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Série : Giorgia Meloni : une bête noire nommée Salvini (4)

publié le 15/08/2023 | par Jean-Paul Mari

Elle a parlé haut et fort mais se fait discrète, part en guerre contre les institutions mais respecte l’Europe et soutient l’Ukraine. Elle a fondé les « Frères d’Italie », d’extrême-droite, admire Mussolini mais continue à accueillir les migrants, se défend d’ être post-fasciste et se voit menacer sur sa droite par Salvini le dur. Entre dame de fer et dame de feutre, qui est Georgia Meloni?

Salvini… S’il existe un « conservateur non éclairé » en Italie, c’est lui. Et l’adjectif populiste ne fait pas peur. 50 ans, patron de la Ligue, détenteur de 9 % des suffrages et de 66 députés aux élections de 2022, vice-président du Conseil et ministre des Infrastructures, il passe le plus clair de son temps à sillonner la Péninsule, à la recherche anxieuse d’un thème démagogique qui amplifierait le consensus autour de son nom.

Qu’importe qu’il s’agisse d’un simple défouloir anti-establishment ou d’un prétexte grossier pour apparaître comme bâtisseur d’empire ! Un exemple ? La pub quasi quotidienne qu’il fait pour la construction du pont sur le détroit de Messine , projet grandiose que les différents exécutifs italiens brandissent puis renvoient systématiquement depuis quatre décennies, en raison de ses couts excessifs.

Pour Salvini, c’est surtout l’occasion de cracher une moyenne de 10 messages internet par jour, relayé aussitôt par les télés pour son parler relativement simple.

Sans retenue, il se répand aussi dans la presse people , en compagnie de sa fiancée Francesca Verdini , fille d’un ex-comptable et ex-parlementaire berlusconien , condamné à 4 ans de prison pour banqueroute et accusé d’avoir inventé la « loge maçonnique P3 », ainsi nommée à la suite de la tristement célèbre loge P2 (Propaganda 2) de Licio Gelli, à l’ordre du jour pendant les années 70-80.

Gênante cette condamnation ? Pas du tout. En bon, authentique et revendiqué populiste, Salvini peut même trouver utiles les mésaventures judiciaires. Façon Trump. Quel meilleur passeport électoral que celui qui vous définit comme le jouet d’une injuste persécution , une victime innocente du « Système » ? Il sait étaler à la perfection sa vie privée , se vendre comme persécuté , dans un rôle de leader consacré de l’antiélitisme et de l’anti-establishment.

Matteo Salvini étale par ailleurs ses soutiens internationaux. Par exemple : sa relation privilégiée avec Wladimir Poutine. Allant jusqu’à dénoncer les « injustes sanctions occidentales à la Russie », lui aurait bénéficié de nombreuses aides , même en espèces sonnantes et trébuchantes , de la part du Kremlin.

En 2014, en voyage à Moscou, il exulte :  « Je me sens mieux à Moscou qu’à Rome » et se fait croquer sur la place Rouge avec un tee-shirt où trône un portrait de Poutine en soutenant que telle est « la meilleure réponse aux eurocrétins qui jouent à la guerre contre la Russie ».

Dès septembre 2015, en pleine campagne électorale américaine, il proclame : « Si je dois choisir entre Obama et Poutine , je choisis Poutine pour la vie ». Et écrit en décembre 2016 : « Vive Trump ! Vive Poutine ! Vive Le Pen et vive la Ligue ! »

Bon, arrêtons-là, la coupe est pleine.

Sa meilleure alliée , sa copine , sa camarade et son alter ego , son modèle absolu , qu’il chouchoute à la moindre occasion , est évidemment Marine Le Pen. Comme elle, il a décidé d’être « solidaire avec les policiers et les maires français contre la violence des jeunes d’origine arabe ». Comme elle, il ne veut pas entendre parler à Bruxelles d’un quelconque rapport avec les socialistes , les sociaux-démocrates , ou les macroniens.

Lors d’une rencontre vidéo du 3 juillet , Salvini et Le Pen ont proposé une réunion de tous les leaders du groupe « Identité et démocratie » , sur une ligne anti-européenne, en compagnie de l’Autriche, de la Hollande, de l’Allemagne.

Deux eurodéputés de la Ligue ont publié, eux , un manifeste: « Nous refusons de penser que quelqu’un qui se dit “de centre droit” puisse préférer Macron à Marine Le Pen ». Suivez leur regard : qui visent-ils si ce n’est Giorgia Meloni en personne, elle qui ,malgré les polémiques, préfère visiblement Macron à Le Pen ?

Diagnostic d’un sénateur allié au Parti démocrate : « les pires ennemis de Meloni sont dans les rangs de la majorité ».

Voilà « la Giorgia » prévenue !

A suivre…


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