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Livre Extraits Sorj Chalandon « Notre revanche sera le rire de nos enfants » Reportages Irlande du Nord 1977-2006.

publié le 06/11/2022 par grands-reporters

À la fin des années 60, l’Irlande du Nord s’embrase dans un conflit armé qui durera trois décennies. Sorj Chalandon, envoyé spécial pour le quotidien Libération fut un exceptionnel témoin des « Troubles ». Relire ses articles, c’est pénétrer au coeur des événements, percevoir et comprendre l’un des conflits les plus marquants d’Europe.

TEXTE SORJ CHALANDON      PHOTOGRAPHIES PATRICK FRILET

 

 

 

 

LIRE UN EXTRAIT

 

Belfast : après l’assassinat d’un catholique
Vendredi 31 août 1979


LE GHETTO DES « MEURTRES SECTAIRES »

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Notre envoyé spécial était hier dans un pub de Dublin. Aujourd’hui, il s’est rendu à New Lodge, un
petit ghetto catholique de Belfast où les meurtres sectaires –– assassinats en raison de la religion –– ont
été particulièrement nombreux ces dernières années.

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(Belfast, le 31 août, envoyé spécial)

C’est là qu’il est tombé. Deux hommes sont arrivés mardi dernier devant sa porte et sont repartis
à moto. Lui était étendu, une balle dans la tête. « Hardy ? Un père de dix enfants, sans histoire. Ils
l’ont tué simplement pour son appartenance au ghetto et à la religion catholique. » La jeune fille
tricote, assise sur le perron de sa maison. Elle est émue, mais pas plus que cela : l’habitude.

Ce matin, la presse britannique a parlé de lui comme d’un « sympathisant républicain provo ».
Cela a fait rire le quartier. « Ici, s’ils tuent un gosse de deux ans, ils tueront forcément un sympathisant
provo. Le quartier, de fait, porte cette marque. »

New Lodge est un ghetto. Un véritable ghetto catholique. Quelques rues sinistres
bordées de maisons de brique rouge, toutes identiques, cernées par le Belfast protestant. Falls
Road, l’artère catholique la plus importante, n’a plus de prise sur ce « petit bout de République »,
aussi est-il livré à lui-même. Au centre-ville, il faut sortir face au City Hall, puis prendre un
bus, le 35, et faire la queue entre les queues allant à Shankill, Tiger’s Bay et Belfast-est, les fiefs
protestants. Le ghetto commence là, durant cette attente.

On ne peut pas se tromper. Dans l’alignement sage des petites maisons coquettes de
New Lodge Road, il y a une rupture. À droite, tout un pâté de maisons a disparu et il ne subsiste
que quelques murs intérieurs aux papiers peints décrépits. Un pub fait l’angle, grillagé comme
un poste de police, et l’armée veille en face, de l’intérieur de son fortin. Voilà New Lodge, que
certains protestants nomment « la verrue », posée comme quelque chose de honteux au beau
milieu du quartier chic. Sur un mur, un énorme drapeau aux couleurs de la République et une
phrase : « territoire de l’IR A provisoire ».

Aux premiers pas, on comprend que l’on vient de pénétrer dans un village. Chaque
fenêtre laisse entrevoir une paire d’yeux, des hommes passent la tête au coin de la rue pour vous
voir, des femmes sortent sur le pas de leur porte. Habituellement, il pleut, mais aujourd’hui l’été
s’est abattu sur Belfast. Un soleil blanc, un ciel calme. Au moindre rayon, la vie s’expatrie dans

la rue. On y boit, on y parle, on y surveille aussi l’étranger que je suis. Les rues se ressemblent
toutes. Briques rouges, fenêtres basses, portes peintes avec soin. Quand trois voisins s’entendent
bien, ils s’amusent un peu. Porte verte, une blanche, une orange aux couleurs de la République
pour faire la nique aux Anglais. Le meurtre qui pèse sur les rues, mais pas trop. Belfast ne vire
pas à la paranoïa. Un vieux type accoudé à sa fenêtre cligne des yeux à cause du soleil. Il jure que
la peur est absente. « Nous sommes une enclave et il y a toujours la possibilité de meurtres sectaires.
S’il fallait avoir peur, ce serait tous les jours, à chaque instant. Peur de la voiture piégée, du coup de feu
bête, mais pas dans la rue, ou de la voix qui vous appelle, à deux heures du matin. Même peur de votre
présence ici. Si les loyalistes recommencent à tuer, il nous faudra réagir. Ce n’est pas dans leur intérêt et
je crois qu’ils sont même désavoués par leur propre population. On ne tue pas un catholique à cause de
sa religion, cela n’a aucun sens. Et c’est pourtant ce qui se passe. » Quand je lui demande s’il se sent
en sécurité au sein de son ghetto, il sourit : « Regarde, je prends le frais à ma fenêtre. Mais ce soir
nous ne sortirons pas et les pubs seront vides, par simple précaution. » New Lodge depuis dix ans
détient le record des meurtres sectaires.

