Melania Trump, le fantôme de la Première dame des États-Unis
La femme du président des États-Unis paraît absente, distante, parfois désapprobatrice. Pourtant, elle demeure à ses côtés. Pourquoi ?

Lors de la cérémonie d’investiture de Donald Trump, 45ᵉ président des États-Unis, celui-ci était accompagné d’un étrange personnage tout de bleu nuit vêtu, coiffé d’un chapeau à large bord enfoncé jusqu’aux yeux. Dans cet accoutrement, son épouse, Melania, Première dame, le regard caché, les expressions du visage dissimulées par son couvre-chef, semblait comme absente des cérémonies. Aux côtés de son mari, mais le tenant à distance, retirant sa main de la sienne, elle semblait là beaucoup plus par devoir que par plaisir. De temps en temps, elle laissait apparaître comme un sourire, mécanique, furtif.
Le mystère d’un regard caché
Cette « First Lady » fantôme, au milieu des fans de son mari, des groupies de sa famille, de ses vassaux politiques ou de ses clients économiques, faisait tache. En contraste, le sourire jubilatoire d’un Elon Musk, toutes dents dehors, éclatait dans cette foule béate, plus comme une promesse de morsure que d’embrassades. D’un côté, le prédateur avide, exalté, vrai fils spirituel du héros du moment. De l’autre, en retrait, une figure hiératique de la réprobation.
L’attitude de Melania Trump a mis en émoi les commentateurs et commentatrices du monde entier. Le mystère des relations entre elle et Donald Trump reste néanmoins entier, comme d’ailleurs son degré d’adhésion aux obsessions qui tiennent lieu de politique à son mari. Qui est-elle ?
Une Slovène à la conquête du monde de la mode
Elle est née il y a 54 ans dans une ville de l’est de la Slovénie, petit État coincé entre l’Italie et la Croatie, ex-province occidentale de la République yougoslave, un pays sorti de l’Histoire. Son père, Viktor Knavs, dirigeait des concessions automobiles. Sa mère travaillait chez un fabricant de vêtements pour enfants, où elle dessinait des motifs pour les tissus utilisés. Melania suit une année d’études en design et architecture à l’université de la capitale, Ljubljana. Très vite remarquée par des photographes de mode locaux, le mannequinat la rattrape. Les premiers contrats arrivent.
Mais Melanija Knavs comprend très vite que la Slovénie est trop petite pour elle. En 1996, devenue Melania Knauss, elle gagne New York et pose pour plusieurs grandes marques à Milan et Paris, travaille avec les plus grands photographes, apparaît en couverture de Vogue, Vanity Fair ou Elle. Même si elle ne parvient pas à la célébrité d’une Cindy Crawford, la voilà lancée.
« Vous savez, ce n’est pas un ange… »
Dans ses mémoires, Melania raconte qu’elle a rencontré Donald dans une soirée organisée durant la Fashion Week de 1998, dans une boîte de nuit, le Kit Kat Club. Il est toujours marié à sa deuxième femme, Marla Maples, et fréquente d’autres mannequins. L’une d’elles, écartée, lâchera fielleusement : « Vous savez, ce n’est pas un ange, elle a roulé sa bosse. »
« L’énergie magnétique du businessman » la fascine, écrit-elle. Il profite de l’absence momentanée de la femme avec laquelle il est venu pour lui demander son numéro de téléphone. Qu’elle lui refuse, dit-elle. En tout cas, en 2005, ils se marient à Palm Beach, en grande pompe. Un an plus tard, Barron naît. C’est la troisième union de Donald, qui a déjà quatre enfants.
En 2023, distante, elle renégocie son contrat de mariage
Durant le premier mandat présidentiel de son mari, Melania Trump est étrangement absente. Elle ne vit pas à la Maison-Blanche et prétexte les études de son fils pour rester à New York. Elle continue de s’occuper d’œuvres de bienfaisance, souvent en faveur des enfants, tout en faisant prospérer ses affaires. Dès 2010, elle a lancé sa propre ligne de bijoux et investi dans l’immobilier. Sa fortune personnelle s’élèverait à 70 millions de dollars. En 2023, elle a renégocié son contrat de mariage. Il semblerait qu’elle ait surtout voulu protéger son patrimoine.
Capable de s’opposer publiquement à son mari
Melania Trump a été quasiment absente de la campagne présidentielle pour le second mandat de son époux. Aux rares journalistes auxquels elle accepte de parler, madame Trump assure que tout va bien entre elle et Donald. Le reste n’est que supputations et ragots. Pourtant, elle a parfois marqué sa différence. En 2018, lorsque l’administration Trump décide de séparer les familles de sans-papiers qui franchissent la frontière mexicaine, plaçant 2 000 enfants dans des centres de rétention pendant que leurs parents attendent d’être jugés, Melania manifeste publiquement son opposition à cette situation.
Elle a soutenu le droit à l’avortement
En 2024, elle soutient le droit à l’avortement, alors qu’une partie de l’électorat de son mari, particulièrement les évangélistes, y est fortement opposée.Elle soigne son image de femme et de mère et ignore celle de Première dame. C’est un rôle dont elle semble n’avoir jamais voulu. D’ailleurs, les mauvaises langues affirment que Donald la paie pour qu’elle reste sur scène à ses côtés. Un cachet qui doit être conséquent…
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