Série « Les populistes ». Giorgia Meloni « Io sono Giorgia »(2)
par Marcelle Padovani
Elle a parlé haut et fort mais se fait discrète, part en guerre contre les institutions mais respecte l’Europe et soutient l’Ukraine. Elle a fondé les « Frères d’Italie », d’extrême-droite, admire Mussolini mais continue à accueillir les migrants, se défend d’ être post-fasciste et se voit menacer sur sa droite par Salvini le dur. Entre dame de fer et dame de feutre, qui est Giorgia Meloni?
« Je suis Giorgia » : c’est le titre du livre que Giorgia Meloni a publié il y a deux ans, un best-seller de 169 000 exemplaires vendus pendant ses six premiers mois au Palazzo Chigi, la Présidence du Conseil. Un parcours d’« underdog », c’est le terme qu’elle emploie pour y raconter qu’elle s’est toujours vécue comme une « laissée pour compte ». Mais pour dire aussi en passant combien elle s’aime.
En faisant la liste de ses idoles, on mesurera la force de son autosatisfaction. Elle aime l’empereur Frédéric II, Napoléon, évita Péron, le pape Jean Paul II, et l’acteur Clint Eastwood.
Elle adore les grandes boucles d’oreille, larges comme des étriers qui accompagnent chaque mouvement de sa chevelure blonde ; les talons aiguille de douze centimètres -un peu compliqués tout de même sur les pavés romains, mais qu’importe ! – les réseaux sociaux pour « liker », « aimer » les footballeurs de la Lazio, équipe qui n’hésite pas à revendiquer sa filiation de droite.
Elle admire, et essaie d’imiter un as de la politique dont elle fut la principale opposante, Mario Draghi, son prédécesseur au Palazzo Chigi qui fut président de la BCE ( Banque centrale européenne) professeur des universités, haut fonctionnaire.
Économiste devenu homme d’État italien, il a su faire respecter l’Italie en Europe, contrôler l’inflation, s’insurger contre les politiques d’austérité, et défendre les valeurs de la démocratie et de la liberté aux côtés de la résistance ukrainienne. Un modèle, qu’elle s’emploie à suivre.
« God, honour, country » (« Dieu, honneur et pays »)… Giorgia Meloni rappelle volontiers ce slogan qui la fascine, comme il plaisait à Ronald Reagan. Elle aime plus que tout sa fille Ginevra, 7 ans, et son compagnon depuis huit ans, le journaliste Andrea Giambruna 42 ans.
Elle vient d’ailleurs d’annoncer publiquement qu’elle épouserait bientôt ce journaliste de télévision qui prétend voter pour… la gauche, ne pas être croyant et avoir des idées plus progressistes que sa compagne.
Et puis il y a Roma, bien sûr, sa ville natale, qu’elle admire et son quartier très bourgeois de La Camilluccia où elle est née en 1977avant de l’abandonner pour les rues populaires de La Garbatella en 1980. Abandonnée par un pater familias pas fiable, la famille a survécu grâce aux romans roses qu’écrivait sa maman.
Giorgia a d’ailleurs raconté, cette courageuse mamma, et la drôle de vie des mauvaises années : « Nous n’avions pas d’argent pour changer la chaudière, nous prenions des douches froides, notre appartement n’était pas chauffé en hiver ». Époque qu’elle appelle l’« underdog », entre opprimée et perdante.
Giorgia a donc une bio parfaite pour jouer les marginalisées. Elle peut légitimement raconter son parcours politique, son engagement dès l’âge de 15 ans, en 1992 pour soutenir l’offensive de l’Etat contre les mafias. Puis la création en 2012 de son parti actuel « Fratelli d’Italia » ( Les frères d’Italie), après avoir été élue député en 2006. Avant d’être choisie par Berlusconi comme ministre de la Jeunesse en 2008. Le départ de la fusée qui la mènera au sommet.
Et voilà, côté pile, il y a Giorgia l’opprimée qui se bat, la perdante qui finit par gagner… belle histoire, non ?
Dommage qu’il y ait l’autre face de Giorgia, un peu plus sombre…
À suivre…
par Marcelle Padovani
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