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Édito : « Vaccinés, guéris ou morts  » , par le professeur Frédéric Adnet.

Edito publié le 25/11/2021 | par Frédéric Adnet

Le journal du Professeur Adnet.

Le ministre de la santé allemand a eu cette phrase à priori glaçante, mais qui, à mon sens, reflète une réalité perturbante. Que veut-il dire ?

Cette cinquième vague est portée par le variant delta du SARS-CoV-2 dont la contagiosité est exceptionnelle. Rappelons que notre bon vieux SARS-CoV-2 de la première vague d’avril 2020 était la souche D614, virulente mais modérément transmissible. Chaque malade pouvait infecter 2,6 autres personnes pendant la durée de sa maladie. On dit, dans ce cas-là, que le R0 est égal à 2,6.

L’estimation de la contagiosité du variant delta est de huit ! Presque quatre fois plus ! Ce n’est guère étonnant puisqu’un variant en remplace un autre, par une sorte de compétition entre virus, grâce à une plus grande contagiosité. Notons que notre variant delta a du mal, actuellement, à céder sa place dominante à une autre souche plus contagieuse de coronavirus, ce qui nous laisse présager – bonne nouvelle – que nous sommes peut-être arrivés à un plateau de contagiosité.

Quoi qu’il en soit, ce variant delta se place entre la varicelle et la rougeole, cette dernière affection étant connue comme la maladie la plus contagieuse au monde (R0 = 12).

Qu’a voulu dire alors notre ami allemand ?

Il faut savoir que, en Allemagne, la situation est désormais telle que la Bavière a décidé d’évacuer ses patients, y compris vers l’étranger, notamment vers l’Italie. Dans certains Länder, états-régions réfractaires à la vaccination, le variant delta fait un véritable carnage. Les Allemands se préparent donc au pire face à des projections qui donnent le frisson. Il pourrait en effet avoir 100 000 morts cet hiver sur le territoire allemand.

Dans une formule-choc, le ministre de la Santé a donc prévenu que  » chacun ou presque sera vacciné, guéri ou mort  » d’ici  » vraisemblablement la fin de l’hiver « .

Hé bien, notre ministre dit simplement que nous serons tous au contact de ce variant delta, à un moment ou à un autre. Rien d’étonnant. Les enfants ont des rhumes, mais la plupart de ces « rhumes » sont dus à des coronavirus plutôt « gentils ». Ils n’entraînent pas de formes invasives et n’affectent pas les poumons ou d’autres organes. Sauf que notre SARS-CoV-2, lui, est un coronavirus « méchant ».

Après la phase initiale de « rhume » ou « grippette », il évolue, dans un pourcentage significatif de cas, vers une pneumonie virale parfois mortelle, avec des séquelles à long terme. Sa transmission interhumaine est donc malheureusement à la fois… banale et catastrophique.

Et nous n’avons qu’un moyen, un seul, de limiter les dégâts à l’heure actuelle : la vaccination combinée aux gestes barrières. Le vaccin : certes, il est peu efficace sur la transmission du virus dans les voies aériennes, le nez et la gorge, ce « rhume » qui constitue la phase initiale de la COVID-19, mais – et là est l’essentiel – il est redoutablement efficace contre les formes invasives, celles qui colonisent nos organes vitaux, comme les poumons, le cœur ou le cerveau. Et qui nous tuent.

Alors, oui, nous serons vaccinés, guéris ou morts !

À nous de choisir.

 

Frédéric Adnet est directeur médical du SAMU de la Seine-Saint-Denis et responsable du service des Urgences du CHU Avicenne à Bobigny.


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