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Affaire Pechiney

publié le 18/04/2007 | par Jean-Paul Mari

NEUF personnes impliquées dans l’affaire Pechiney, dont un ancien chef de cabinet du ministère des Finances et deux financiers proches du Parti socialiste, seront jugées en correctionnelle, probablement avant l’été, pour délit d’initiés ou recel. Le juge d’instruction, Edith Boizette, chargé depuis 1989 de l’affaire du rachat de la société américaine Triangle par Pechiney en 1988, a rendu hier une ordonnance de renvoi en vue d’un procès dont la date sera fixée ultérieurement.


Pour une belle Légion d’honneur, ce fut une belle Légion d’honneur. Ce lundi 3 octobre 1988 au ministère des Finances, il y a là Jean Gandois, patron de Pechiney, Jack Lang, ministre de la Culture, Alain Boublil, directeur de cabinet de Bérégovoy, Robert Mitterrand, le frère du président, et Roger-Patrice Pelat, ami personnel de François Mitterrand. On donne un dîner de quarante couverts, Robert Mitterrand prononce un discours et M. Bérégovoy honore de quelques phrases rondes l’homme qui a rendu de si grands services à la France.
Planté au centre du salon, un oeil sur le revers de sa veste, l’autre sur l’assistance, le récipiendaire affiche un large sourire. Samir Traboulsi, 46 ans, homme d’affaires libanais, est un homme comblé. Il est milliardaire, possède un avion privé, un yacht, une collection de toiles de maîtres, descend dans les palaces et a épousé Annie de Vasconcellos, une Brésilienne belle comme une nuit de Rio. Il est heureux et célèbre dans le monde international des affaires. Samir Traboulsi fréquente et invite les plus grands noms du business ou de la politique, à gauche comme à droite. Mieux, il espère obtenir l’agrément pour ouvrir sa propre banque en France.
C’est un intermédiaire pour le Moyen-Orient, discret, brillant, indispensable. Il était connu, aujourd’hui, par la grâce de la Légion d’honneur le voilà reconnu. On lui sait gré d’avoir toujours facilité les démarches avec les Etats du Moyen-Orient, facilité la venue du prince Fahd d’Arabie Saoudite ou permis de renouer des contacts tendus entre Damas et Paris. C’est tout? Non. Il a surtout – et cela n’a jamais été dit – joué un rôle-clé dans la libération, le 16 juin 1986, de deux otages français au Liban, Georges Hansen et Philippe Rochot. C’est lui qui aurait assuré les contacts avec le réseau de financiers « chiite-libanais-africain » prêt à avancer l’argent de la rançon. Et c’est encore lui qui aurait collecté et fait déposer les 10 millions de francs, à la mi-juin, sur un compte de l’Arab Bank à Genève.
Du coup, Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, s’est battu comme un beau diable pour que son intermédiaire obtienne cette fameuse Légion d’honneur. Il a marché sur les réticences du Quai-d’Orsay et biffé les mauvais résultats d’une enquête de la Préfecture. Le Libanais a été le jeune lieutenant d’un marchand d’armes, c’était un mondain surnommé « le vizir des plaisirs », il a été l’objet de deux mystérieuses agressions, l’une en 1976 dans son appartement, l’autre en 1982 place de l’Etoile à Paris, où deux Siciliens en moto lui ont logé une balle dans la mâchoire… Rien n’y fait. Le ministre remue tous ses services. Samir aura sa médaille, parole de Pasqua! Arrivent les élections et le changement de gouvernement. C’est M. Bérégovoy qui lui remettra la décoration demandée en 1986, attribuée fin 87 et décernée en octobre 1988. Le jour de la cérémonie, le ministre des Finances prendra d’ailleurs bien soin – par courtoisie ou par précaution – de citer cinq fois le nom de Charles Pasqua. Peu importe. Ce jour-là, Samir Traboulsi peut mettre une croix d’honneur sur les doutes, son passé et la règle de l’alternance du pouvoir.
C’était il y a quatre mois à peine. Pour Samir Traboulsi, c’était il y a un siècle.
