Robert F. Kennedy Jr., le ministre de la très mauvaise santé
Est-ce un fou, un malade ou les deux ? En tout cas, un complotiste antivax. À la tête des institutions de la santé américaine, cela peut faire des dégâts

Un antivax à la tête de la santé américaine
Le nouveau ministre de la Santé de l’administration Trump est-il en train de mettre à mal la santé des Américains ? À l’évidence, une épidémie de rougeole couve aux États-Unis. Le virus mortel a déjà fait deux victimes au Texas le 26 février, une première depuis dix ans. Les professionnels de santé sont très inquiets. La plupart des cas recensés concernent des personnes non vaccinées. Il est vrai qu’une partie de l’extrême droite américaine remet sérieusement en cause la vaccination avec d’invraisemblables arguments complotistes. Mais le plus invraisemblable est que le secrétaire à la Santé, Robert F. Kennedy Jr., est lui-même un « antivax » forcené.
Une obsession contre les vaccins
En 2021, en préface d’un livre sur la rougeole, il explique : « Les épidémies de rougeole ont été fabriquées pour susciter la peur et acculer les autorités à “faire quelque chose”, infligeant ainsi des vaccins inutiles et dangereux à des millions d’enfants, au seul motif d’engraisser les profits de l’industrie pharmaceutique. » Le livre était édité par Children’s Health Defense, une association antivax et complotiste que le responsable fédéral de la santé des Américains a longtemps dirigée. Le personnage illustre la préférence de Donald Trump pour la fidélité plutôt que pour la compétence, au risque de mettre à mal le pays.
L’héritier d’une lignée assassinée
Robert F. Kennedy Jr. porte un grand nom de la politique américaine. Celui de deux hommes, deux frères assassinés : un président, Jack, son oncle, abattu le 22 novembre 1963, et un ex-attorney general des États-Unis, candidat à la présidence, Bob, son père, tué le 6 juin 1968. Le moins que l’on puisse dire est que le neveu et fils de ces hommes ne porte pas les valeurs politiques illustrées par ces deux aînés. Aujourd’hui rallié au trumpisme, il marque même une sorte de dégénérescence intellectuelle et morale. Néanmoins, tradition familiale oblige, il a fait ses premières armes politiques au Parti démocrate.
Entre engagement écologique et dérive complotiste
L’actuel secrétaire à la Santé et aux Services sociaux, père de six enfants, est né à Washington en 1954. Il a étudié à Harvard et à la London School of Economics. Avocat, il travaille pour une ONG spécialisée dans la défense de l’environnement. Il est l’un des avocats de Dewayne Lee Johnson, un jardinier en phase terminale d’un cancer, qui fait condamner la firme Monsanto à cause de l’extrême nocivité de certains de ses produits. Le géant des phytosanitaires est condamné à verser 289 millions de dollars de dommages et intérêts.
En 2008, il soutient Hillary Clinton à la présidentielle. Puis, sa candidature à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2023 est refusée.
Démocrate mais battu, il devient un fervent soutien de Trump
Il se présente alors comme indépendant. Ses intentions de vote frôlent 4 %. Finalement, il se rallie à Trump. Devenu secrétaire à la Santé, il a la main sur le Centers for Disease Control and Prevention (CDC), la Food and Drug Administration (FDA) ou encore le National Institutes of Health (NIH), la plus grande agence de recherche biomédicale, avec un budget de 47 milliards de dollars par an. Toutes ces institutions risquent désormais le démantèlement, le DOGE ( cryptomonnaie ) d’Elon Musk aidant. Si l’on en juge par les opinions exprimées par Robert F. Kennedy Jr., c’est toute la politique de santé américaine qui risque l’infarctus.
Théories du complot et dérives extrêmes
Très tôt, il établit un lien entre vaccination et autisme. Une théorie totalement infondée. En 2020, à Berlin, lors d’une manifestation contre les restrictions des libertés individuelles dues à la lutte contre le Covid-19, il déclare : « Les gouvernants aiment les pandémies pour les mêmes raisons qu’ils aiment la guerre. Parce qu’elle leur permet d’imposer à la population des contrôles que celle-ci n’accepterait jamais autrement… » Il va jusqu’à prétendre que les gouvernements ont profité de la pandémie pour installer la 5G et permettre des collectes de données au profit de Bill Gates, Mark Zuckerberg et Jeff Bezos.
Une comparaison nauséabonde
Pire encore, en 2022, il compare les mesures vaccinales aux États-Unis à celles prises par les nazis contre les Juifs. La communauté juive américaine réagit violemment. En plus, le secrétaire à la Santé a eu quelques problèmes de… santé, qui pourraient encore l’affecter. Il avoue avoir été addict à l’héroïne pendant 14 ans. Au cours d’une procédure de divorce, un rapport révèle que son cerveau a été endommagé par un ver, qu’il a subi une intoxication au mercure, avec risque de problèmes neurologiques. Le document évoque des difficultés cognitives et des pertes de mémoire. Ces handicaps n’expliquent néanmoins pas complètement ses délires complotistes.
Mais qui soignera Robert F. Kennedy Jr. ?
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