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Bezalel Smotrich « fasciste juif » et fier de l’être

publié le 30/04/2023 | par Jean-Paul Mari

A la fois ministre des finances et militant de l’ultra-droite sioniste religieuse, il mène une guerre ouverte contre les Palestiniens, les Arabes israéliens, les juifs réformés, la gauche, les droits des femmes et les homosexuels

Bezalel Smotrich n’est pas un simple politique du Parti Sioniste religieux.  D’abord, il le dirige. Ensuite, toute sa vie, sa carrière, sont marquées par un mot : l’intolérance, à tout ce qui n’est pas juif.

Il a 43 ans, est né d’un père rabbin orthodoxe dans une colonie religieuse du plateau du Golan, terre-frontière toujours disputée, théâtre de violents combats et qui a même donné son nom à la « guerre du Golan ». Smotrich reçoit, sans surprise, une éducation religieuse, devient élève d’une Yeschiva et, dès l’âge de 28 ans, se porte volontaire au sein de l’armée israélienne. Où l’on comprend tout de suite que l’homme ne conçoit pas la religion sans la force.

Il milite pour la ségrégation dans les hôpitaux, estimant que patients juifs et arabes ne doivent pas s’y côtoyer

Quitte à passer dans l’illégalité quand il est arrêté en 2005 par le Shin Bet en possession de plusieurs centaines de litres d’essence destinés à incendier l’autoroute où passent les colons qui se désengagent des colonies de la bande de Gaza.

Cela ne l’empêche pas de devenir, dix ans, plus tard, député à la Knesset – il sera réélu en 2019- de pousser en touche Uri Ariel, le leader du parti sioniste religieux pour prendre sa place et de tout faire pour légaliser l’annexion des terres palestiniennes.

Bezalel Smotrich se signale aussi par quelques prises de positions fracassantes et franchement réactionnaires sur les droits des femmes ou le divorce, mais se concentre surtout sur son ennemi fondamental : les Palestiniens.  Il milite pour la ségrégation dans les hôpitaux, estimant que patients juifs et arabes ne doivent pas s’y côtoyer et qu’en aucun cas une femme arabe ne doit accoucher à côté d’une femme juive.

Trois choix aux Palestiniens : rester chez eux sans droit de vote, partir avec une aide financière ou être « exterminés ».

D’ailleurs, le député a un plan, clair, simple, efficace, pour résoudre la question des Palestiniens et des Arabes israéliens. Généreux, il leur offre trois choix : rester chez eux sans droit de vote, partir avec une aide financière ou s’ils persistent à lutter, têtus, être « exterminés ».

En avril 2018, au sujet d’une Palestinienne de 17 ans condamnée et emprisonnée pour avoir agressé un soldat, Smotrich tweete qu’elle « aurait dû recevoir une balle, au moins dans la rotule ». On lui demande de retirer son tweet, il refuse.

Face aux députés arabes élus à la Knesset, il lance :  » Vous êtes ici par erreur. C’est une erreur que Ben Gourion n’ait pas terminé le travail et ne vous ait pas expulsé en 1948 »,

En octobre 2021, face aux députés arabes élus à la Knesset, il lance :  » Vous êtes ici par erreur. C’est une erreur que Ben Gourion n’ait pas terminé le travail et ne vous ait pas expulsé en 1948 », soit à la naissance de l’État d’Israël.

Deux ans plus tôt, il a fait campagne pour être nommé ministre de la Justice en vue de « restaurer le système de justice de la Torah » Échec. Il réclame le ministère des Affaires de la diaspora que même Netanyahou lui refuse pour ne pas durcir les relations avec l’étranger.

Parce que, précision, Bezalel déteste la diaspora comme il méprise tout ce qui ressemble aux juifs réformés et « leur fausse religion »

Finalement, il est nommé ministre des Transports en juin 2019 au sein du quatrième gouvernement de Benjamin Netanyahou.

« Quiconque veut protéger le peuple juif et s’oppose aux mariages mixtes n’est pas un raciste. »

Il faut dire que l’homme politique pèse lourd dans un système éclaté où même les petits partis peuvent faire éclater une coalition et chuter un gouvernement.

Et quand, en 2022, Netanyahou, qu’on disait fini, réussit à donner un grand coup d’éponge magique sur ses déboires judicaires et à revenir à la tête du pays en composant un gouvernement incluant des ultras et des fanatiques religieux, qui nomme-t-il au ministère des Finances et délégué à la Défense chargé des territoires.  ?

« Je crois aux paroles de Dieu. Je préfère que les Juifs gagnent leur vie et ne vendent pas leur maison à des Arabes »

A la tête de ces deux postes-clés, Bezalel Smotrich a des objectifs clairs : interdire les constructions palestiniennes sous contrôle israélien, soit déjà 60% de la Cisjordanie, légaliser les centaines de colonies sauvages, priver les Palestiniens de terres agricoles et tout faire pour s’écroule l’Autorité Palestinienne, qu’il qualifie d’« entité terroriste ». Le moins qu’on puisse dire est que le double ministre est cohérent avec le militant.

Et quand un promoteur juif refuse de vendre une maison à un Arabe, Belazel Smotrich le soutient publiquement : « Je crois aux paroles de Dieu. Je préfère que les Juifs gagnent leur vie et ne vendent pas leur maison à des Arabes »

Traité de raciste, il répond : « Quiconque veut protéger le peuple juif et s’oppose aux mariages mixtes n’est pas un raciste. » Et aussi : « Quiconque veut laisser les juifs vivre une vie juive sans non-juifs n’est pas un raciste ».

Il qualifie la marche des fiertés de Jérusalem d’« abomination » et de « parade de la bête ».

Avec un tel profil, il est facile d’imaginer ce qu’un ultra-orthodoxe, religieux, raciste, suprémaciste, peut penser des homosexuels ou du mouvement LGBT. Même si Belazel Smotrich arrive encore à étonner. Pour lui, ce sont certes des « anormaux » et il qualifie la marche des fiertés de Jérusalem d’« abomination » et de « parade de la bête ». Il affirme toutefois ne pas vouloir « lapider les gays » – on respire – mais se revendique comme « fasciste homophobe ».

Ce en quoi il est parfaitement en accord avec ses adversires, dont le rabbin américain David Teutsch,

de New York qui, pour la première fois, a parlé de « fascisme juif ». Mais, il l’a dit, Belazel Smotrich ne fait pas grand cas de la diaspora, même américaine.

« Le peuple palestinien est une invention » ? Tout, sauf un dérapage.

Article réalisé en collaboration avec « Le Journal »


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