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Rambo

publié le 24/03/2010 | par Carole Dromer

Carole Dromer est médecin, longtemps « voltigeuse d’urgence » pour Médecins du Monde, c’est à dire envoyée en urgence sur tous les terrains de guerre et de catastrophe. De cette expérience exceptionnelle, elle a rapporté des images très fortes, quelques cauchemars et l’envie irrépressible de faire partager sa mémoire. Pour dire les choses, de véritables reportages, vus et vécus, Carole le médecin a choisi…le Slam. Grands-Reporters publie ses textes, forts, riches de poésie et d’humanité. A suivre !


Rambo

Installé dans un village, les habitants ses otages,

Rambo, c’était son nom, ne faisait que des carnages.

Quand nous passions, bon sang, il nous arrêtant tout le temps,

Il disait qu’y avait des malades, Rambo pourquoi tu mens ?

Tu sais bien qu’ils sont blessés par ton acharnement :

Une jambe cassée, une oreille coupée, un nez amputé,

Une peau lardée, des aisselles brûlées, un dos fouetté.

Je préfère m’arrêter là, je veux vous épargner.

Installé dans un village, les habitants ses otages,

Rambo, c’était son nom, ne faisait que des carnages.

Imprévisible, il commandait une armée d’enfants

Qui n’étaient pas, tu m’entends, selon lui, des enfants

Puisqu’ils étaient des soldats et en plus obéissants.

Cet inventaire à la Prévert dont je parlais avant

Etait asséné par ces enfants soldats combattants,

Dominés par Rambo, ce psychopathe tout puissant.

Je ne le sais pas encore mais, en moi, insidieusement

Quelque chose naît et grossit, un grave ressentiment.

Installé dans un village, les habitants ses otages

Rambo, c’était son nom, ne faisait que des carnages.

Chaque blessé ramassé était muré dans la peur,

Sans voix et sans même un gémissement de douleur,

Figés dans une attitude hallucinée d’horreur.

Les semaines passent, ce village, ces blessures, ce carnage…

Un matin, soudain, c’est l’orage, j’ai la haine, la rage,

J’ai envie de tuer, de le tuer, de le sortir du paysage.

Il est debout devant moi, disant qu’ya un malade,

Je regarde sa kalach, dans mon cerveau c’est la tornade ;

Pourquoi c’est pas moi qui ai cette arme ? Je bug sur cette image,

Ya comme un blocage, la suite est comme un trou dans la page ;

Le malade c’était lui, je garde ça en héritage.


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