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Édito : « Omicron, rêvons, rêvons… », par le professeur Frédéric Adnet.

Edito publié le 27/12/2021 | par Frédéric Adnet

Et si cette vague « omicron » signait la fin de la crise sanitaire ?

Le mutant du SARS-CoV-2 « omicron » est le dernier variant « préoccupant », (Variant Of Concerns),  arrivé sur le marché mondial. Il envahit le monde entier avec une célérité incroyable. Il double en moins de 48 heures et devient pratiquement majoritaire partout où il s’implante.

Le véritable mur vertical du taux d’incidence ne ressemble plus à cette belle courbe exponentielle à la pente douce dont on avait l’habitude.

L’Angleterre a atteint – provisoirement , espérons-le, – le chiffre incroyable de 119 000 cas déclarés par jour. Cette courbe verticale a gagné la France avec plus de 100 000 cas. L’Irlande, les États-Unis, le Canada, l’Espagne et d’autres pays sont eux-aussi victimes de ce mur du taux d’incidence.

La COVID-19 du au variant omicron apparaît ainsi comme la maladie la plus contagieuse connue, bien au-dessus… de la rougeole qui détenait le record mondial !

Mauvaise nouvelle : Omicron est donc doté d’une formidable contagiosité.

Bonne nouvelle : cette contagiosité pourrait constituer un plateau, un plafond de verre, un record qu’aucun nouveau variant mutant ne pourrait dépasser avant longtemps.

D’autant qu’on observe aussi… des décrues rapides amorcées en Allemagne, Belgique, Pays-Bas et en Norvège.

Rêvons...

Tout se passe comme si cette montée foudroyante était rapidement suivie d’une chute tout aussi spectaculaire, chute probablement liée à l’immunisation vaccinale et naturelle de la population.

Les courbes d’hospitalisation, de patients admis en réanimation et de mortalité sont beaucoup plus sages.

Jusqu’ici, avec les autres variants, dont le méchant delta, le taux d’hospitalisation marchait main dans la main avec le nombre de nouveaux cas. Avec l’omicron, selon les premiers chiffres à confirmer, le divorce est clair, avec une chute du taux d’hospitalisation de 70 à 80%.

Le calme après la tempête ?

Rêvons…

Et si, finalement, l’impact hospitalier de l’omicron était gérable ? On observe d’ailleurs en Allemagne, en Belgique et en Angleterre une légère décroissance des patients COVID-19+ en réanimation.

L’impact sur la mortalité semble être mineur comme le montrent, en particulier, les courbes de l’Afrique du Sud. Bien sûr, les comparaisons sont difficiles :  les taux de vaccination diffèrent, la distribution en âge n’est pas la même et l’omicron frappe surtout la population des 20-29 ans, etc.

Rappel : en France, la problématique hospitalière résulte d’abord du manque de soignants – donc du manque de lits – et de la démotivation des personnels. De plus, l’impact COVID-19 hospitalier est surtout le fait des « mal » vaccinés : les non-vaccinés, les retardataires du schéma vaccinal complet et bien sûr… les « faux » vaccinés.

Ces constatations renforcent la nécessité de faire vacciner les derniers récalcitrants surtout dans la population à risque.

Tout ceci rend optimiste !

Rêvons…

L’omicron se propage donc chez nous dans une population vaccinée et partiellement convalescente de la COVID-19, ce qui expliquerait en partie sa moindre dangerosité. Quelques études biologiques démontreraient que si ce virus se multiplie fort bien dans les voies aériennes supérieures, le rhume, il aurait beaucoup plus de mal dans le parenchyme pulmonaire, en provoquant une pneumopathie. Et, donc, qu’il tue moins.

Olivier Véran, notre ministre de la Santé, n’avait pas écarté l’idée, en parlant de l’omicron, de la qualifier, finalement, de « rhume mondial ». Et s’il avait raison ?

Rêvons, rêvons !

Et Bonne année !

 

* Frédéric Adnet est directeur médical du SAMU de la Seine-Saint-Denis et responsable du service des Urgences du CHU Avicenne à Bobigny.


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