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1/ Boris Johnson, le bouffon du Brexit

publié le 01/08/2023 | par Jean-Paul Mari

Alexander Boris de Pfeffel Johnson, dit Boris Johnson, ex-premier ministre, populiste né en aristocratie, menteur, drôle et bruyant, cheveux en bataille, mélange de clown blond et de taureau furieux, il fonce, tête baissée, promet la lune du Brexit libérateur mais apporte la débâcle. Du danger d’un bouffon qui voulait être roi…

Par Dennis McShane et Laurent Joffrin

C’était un gamin brillant et excentrique, tel que l’establishment britannique en produit régulièrement, comme s’il y avait, à Oxford ou à Cambridge, un quota obligatoire. Une tignasse blonde à la Brian Jones, une mise négligée, un humour un peu foutraque, un goût du canular et de l’autodérision, un empressement jovial auprès des jeunes femmes, Boris Johnson est un rejeton un peu marginal de la haute société, doté néanmoins d’une ambition de fer, cultivée par son père qui lui inculque très tôt le sens de la compétition sociale.

Ce futur populiste ne vient certes pas du peuple. Alexander Boris de Pfeffel Johnson (il se fera appeler Boris à l’adolescence) naît en 1964 dans le quartier de l’Upper East Side à New York. Son père, économiste et diplomate britannique, habite un appartement qui fait face au Chelsea Hôtel, longtemps le rendez-vous des artistes américains. Proche ou éloignée, sa famille rassemble une pléiade d’écrivains, de hauts fonctionnaires ou d’artistes renommés, autant que d’aristocrates aux ascendances étincelantes et cosmopolites – jusqu’au roi George II, ce qui fait de Boris un lointain cousin de la reine.

Son père Stanley occupe des postes internationaux de haut vol, à la Banque mondiale puis à la Commission européenne, spécialisés dans l’environnement, lauréat de plusieurs prix prestigieux pour sa contribution à la défense de la planète. Sa mère Charlotte suit tant bien que mal la carrière de son mari, déprimée par ses infidélités répétées et par trente et un déménagements des deux côtés de l’atlantique, ce qui impose au jeune Alex une enfance à la fois prospère et chaotique, d’autant qu’il souffre d’une surdité partielle et doit être opéré plusieurs fois.

Devenu Boris, le clown blond, il se réfugie dans l’étude et dans la construction patiente de son personnage de premier de la classe farceur et bohème. En 1983, il obtient une bourse pour le Balliol College à Oxford, où il étudie les lettres classiques et la philosophie.  L’ambition se mêle à la drôlerie.

Déjà membre de plusieurs clubs, il se présente à la présidence de l’Oxford Union, l’une des plus prestigieuses ligues étudiantes du pays. Perçu comme un conservateur trop « upper class » qui ne daigne même pas faire compagne, il est battu par un étudiant de gauche plus jeune et moins connu, ce qui cause chez lui un choc traumatique.

Ramené à l’humilité, il se présente une seconde fois, professant cette fois des opinions progressistes, attentives aux vues de ses électeurs, déployant son charme auprès des électrices. Il est élu, ce qui lui permet de côtoyer les plus brillants sujets de sa promotion, tous futurs chefs à plumes du Parti conservateur, David Cameron, William Hague, Michael Gove, Jeremy Hunt et Nick Boles.

Leçon sans doute décisive : le jeune Boris a trouvé sa méthode, celle d’un caméléon clownesque, prêt à tout ou presque pour parvenir.

A suivre…


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