C’est en tournant près d’une maison borgne que j’ai été entouré par une armée de gosses.
Ils venaient de partout, balai à la main, torses nus, d’une moyenne de cinq ans. C’est la fête à
New Lodge. Un festival annuel un peu triste pour les gosses avec concours de ping-pong,
élection de miss « disco », du meilleur danseur mâle, concours de chants et de langue gaélique.
Par affiche, la « communauté de New Lodge » a appelé les gosses au travail. Depuis le début
août, le ghetto est hérissé de barricades, il faut déblayer. Alors, ils déblaient. Les mêmes qui hier
jetaient des pierres aux Anglais nettoient les rues aujourd’hui des relents de bataille.

« Ça vous plaît de faire ça ?

– Bien obligé, dit un gosse en riant.

Qui t’oblige ?

– Ma mère et les gens de ma rue.

– C’est un peu inutile, dit un autre gamin, car après la fête on remettra les barricades en place. »

Pour l’instant, ils bossent, dans toutes les rues, offrant le spectacle ahurissant de
centaines de marmots en sueur, devant soulever la poussière en chantant.

Ils ont une tâche et l’accomplissent avec le sérieux du moine, le grand frère conseille la petite
sœur, la petite sœur le petit frère, et les mères passent de rue en rue, conseillant tout le monde.

Un gosse jette une pierre de l’autre côté de la rue, derrière la « ligne de paix », sorte de
mur en tôle ondulée séparant les catholiques des protestants. Tout de suite, la pierre revient et
tombe à nos pieds. «zgueule le gosse, mais une mère intervient tout de suite pour le

réprimander. « Je ne jette pas de pierres, ment-il en souriant et en faisant le fier devant ses petits
camarades, elle m’a échappé. »

Malgré leurs efforts, la rue sent encore la guerre et des dizaines de maisons éventrées
contribuent à cette impression. Qu’importe. Deux gamines accrochent des guirlandes de papier
crépon au-dessus d’une ruelle, un gosse s’entraîne au disco, seul dans une impasse sans musique,
deux autres font une course en sac dans d’énormes sacs poubelles en plastique.

Alors que je marche vers un angle de rue, un vieux me fait signe du pas de sa porte. « N’y
va pas. » À l’angle, un fusil dépasse. Je continue. Deux jeeps, des soldats à genoux et à terre qui
visent les toits. « Hé, garçon ! » Fouille en règle, papiers, adresse à Belfast et numéro de chambre
de mon hôtel. « Un conseil, me dit le fusilier, si tu veux des renseignements, va plutôt à la police.
Mais ne te promène pas dans ces quartiers, tu risques d’avoir des ennuis. ».

Quand ils me laissent partir, je suis harponné par deux petites dames.

Elles me font entrer dans leur maison et me conseillent d’attendre là que la patrouille s’éloigne.
L’une d’entre elles me fait du thé pendant que l’autre me parle du pape.

Il ne viendra pas en Irlande du Nord à cause de l’attentat contre Lord Mountbatten.
Elles sont toutes deux très déçues et trouvent très difficile d’être lésées par Rome. « C’est une
punition, c’est comme si le pape nous disait : vous n’êtes pas sages, donc je ne viens pas. » Alors elles
iront à Dublin « pour le voir, pour l’entendre parler de la réunification de l’Irlande et de la paix ».
Quand je leur demande si elles pensent que les retombées de l’opération menée par l’IRA étaient
mal calculées, elles éludent la question. La dame me sert le thé en murmurant : « Sans l’IR A, je
n’aurais même plus de petite maison aujourd’hui, ou bien je n’y dormirais pas tranquille. »

Lundi 5 août 1985
IRLANDE : LA VIERGE EN PLATRE N’A PAS LA JAMBE DE BOIS

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La rumeur galope. Dans le comté de Cork, une Vierge statufiée branle sur son socle à la nuit tombante.
Une poignée de coupeurs de miracle en quatre parle d’hallucinations. Du pub voisin en tout cas, l’affaire
après quelques pintes de bière semble parfaitement claire.