Soyons net. Il n’existe pas aujourd’hui de preuve, de suspect numéro un, d’inculpé ou de coupable, il n’y a qu’une enquête en cours à la SEC et à la COB, les gendarmes boursiers de New York et de Paris. Il y a bien une « affaire » dont on tente de déterminer les contours exacts, un dossier bourré de points d’interrogation, mais qui a déjà provoqué la démission d’un directeur de cabinet et quelques plaintes en diffamation, une solide énigme dont 80% des Français pensent que l’on ne saura jamais toute la vérité. Une affaire qui secoue le monde des finances et de la politique, souffle un vent mauvais dans les jardins de l’Elysée, des ministères et des partis politiques, vous fait voyager par dossiers interposés des îles des Caraïbes aux coffres-forts suisses, des banques paisibles du Luxembourg à celles de Beyrouth en guerre: voici l’affaire Triangle-Pechiney. Un long voyage.
Première escale, New York, le 7 juillet de l’année dernière. Nelson Peltz et son associé prennent le contrôle de la société Triangle et du même coup d’American National Can, le numéro un de l’emballage américain. Les boîtes de Coca-Cola, de Pepsi et de bière Budweiser, c’est eux. Il y a dix ans, Nelson Peltz était au bord de la faillite. Son nom faisait sourire les boursiers de Wall Street. Il avait même monté une boîte de consultants spécialisée dans le conseil aux entreprises en difficulté, façon de mettre à profit une longue expérience personnelle. Aujourd’hui, pourtant, l’homme d’affaires américain a réalisé l’une des plus belles affaires de la décennie : il a acheté sa société Triangle pour 8 millions de dollars et il va la revendre 800 millions. Un coup de génie. Wall Street ne rit plus du tout. « Il faut savoir vendre des cacahuètes quand le cirque arrive en ville », dit Nelson Peltz. Les fonds? « Quand on n’est pas héritier, il faut emprunter. » Lui peut tout vendre, de la carotte à l’unité à l’hélice d’avion. « Quand vous êtes entré ici, je ne pensais pas vous vendre ma chaise, dit-il en se levant dans son bureau parisien de l’avenue d’Iéna. Mais si vous m’en offrez un bon prix, elle est à vous. » Et il se met à rire. Nelson Peltz a un costume de marque mais un noeud de cravate rouge trop large. Il appartient à ce monde américain où le chic n’est pas de cacher mais d’exhiber. Ne pas se fier au noeud de cravate ; dès que l’on touche aux chiffres, l’industriel devient d’une redoutable finesse.
Le 7 juillet, Nelson Peltz a donc une société, Triangle, et un vieil ami, Samir Traboulsi. L’homme d’affaires libanais a lui aussi un vieil ami, Alain Boublil, directeur de cabinet de Bérégovoy. Et Alain Boublil sait que l’entreprise Pechiney, en France, serait intéressée par Triangle. Rien d’étonnant à cela. Pechiney fabrique de l’aluminium, qu’elle vend plus ou moins bien selon les cours du marché. Et Triangle fabrique des boîtes d’emballage en aluminium. Si Pechiney rachète Triangle, elle aura donc un débouché stable pour sa production d’aluminium: superbe affaire.
Le 12 juillet, l’affaire s’engage au plus haut niveau: l’industriel américain rencontre le directeur de cabinet de Bérégovoy. Alain Boublil prend le pouls de la transaction. A 41 ans, Alain Boublil est un phénomène. Etranger au sérail de la haute administration, il se retrouve, à force d’énergie, bras droit du ministre de l’Economie. Il n’hésite pas à faire piétiner les grands patrons à l’entrée de son bureau. Certains le détestent, il ne le voit pas, il avance. Il faut pénétrer dans son bureau installé au Louvre, regarder les immenses armoires grillagées bourrées de paperasse, les hautes piles de dossiers, les collections de « Business Week », les notes confidentielles et les télex pour comprendre qu’il est au centre du tableau de bord de l’économie française. Quel est le seuil de l’impôt de solidarité sur la fortune? Quelle enveloppe budgétaire pour la police? Il recrache des notes avec des réponses claires: oui, non, pourquoi. Le ministre définit la stratégie politique ; lui doit mâcher le travail et dire si les projets vont dans la bonne direction. Il avale tout, analyse, synthétise. On ne l’aime pas. Il s’en fout, il marche à l’adrénaline, la défonce du travail acharné.
