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Asia Bibi: l’arme du blasphème

publié le 26/02/2020 par Jean-Paul Mari

Asia Bibi travaillait aux champs avec d’autres paysannes du Pendjab. Elle va chercher de l’eau, revient, tend son bidon. Les autres femmes refusent, repoussent l’eau touchée par ses mains impures, une « eau souillée » : Asia est chrétienne.

Les autres femmes lui intiment de se convertir. Au cours de la discussion, Asia compare le Prophète et «Jésus, qui s’est sacrifié pour les péchés des hommes ». Blasphème !

Tout le village s’enflamme. Asia, poursuivie par la foule, se réfugie au poste de police. Erreur. Elle est immédiatement arrêtée. Asia, 45 ans, mère de cinq enfants, vit depuis un an en prison. Son mari, petit ouvrier dans une usine de briques, a dû s’enfuir avec ses enfants pour échapper à la vindicte populaire.

Le 8 novembre 2009, le tribunal de la province condamne la blasphématrice à la mort, par pendaison. Au Pakistan, la peine, exorbitante, est parfaitement légale. Depuis 1988, la loi antiblasphème visant les atteintes à l’islam permet de juger « tous ceux qui, par des paroles et des écrits, des gestes ou des représentations visibles, avec des insinuations directes ou indirectes, insultent le nom sacré du Prophète ».

Il y a un an, des Pakistanais descendent dans la rue pour protester contre la décision de la Cour suprême d’innocenter Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème. © AFP / Arif Ali

Le verdict prévu est toujours le même : la mort. Très vite, cette loi est devenue une véritable arme de guerre contre la minorité chrétienne, sans argent et sans poids politique, 3 millions de personnes, à peine 2% de la population. Un conflit de terres, un enseignant jalousé, le refus de payer un bakchich, tout est prétexte à dénonciation. En 2001, au cours d’une simple dispute de voisinage, un chrétien est accusé d’avoir tiré la… barbe d’un musulman, la «barbe du Prophète » !

A chaque fois, les faux témoignages et les magistrats jettent le chrétien en prison. Asia Bibi attend d’être pendue. L’opinion internationale s’est émue, et le ministre des Minorités a demandé la clémence. Mais Fazal Kareem, le chef de la coalition des groupes sunnites – 80% de la population de la République islamique du Pakistan -, a prévenu qu’une «grâce conduirait à l’anarchie ».

En clair, la foule des durs musulmans est prête à investir la rue. Ceux-là ne sont pas près de renoncer à l’arme du blasphème. En 1998, après la condamnation à mort d’un de ses fidèles, un homme désespéré par l’injustice systématique des tribunaux, face au tribunal, s’est tiré une balle dans la tête. Mgr John Joseph était l’évêque de Faisalabad.

 

Épilogue provisoire

Asia Bibi reste en danger, toujours sous la menace des islamistes, au Canada, où elle vit – son autorisation court jusqu’à la fin de l’année – et peut-être en France, où elle a demandé l’asile.

 

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publié le 05/01/2011 |

Pakistan, Irak, Égypte, Israël, Turquie, Algérie, Arabie Saoudite, Afghanistan…20 millions de chrétiens vivent dans ces pays d’Asie ou d’Orient.
Humiliés, harcelés, parfois massacrés, presque toujours poussés à l’exil, les chrétiens vont-ils, sous la pression des fondamentalismes musulmans, disparaître en terre d’islam ?


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