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(Ballinspittle, envoyé spécial)

Les deux femmes se font face. La première est debout, les mains jointes, enveloppée dans un
voile blanc et bleu. Vierge de plâtre que l’on croise à chaque carrefour d’Irlande que Dieu fait.
La seconde est à genoux sur le gravier, à dix mètres de la statue. Depuis près de vingt minutes,
elle fixe la petite grotte, les yeux collés à une énorme paire de jumelles noires. « C’est
imperceptible, murmure-t-elle, un mouvement dans la robe de temps en temps, un léger balancement
des épaules. En tout cas, elle bouge. »

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Apparition pour nyctalopes

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C’est un croisement de routes, au sud-est de l’Irlande, à 25 miles de Cork. À part ce trou
dans le rocher et cette Vierge au visage reposé, rien d’autre que les collines vertes, les buissons
de fleurs et le vent. Ballinspittle, le plus proche village, figure à peine sur les cartes. Une rue au
milieu des champs, quelques portes colorées de vif, une vache oubliée. Il y a deux semaines,
Kevin Hannon, un jeune garçon de 23 ans, allait bouleverser ce silence. Alors que la nuit tombe
sur le comté de Cork, il remonte la route et pose machinalement les yeux sur la Vierge illuminée.
À ses pieds, tapi dans l’ombre, le moulage dévot de Bernadette. C’est alors que la statue se met
à bouger. La tête, les épaules, et même esquisse-t-elle un petit pas de danse. Miracle ! Bien
avant que l’Église ne se penche sur la question, le pays tout entier s’empare du phénomène. Les
pèlerins arrivent à pied, en voiture, en taxi ou en car, jusque depuis les belles terres d’Irlande du
Nord.

Le premier jour, ils sont quelques centaines, une semaine plus tard plusieurs milliers,
aujourd’hui près de douze mille entassés en silence sur les trois rangées de bancs en bois, assis
sur la colline surplombant la grotte, debout sur la route ou le capot de leur voiture. Ils viennent
au milieu de l’après-midi et restent plusieurs heures sans bouger, les yeux fixés sur le plâtre en
attendant les lueurs hésitantes du crépuscule. Car la Vierge a ses heures et c’est à la nuit tombée

qu’elle se dégourdit les jambes. La femme à la jumelle s’appelle Josephine O’Leary, de Cork.
Elle vient là tous les après-midis depuis quatre jours et reste sur le banc jusqu’à 23 h 30. « Il faut
savoir observer, explique-t-elle. Notre Mère ne s’offre pas à tous les regards. Devant l’incrédulité ou
la moquerie, elle reste immobile. Hier, un groupe de jeunes est venu ici pour rigoler. Ils ont dérangé tout
le monde et la Vierge s’est contentée de son sourire habituel. Elle sait qui croit ou qui ne croit pas en elle.
Elle fera signe aux premiers seulement. »

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Gorges chaudes chez les antipapistes

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À la nuit tombée, le halo d’un projecteur vient éclairer la statue. Il y a donc cette tache
blanche, le fond de la grotte noir, l’ombre mouvante du lierre qui tapisse l’entrée du roc, la
couleur grise du jour finissant qui, uniformément, recouvre tout, du ciel aux prés, de la pierre à
la terre, et le scintillement hypnotique de la pluie. Les milliers de visages sont tendus vers la
Vierge, des milliers d’yeux plissés rougis, écarquillés. Spectacle hallucinant. Une mère explique
à sa fille que l’effet est plus fort si on cache l’œil droit avec la main. Une vieille dame très myope
a carrément ôté ses lunettes, un jeune enfant se frotte les yeux avec les poings, fixe un instant la
statue, frotte encore, fixe une nouvelle fois, dit « elle bouge » et prend une claque. La foule prie,
à voix haute et les mains jointes. Parfois, un flash d’appareil photo, un gamin qui crie alors au
miracle et quelques rires contenus avant que des milliers de « chut » ne viennent ordonner le
silence.