Après Alain Boublil, Nelson Peltz doit, bien sûr, rencontrer Jean Gandois, patron de Pechiney. Le 28 juillet, à Paris, au siège de l’entreprise française, on entre dans le vif du sujet. « J’ai tout de suite dit à M. Gandois que je demandais le secret absolu sur les négociations. Quitte à les interrompre à la moindre fuite », raconte Nelson Peltz.
Le secret? Il est inhérent à ce genre d’opération. Les enjeux sont trop gros. Nelson Peltz ne veut pas que ses employés se démobilisent en apprenant que leur maison est à vendre. Il sait qu’il risque une campagne des syndicats américains, prêts à acheter de pleines pages de pub dans la presse: « Alerte, on nous vend aux Français! » Le secret est la condition absolue. Et Gandois le Limousin, l’obstiné, le sévère patron de Pechiney, le sait aussi. Parler à ce stade est un délit: le délit d’initié. Le jeu a ses règles, elles sont simples, les voici:
1- Un initié (de par sa fonction) est celui qui sait.
2- Un initié doit se taire.
3- Un initié qui parle est un délinquant aux yeux de la loi.
Parler des négociations, c’est un peu comme donner des résultats des courses de chevaux avant l’arrivée. La différence, c’est que les chevaux eux ne parlent jamais. L’action de Triangle valait 10 dollars, elle se revendra – mais cela personne encore ne peut l’imaginer – 56 dollars.
Quelqu’un pourtant va parler. A ce stade de la négociation, nous sommes dans le cercle des grands initiés, le premier cercle. Et ils sont moins d’une dizaine à savoir: parmi eux Nelson Peltz, Alain Boublil, Pierre Fernandez, conseiller technique, Samir Traboulsi, Jean-Louis Vinciguerra et Jean-Pierre Ergas, Yves-André Istel, le banquier conseiller de Pechiney.
oLe délit d’initié? Il est inscrit là, dans la courbe d’achat des actions Triangle. La SEC révélera le 16 décembre qu’une société suisse, Socofinance, a acheté 88 000 titres au cours de l’été. Quand la négociation marche bien, le 18 août, Socofinance commence à acheter du Triangle. Quand la discussion achoppe sur des problèmes de prix et des arguments techniques, les acheteurs se mettent à hésiter. Quand les négociations sont rompues, le 27 septembre, Socofinance revend 25 000 titres. Et enfin, quand les discussions reprennent le 11 octobre, Socofinance rachète du Triangle. Comme si dans l’ombre un initié du premier cercle se précipitait au téléphone après chaque réunion pour donner à Socofinance le bilan de santé précis de la négociation.
A Washington, dans un immeuble sur la Judiciary Plaza, d’autres hommes ont suivi avec attention les sautes de tension de l’action Triangle. Ici, les couloirs sont tristes, les bureaux poussiéreux, les salaires sont modestes, mais les fonctionnaires sont féroces. La SEC, organisme de surveillance du marché boursier américain, est bourrée d’incorruptibles qui traquent les OPA douteuses et les délits d’initié. Ses agents agissent comme des flics, infiltrent les milieux boursiers, enregistrent les conversations et incitent à la délation. Ils traquent les spéculateurs et les font chanter jusqu’à les mettre à genoux. A côté de la SEC, notre COB gauloise a l’air bien timide. C’est encore la SEC qui alertera la COB en lui envoyant un rapport secret sur l’évolution des actions Triangle. Et la SEC traque Socofinance. Au fait, qui est Socofinance? Là nous entrons dans un jeu de poupées russes.
