Jean-Paul Mari présente :
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Vu de l’hôpital: « Potion magique et virus infernal » (28)

Chronique de la bataille des hommes en blanc. Jean-Paul Mari suit au jour le jour le combat d’une équipe médicale dans un hôpital d’Ile-de-France.

«Alors, docteur… je l’ai, je l’ai eu, je ne l’aurai plus ?» Qui n’a pas rêvé d’avoir des réponses claires à ces questions sur le Covid-19 ? Boire le philtre qui fait voir la chose cachée, en attendant la potion magique du vaccin. Un bâtiment sur pilotis au fond de l’hôpital, des labos au nom de code et des machines aux airs de congélateurs intelligents, nous y sommes. Dans l’antre de la magie blanche de la virologie, le secret de cet infiniment petit qui a mis à genoux l’orgueilleuse planète.

Dès le début de l’épidémie, mi-février, le docteur Marie (1) a lancé les premiers «runs» (tests) PCR sur 15 échantillons par semaine. Début mars, son labo en faisait 200 par jour ! Depuis, on a un peu oublié l’hépatite E ou le VIH pour ne plus penser qu’à lui, mystérieux inconnu, mouvant et insaisissable. Les tests PCR permettent de le détecter ? Oui, mais pas toujours, surtout après une semaine de contamination, quand l’écouvillon plongé dans le nez ne révèle plus le virus qui a migré ailleurs.

Nous avons un ADN et lui son ARN. Vicieux, le virus pénètre dans notre corps, se débarrasse de son enveloppe, se dissout, mais son génome colonise nos cellules, les parasite et se multiplie à l’infini. Affolé, notre organisme se bat, envoie ses globules blancs dévorer l’envahisseur. Si fort que, dans les formes graves, c’est l’inflammation réflexe, «l’orage cytokinique», qui finit par étouffer nos poumons. A force de nous défendre, nous nous tuons.

Comment savoir si les survivants ou les asymptomatiques, qui n’ont rien ressenti, sont immunisés ? La «sérologie» permet de chercher les anticorps plusieurs semaines après la contagion. «Nous avons reçu des dizaines de kits de fabricants, du monde entier», dit la chercheuse. D’abord faire le tri. Il y a le Trod, facile et rapide, une goutte de sang au bout du doigt et une réponse colorée, façon test de grossesse. Idéal… s’il était totalement fiable. Et, plus sûr, Elisa, joli nom, réponse en trois heures, mais obligation d’en pratiquer 96 d’un coup. Trop lourd. Et Clia, la grosse artillerie, au coup par coup, à la demande, résultat en une heure, mais qui nécessite une prise de sang, donc une grosse logistique.

«Tous ces tests seront prêts le 11 mai», assure le docteur Marie. Déjà, l’ordinateur crache les premiers résultats sur 32 patients, PCR négatives, et affiche une liste de codes aussi obscurs qu’un point de presse de Sibeth Ndiaye. La chercheuse traduit : 4 Covid positifs et 2 suspects. La PCR s’est trompée, pas la sérologie. Reste qu’on ne pourra pas tester toute la population. D’autant que les recherches montrent qu’on peut avoir eu le Covid, être immunisé – pour combien de temps ? – mais… rester contagieux. Infernal virus. Le mystère du Covid a encore de beaux jours de recherche devant lui.

(1) Les noms ont été modifiés.


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