Il n’est plus besoin de dire que la statue bouge, car le fait est désormais acquis. Elle
bouge. « Elle se déplace d’un bout à l’autre de son socle », affirme Siobean Sullivan. Sa sœur Naoime,
un drôle de sourire dans les yeux, jure : « parfois je vois le visage de Notre Seigneur à la place du
sien, puis le sien réapparaît ». Robert Sloane hausse les épaules : « bien sûr elle bouge ». Le doigt
tendu, une main dans la main de sa femme, il commence la gymnastique divine. « Là, l’épaule
droite… Le bas de la robe, le visage. Tenez, elle tourne la tête. » Pas assez concentré, probablement,
la statue pour moi reste de plâtre. Ils sont désormais des centaines à affirmer l’avoir vue bouger.
Dans les bus spéciaux qui relient Cork à Ballinspittle, tous les soirs à 20 h, on ne parle plus que
de cela, à la manière détachée du spectateur ravi du film qu’il vient de voir. « Tu n’as pas remarqué
quand son sourire s’est agrandi ? » « Non. Tu sais, il y a des moments où je regardais ailleurs. »
Bernadette, elle, il faut le noter pour la crédibilité du miracle, reste de glace.

L’Église se met en branle pour couper court à toute tentative d’officialiser le phénomène.
Déjà, en Irlande du Nord, les journaux protestants les plus sectaires se tapent sur les cuisses.
Non seulement les papistes adorent les statues, mais, en plus, ils leur prêtent vie. La hiérarchie

catholique réagit en se déclarant très sceptique et affirme, refusant toute autre forme de
commentaire, que l’enquête sera longue avant d’infirmer ou de confirmer le caractère miraculeux
des visions. De cet avis, les Irlandais n’ont que faire et le lieu de pèlerinage ne désemplit pas.
Aujourd’hui lundi, les deux cabines téléphoniques flambant neuves installées samedi au pied de
la grotte seront en état de fonctionner. Les trois pubs du village regorgent de monde et c’est
parfois sur le trottoir qu’il faut finir son verre. Les vendeurs de frites ambulants confortent la
foule dans ses visions en recomptant la monnaie, les touristes affluent, tout étonnés de se
retrouver si nombreux au beau milieu de la verdure.

Logiquement, la science vint à s’en mêler. Ils sont quatre, l’air triste à en crever, sérieux
et méfiants comme des explorateurs en terre hostile, débusqueurs de psychoses collectives
comme d’autres peuvent l’être de fantômes de cinéma. L’équipe de choc du département de
psychologie à l’université de Cork est sur les lieux.

Les quatre sceptiques observent, comparent, sourient, évaluent et concluent à l’illusion
sans toutefois heurter de front les croyances. « Il suffit de fixer un objet quelques minutes en pleine
lumière pour que celui-ci change d’aspect. L’homme est un animal de jour. Or, c’est la nuit que la statue
bouge. Lorsque l’environnement est uniformément gris, les yeux sont fatigués. Nous avons vu des
hommes bouger sur eux-mêmes, osciller lentement en étant certains que la statue seule imprimait le
mouvement. »

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La bière, amie des visionnaires

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Mais ni la religion, ni la science ne viendront à bout du miracle. « Tout ça, explique un
habitant du village, c’est une triste histoire commerciale. Vous, en France, vous avez Lourdes. Nous
avons en Irlande la grotte de Knock, dans le comté de Mayo, où la Vierge est apparue à un habitant.
Deux millions de fidèles s’y rendent chaque année. Rome a probablement décidé qu’un seul miracle par
pays c’était bien suffisant, mais nous ne nous tairons pas. » Au contraire même, ils font des émules.

Pris d’une gigue soudaine, d’autres statues irlandaises ondulent sur leur socle. Trois filles
d’Asdee, comté de Kerry, ont vu Jésus et sa mère remuer dans la nef de l’église. La statue de
Ballydesmond (Cork) est en train de bouger. Un prêtre catholique et un jeune témoin protestant
ont juré, et une centaine de personnes avec eux, que la Vierge en plâtre de Courtmacsherry
« ondoyait de gauche et de droite » —– événement, il faut le dire, qui coïncide heureusement avec le
festival annuel du village.