Première poupée, Socofinance repose sur des capitaux libanais en Suisse, et Thomson détient 20 % des actions. Mieux, Socofinance n’a pas acheté pour son compte mais pour celui d’une autre banque, l’International Discount Bank and Trust, fondée en 1983 par un certain J.-G.Fields, un habitant de Beverley Hills, et sa secrétaire et prête-nom. Depuis 1986, les deux directeurs sont eux aussi des Libanais: Georges Samia et Emile Haddad. Compliqué? Les choses deviennent beaucoup plus simples quand on prend enfin la direction du soleil vers le siège de la banque, à Anguilla, à 300 kilomètres au nord de la Guadeloupe. Anguilla, 6 500 habitants, capitale The Valley, 760 habitants, une vallée perdue, une ville sans rues, mais avec plusieurs banques. Le centre commercial se limite à deux immeubles à un étage, mais la chambre d’hôtel peut coûter 4 000 francs la nuit. L’île est six fois plus petite que le lac Léman mais la mer est bleu turquoise, les plages blondes et le secret bancaire absolu. Pas d’impôt sur le revenu, pas d’impôt sur les sociétés, pas d’impôt sur les dividendes, mais une taxe de 3% sur « la valeur raisonnable des immeubles ». Les banques? On en retrouve sept sur une seule porte en contre-plaqué. Les noms sont à consonance chinoise, arabe ou américaine. Mais au paradis fiscal les noms n’ont pas beaucoup d’importance. A la case « International Discount Bank and Trust », un téléphone sans bureau et un gestionnaire, le Docteur William V. Herbert, injoignable. Arrêtons là. L’IDBT est une entité aussi légère que l’air des Caraïbes.
Laissons Anguilla et revenons en France. Nous sommes le 14 novembre, la négociation est terminée, le gouvernement français donne son feu vert. Entre-temps, les négociations ont été âpres, on s’est beaucoup rencontrés en Floride, en Californie, à Monaco ou même sur un yacht ancré dans la baie de Figari, au sud de la Corse. Les hommes de Pechiney ont d’ailleurs fait une vilaine grimace en retrouvant, le 11 août, l’élégant Samir Traboulsi à bord du yacht: « M. Gandois a jugé qu’il était suffisamment grand pour discuter directement avec Nelson Peltz », explique-t-on à Pechiney. C’est oublier un peu vite le montant de la commission de Samir Traboulsi, 1,50 % du deal, soit 12 millions de dollars ou 72 millions de francs. Un rappel: la somme encaissée en sous-main par les spéculateurs de Triangle est estimée, elle, à 60 millions de francs. Moralité: un grand intermédiaire gagne honnêtement plus d’argent que toute une bande de spéculateurs.
Le 14 novembre, Samir Traboulsi est encore un peu plus riche; mieux, il a déjà reçu sa Légion d’honneur. L’affaire du rachat de Triangle par Pechiney est conclue à 800 millions de dollars, et le gouvernement français a accepté. Mais le rachat n’est pas officiel. Et pourtant les 15, 16, 17 et 18 novembre, le « hors cote » américain va vivre quatre jours de spéculations intenses, les « quatre glorieuses ».
Dès le 15 novembre, Max Théret, homme d’affaires de gauche, financier du PS, commence à acheter Triangle. Il en obtiendra 32 300 et Roger-Patrice Pelat, ami personnel du président, reconnaît en avoir acquis 10 OOO à son compte. On pourrait les classer dans les « inspirés » du deuxième cercle, ils s’en défendent et plaident le dossier des « financiers éclairés » qui savent lire un marché et anticiper les coups. D’ailleurs ils ont acheté « en clair », à leur nom. C’est l’argument du flair et de la raison. Suiveurs éclairés ou initiés du deuxième cercle? Le débat se règlera devant la COB. Mais s’il s’avérait que d’autres actions ont été achetées avant le 14 novembre et, cette fois, pas « en clair », les inspirés du deuxième cercle rejoindraient celui du premier – celui des initiés.
