont pour l’essentiel des Africains noirs et parfois, condition aggravante, chrétiens, ne sauve pas les réfugiés, elle les capture à nouveau, les maltraite, les exploite.

Avant de diffuser des communiqués humanitaires triomphants, histoire de montrer à la communauté internationale qu’elle n’a surtout pas besoin d’intervention extérieure dans ses eaux territoriales, comme l’Europe menace de le faire avec l’opération Sophia. Et que Tripoli sait faire le ménage tout seul pour débarrasser la mer des migrants, cette population aussi gênante que rentable.


Info du 21 octobre 2016 (AFP)

Des hommes armés attaquent un canot de migrants au large de la Libye: au moins 4 morts, 15 disparus(ONG)
Des hommes armés ont attaqué un canot de migrants la nuit dernière au large de la Libye, faisant au moins quatre morts et 15 disparus, a rapporté Sea-Watch, une ONG allemande qui était en train de secourir ces migrants.
Arrivés sur l’embarcation portant l’insigne des gardes-côtes libyens, les hommes ont donné des coups de bâtons aux migrants, donc beaucoup sont tombés à l’eau, a expliqué un porte-parole de Sea-Watch.

Info du 22 Oct, 2016

Attaque d’un canot de migrants par des hommes armés, plusieurs disparus REUTERS

Un bateau de migrants en provenance de Libye aurait été attaqué dans la nuit de jeudi à vendredi 21 octobre 2016, par des hommes armés faisant au moins quatre morts et une quinzaine de disparus, selon l’ONG Sea Watch.

“La violente intervention de la garde-côte libyenne a déclenché une panique collective à bord du canot pneumatique en détresse”, précise l’ONG dans un communiqué. “Une partie du canot s’est effondrée, entraînant dans l’eau la plupart des 150 personnes à bord”.

Source : Reuters

LIRE L’INFO SUR LA SUGANTURE DE L’ACCORD AVEC LES LIBYENS

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La violence des gardes côtes libyens. ( Amnesty)

Au moins 3 500 personnes ont été interceptées en mer par les garde-côtes libyens entre le 22 et le 28 mai 2016 et transférées vers des centres de détention.

Au moins 3 500 personnes ont été interceptées en mer par les garde-côtes libyens entre le 22 et le 28 mai 2016 et transférées vers des centres de détention.

Abdurrahman, Érythréen âgé de 23 ans, a raconté les violences subies lorsque l’embarcation surchargée sur laquelle il se trouvait – pouvant accueillir 50 passagers, elle en transportait 120 – a été interceptée par des garde-côtes libyens en janvier 2016.

« Ils ont fait descendre tout le monde et nous ont frappés avec des tuyaux en plastique et des bâtons… Ils ont tiré une balle dans le pied d’un homme : il était le dernier à quitter le bateau, alors ils lui ont demandé où était le conducteur, et lorsqu’il a répondu qu’il n’en savait rien, ils ont dit :  » Alors, c’est toi le conducteur « , et lui ont tiré dessus », a-t-il raconté.

Un autre Érythréen, Mohamed, 26 ans, a raconté que les garde-côtes libyens qui les ont interceptés ont plus tard abandonné leur canot pneumatique en train de couler, laissant les 120 passagers bloqués en mer.

« L’un des garde-côtes libyens est monté à bord de notre embarcation pour nous ramener en Libye. Il l’a conduite à peu près sur la moitié de la distance, puis le moteur s’est arrêté. [Il] était très énervé et est remonté dans son bateau. Je l’ai entendu dire  » Si vous mourez, vous mourez « , avant de partir sur son embarcation, nous laissant perdus en mer, » a-t-il raconté.

Je l’ai entendu dire ‘Si vous mourez, vous mourez’, avant de partir sur son embarcation, nous laissant perdus en mer
Mohamed, un Érythréen dont l’embarcation a été abandonnée par les garde-côtes libyens

En octobre 2013, Amnesty International a recensé le naufrage d’un chalutier endommagé alors qu’il quittait les eaux territoriales libyennes : un navire libyen non identifié lui a alors tiré dessus. Le bateau endommagé a commencé à prendre l’eau et a coulé, avec à son bord 200 hommes, femmes et enfants. Certains survivants ont affirmé que les tirs venaient des garde-côtes libyens. Les conclusions de l’enquête sur cette affaire n’ont pas été rendues publiques.
Des atteintes aux droits humains dans les centres de détention en Libye

Selon des responsables des garde-côtes libyens, les réfugiés et les migrants interceptés lorsqu’ils tentent la traversée sont généralement ramenés en Libye et placés dans les centres de détention pour migrants.

Depuis 2011, Amnesty International a recueilli de nombreux témoignages émanant d’anciens détenus – hommes, femmes et mineurs non accompagnés – qui racontent les terribles conditions, les violences et les sévices sexuels dans ces centres en Libye. D’après les derniers éléments recueillis, ces pratiques se poursuivent avec la même intensité.
Ces centres…….

LIRE LE SECOND RAPPORT SUR LE SITE D’AMNESTY INTERNATIONAL


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