Au pub de Ballinspittle, on se moque des contrefaçons. Cette Vierge-là a été érigée en
1954 par Robert Nash, le patron du bar, et les consommateurs, aujourd’hui, le lui rendent bien.

Avant même que les inévitables chansons ne soient écrites, voici la première blague sur
l’apparition, tout droit sortie de la mousse des pintes de bière. Un type arrive en face de la Vierge
en plâtre et lui dit : « Est-ce bien vrai que tu bouges ? » La Vierge hausse alors les épaules et secoue
la tête négativement. « C’est bien ce que je pensais. », bougonne le type en quittant la grotte.

Et puis, au sortir du pub, où un prêtre déboutonné conversait avec une femme, Niall
Healy, la soixantaine gaillarde, m’a enseigné la vraie manière de regarder les choses. En me
tenant par l’épaule, en équilibre instable sur la colline dominant la foule bourdonnante, il m’a
demandé de ne fixer qu’une seule partie de la statue, les mains, et de concentrer toute mon
attention sur les gestes de prière. Et là, à travers les brumes de bière, soudé contre l’anorak délavé
d’un compagnon de verre, je jure qu’après quelques instants d’indifférence, la Vierge en plâtre
de Ballinspittle a bougé.

 

Provisionnal IRA during the 60th anniversary of Easter commemorations in Milltown cemetary, Belfast, Ulster, Northern Ireland, UK – 18/04/1976

 

CHRONOLOGIE D’UN CONFLIT

– 1921 : l’Irlande est coupée en deux à la suite d’un accord entre Londres et Dublin. Les six provinces du nord de l’île restent britanniques.
– 1968-69 : Mouvements des droits civiques visant à protester contre la « discrimination » envers les catholiques. Des émeutes sont réprimées par l’armée britannique.
La suite après la publicité

– 30 janvier 1972 : 470 personnes meurent lors d’une escalade des violences, dont 14 tuées par des parachutistes britanniques lors d’une manifestation de catholiques à Londonderry. Une enquête rapide exonère l’armée britannique pour le « Bloody Sunday » (« dimanche sanglant »).
– 1997 : le Premier ministre Tony Blair invite le Sinn Féin (catholique séparatiste) à la table des négociations à condition que l’IRA (Armée républicaine irlandaise) déclare un cessez-le-feu.
– Janvier 1998 : Tony Blair ordonne le lancement d’une enquête publique sur le « Bloody Sunday ».
– 10 avril 1998 : signature d’un accord de paix prévoyant le partage du pouvoir entre protestants et catholiques au sein d’institutions semi-autonomes, dont une assemblée et un gouvernement d’Irlande du Nord.

– 15 août 1998 : l’explosion d’une voiture piégée fait 29 morts à Omagh. Cet attentat de l’IRA-Véritable, un groupuscule farouchement opposé aux accords de paix, est le plus meurtrier de l’histoire du conflit.
– 2 décembre 1999 : début de l’autogestion de l’Irlande du Nord pour la première fois depuis 25 ans.
– 23 octobre 2001 : l’IRA entame son désarmement.
– 2005 : l’IRA donne l’ordre à ses militants d’abandonner la lutte armée.

– 2006 : signature à Saint-Andrews, en Ecosse, d’un protocole d’accord en vertu duquel le Sinn Féin accepte l’autorité de la police nord-irlandaise et un partage du pouvoir.

- 2007 : inauguration à Belfast d’un gouvernement partagé, avec Ian Paisley comme Premier ministre et Martin McGuinness, numéro deux du Sinn Féin, comme vice-Premier ministre.

- 5 juin 2008 : Peter Robinson succède au révérend Paisley.
– 7 mars 2009 : deux soldats britanniques sont tués par deux tireurs masqués devant une caserne près de Belfast. Le groupuscule dissident de l’IRA, l’IRA-Véritable, revendique l’attaque.
– 9 mars 2009 : un policier est tué par balle dans un quartier à majorité républicaine près de Belfast. Le meurtre est revendiqué par un autre groupe dissident, l’IRA-Continuité.

- 5 février 2010 : un accord est conclu sur la dévolution de Londres vers Belfast des pouvoirs en matière de justice et de police, ultime étape du processus lancé par l’accord du Vendredi saint.
– 15 juin 2010 : publication du rapport d’enquête sur le Bloody Sunday.


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