Mardi, mercredi, jeudi, vendredi, journées folles à la Bourse. En quatre jours, 220 000 actions Triangle changent de main. On retrouve Max Théret et Roger-Patrice Pelat, bien sûr, mais aussi une société très discrète du Luxembourg, l’agent de change Pétrusse (15 000 actions), une société suisse, Experta Treuhand (20 000), la Banque populaire suisse (7 000), un homme d’affaires Joseph Josua (3 400), deux autres Français, Ricardo Zavala, de la société Magnin Cordelle (5 OOO), et Pierre-Alain Marsan (Société de Bourse Ferri) (5 000 actions)…C’est l’heure des suiveurs qui se précipitent quand une action file vers le ciel; c’est l’heure où dans les petits milieux boursicoteurs, aux tables de jeu et entre deux cartes, on se refile le tuyau la main en coin et la bouche gourmande. Nous sommes dans le troisième cercle où il est désormais impossible de parler de délit d’initié.
Le samedi 19 novembre, la Bourse est fermée. Michel Rocard annonce « une grande nouvelle économique pour la France ». Le lundi 21, on annonce enfin le rachat. Un mois plus tard, la SEC a envoyé son rapport et la COB ouvre une enquête, l’affaire éclate.
On épluche les actions, on retrouve les banques et les sociétés de change, on compare les conseils d’administration, leurs amis et les amis des amis. On recherche une logique qui relierait tel ou tel point de la toile d’araignée. On s’y perd. Alors on retient les trois grands cercles concentriques. A force de fouiller et de comparer, on croit deviner des pistes qui les relient aux quatre scénarios. Des hypothèses.
D’abord, la plus simple, le mariage de quelques affairistes et d’un grand initié qui a cédé à la tentation et cherché le relais de financiers rompus à ce genre d’exercice. La deuxième hypothèse taquine, elle, le monde politique et les soldats du pouvoir. Là, les hommes ne jouent pas pour eux mais pour des idées, pour leurs partis et ils contribuent à engranger des fonds qui trouveront un jour leur juste usage. Nous sommes entre politique et affaires, entre affaires et affairisme.
La troisième piste emprunte les chemins tortueux du Moyen-Orient, de ses banques et de ses conflits. On retrouve beaucoup de noms libanais chrétiens dans les trois cercles. Parce qu’ils sont des experts en finance ou que quelque chose les relie? Roger Tamraz, ex-président de la BPP – il a démissionné le 9 janvier dernier -, exagère un peu quand il affirme « ne rien connaître à la Bourse », lui qui , dit-on à Beyrouth, organisait de complexes opérations de spéculation sur le dollar pour ses amis chrétiens libanais. Les autres itinéraires sont au moins aussi complexes. Passons. Sauf que l’argent récupéré grâce à la spéculation pourrait aussi avoir servi à payer le solde dû pour la libération des otages français au Liban. Délit d’initié pour une dette d’otages? On a du mal à croire que la France n’a jamais versé de contrepartie aux ravisseurs du Moyen-Orient.
La quatrième et dernière hypothèse n’est pas la moins intéressante, elle concerne… tout ce que l’on ne sait pas. L’achat d’armes, le blanchiment de l’argent de la drogue, un deal inconnu entre deux organismes ou deux personnes. Pour l’instant, la SEC et la COB se limitent à essayer de retrouver la totalité des actions troubles de Triangle. Il s’en est échangé 320 000, on en a repéré 220 000, faites la différence. Ensuite il faudra prouver non pas le délit d’initié – évident – mais bien démontrer que quelqu’un en est directement responsable. « Ces délits d’initié sont diaboliques, s’emporte Jean Farge, le président de la COB, c’est aussi difficile à prouver que pour les présumés coupables de prouver leur innocence. »
Saluons tout de même les vrais gagnants de cette affaire: Nelson Peltz, le génie au gros noeud de cravate rouge, assis sur ses millions de dollars. Et Samir Traboulsi, accroché, lui, à sa Légion d’honneur et au bras de sa femme brésilienne, belle comme une nuit de Rio.

JEAN-PAUL MARI et THIERRY GANDILLOT


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