Roumanie : au temps de la dictature
D’où vient la Roumanie? Quels sont les démons qui la hantent toujours aujourd’hui? Qui était Ceaucescu? La terrible Securitate? Pour mieux comprendre, une série de reportages réalisés e n temps réel…

Ceaucescu le forcené
Le mur de Berlin est tombé, la Hongrie et la Pologne ne sont plus communistes, la Tchécoslovaquie et même la Bulgarie respirent. Mais, à Bucarest, le souffle de Gorbatchev n’a plus faire fondre la glace du dernier régime dictatorial d’Europe. Voici le portrait du tyran qui a mis la Roumanie a genoux
Mort d’un dictateur
« Que la terre te soit légère… » Debout devant la tombe ouverte de Nicolae Ceausescu, sous la neige de l’hiver roumain, l’homme a la barbe blanche, les yeux brillants et la tête couverte par le capuchon de son anorak kaki. Ce soldat-là officie comme un moine. Gelu Voïcan, le révolutionnaire devenu Vice Premier ministre du nouveau gouvernement roumain, ordonne le rituel. Il a fait recouvrir les corps d’un linceul blanc, jette de la terre sur à pleines mains sur le cercueil et pose devant la caméra : il tient son rôle.
Le dernier comité : « Nous sommes en guerre ! »
Dimanche 17 décembre, dans la soirée, au camp du Comité politique exécutif du Comité central du Parti communiste roumain, l’organe de décision de la Roumanie de Nicolae Ceausescu. Réunion d’urgence ; des manifestations ont éclaté la veille à Timisoara, le dictateur est fou de colère, la répression n’a pas été, selon lui, à la hauteur des événements.
Le dernier comité est la dernière séance d’un dictateur persuadé de faire face à un complot mondial, une pièce de théâtre post-stalinienne qui s’achèvera dans le bain de sang de la révolution roumaine.
Enquête sur la Sécuritate
Vous avez déjà vu avant la révolution vos hôtes faire hurler une chaîne stéréo si fort que vous avez du mal à vous entendre penser, à seule fin de pouvoir vous murmurer des choses anodines dans le creux de l’oreille? Vous avez déjà vu votre ami rouler à cent kilomètres/heure sur une route de campagne déserte, mettre son doigt sur sa bouche vous tendre un bout de papier crayonné: «Attention! même ici, Ils peuvent nous entendre!»?
Bucarest : la marche des mineurs
Une scène, une seule. Devant la place de l’Université, une femme marche, en tenant par la main son enfant de dix ans. Elle porte la trentaine un peu forte et une robe bleue banale; elle ne dit rien, ne fait rien de particulier. Elle passe. Sur le trottoir, il y a là une rangée de mineurs avec leurs manches de pioches et leurs gourdins. Ils sont 10 000, le visage noir de charbon et les yeux brillants de haine, venus jusqu’à Bucarest pour rétablir l’ordre. Bousculade. Et ils frappent.
« Le pays ne veut plus entendre parler de communisme! »
Pendant la période 1950 – 1956, Alexandru Paleologu a été poursuit par la Securitate, et forcé de vivre dans la clandestinité, sous un faux nom. En 1959, il fut arrêté et condamné à 14 ans de travaux forcés, puis libéré en 1964 par décret de grâce. Ambassadeur de Roumanie à Paris en 1990, il s’est déclaré solidaire avec la manifestation de la Place de l’Université de Bucarest, s’autoproclamant « ambassadeur des golans ».
Roms, les derniers nomades
Vivre avec les Roms à Plemetina au Kosovo, à Girlamare en Roumanie, à Taverny ou aux Saintes Maries de la mer en France, dormir avec eux dans la paille, partager leur quotidien, leur nourriture, leurs fêtes…Joël Robine a passé plus d’un an avec ce peuple oublié, ignoré, méprisé.