Série « Les populiste ». Donald Trump, président putschiste (3)
par Valérie Lecasble
Il électrise la moitié de l’Amérique, mais révulse l’autre moitié. Il casse les codes, le pays, la morale, le réel, marche sur les faits et les hommes, ment comme il respire, triche, harcèle, escroque, menace, et se pose en victime du grand méchant loup du «système»… Portrait
Le 6 janvier 2021, ils sont des milliers à manifester et parmi eux plusieurs centaines à lancer un assaut contre le Capitole. C’est le jour où doit être officialisée la victoire à la Présidence des États-Unis du démocrate Joe Biden. Les émeutiers laissent éclater leur colère. Après le décompte suspense de plusieurs semaines, Donald Trump est annoncé battu. Les résultats des urnes, un État après l’autre, ont acté sa défaite.
Il crie au complot, dénonce les mensonges et les trucages orchestrés depuis l’État Fédéral pour le faire tomber. Sa victoire lui a été volée ! À coup d’invectives, Donald Trump chauffe ses partisans et fait monter la pression dans tout le pays.
Secrètement, il actionne la rébellion. Il mobilise en sous-mains des hordes de manifestants qu’il incite à envahir le Congrès. L’Amérique assiste ébahie à une inimaginable tentative de sédition presque un coup d’État. Les forces de l’ordre sont débordées. Les rebelles pénètrent dans les bureaux de la Chambre des Représentants, jusqu’à celui de Nancy Pelosi, sa Présidente démocrate. Il faudra attendre tard dans la nuit pour que le calme revienne. L’investiture de Joe Biden est alors votée par …306 voix contre 232.
Cet épisode peu glorieux de l’histoire des États-Unis va laisser des traces indélébiles. Pour le peuple américain, elle acte un climat de violence sans précédent contre les institutions. Au sein du Parti Républicain, elle officialise la rupture. D’un côté, les traditionalistes qui restent adeptes de l’ordre et du respect de la Constitution, condamnent l’attaque du Capitole et reconnaissent la victoire de Joe Biden.
De l’autre, les partisans de Donald Trump demeurent convaincus qu’on leur ment et sont prêts à bafouer les règles démocratiques pour obtenir réparation. Cette fracture va donner libre cours au discours développé par QAnon, une mouvance conspirationniste d’extrême droite qui promeut des théories du complot selon lesquelles une guerre secrète opposerait Donald Trump à certaines élites du gouvernement, des milieux financiers et des médias.
Cette théorie complotiste digne des romans noirs américains va permettre à Donald Trump de se maintenir au sommet de sa popularité. Plus il se décrit comme une victime sans cesse persécutée, plus il progresse dans les sondages.
D’autant que les affaires se multiplient ! Une stripteaseuse, Stormy Daniels, de son vrai nom Stéphanie Clifford, se souvient avoir rencontré Donald Trump en 2006 lors d’une partie de golf au bord du lac Tahoe, proche de la Californie. Le Président américain est jeune marié depuis un an à Melania. Stormy aurait alors accepté une relation sexuelle avec lui en échange de la promesse -non tenue- de participer à l’émission de téléréalité « The Apprentice ».
Pendant plusieurs mois, le milliardaire et l’actrice auraient continué à se fréquenter. Dix ans plus tard, lors de l’élection présidentielle de 2016, l’avocat de Donald Trump Michael Cohen, plus connu sous le nom de « pitbull », aurait monnayé son silence contre le versement de 130 000 dollars. Un accord que le Wall Street Journal révèlera deux ans plus tard. Ce qui vaudra trois années de prison à l’avocat et le placement en état d’arrestation de l’ex-Président avec photo et relevé d’empreintes digitales par le procureur de Manhattan.
Plus grave, il fait l’objet de multiples poursuites judiciaires pour ses déclarations d’impôt ou parce qu’il aurait emporté des documents classifiés après avoir quitté la Maison Blanche. Défense de Trump devant ses partisans ? : « Manifestez et reprenez notre nation! »
Last but not least… le 1er août, l’actuel favori des primaires républicaines a été inculpé pour sa tentative de rester au pouvoir malgré sa défaite, et son rôle dans l’assaut donné le 6 janvier 2021 par ses partisans au Capitole de Washington. Une accusation suprême de « Complot à l’encontre de l’Etat américain ».
Le 14 août, après le parquet de New-York la justice fédérale à deux reprises, c’est la procureure du Fulton en Géorgie qui obtient la mise en examen du président déchu ainsi que de dix-huit figures de son entourage, dont son ex-conseil Rudy Giuliani et le secrétaire général de la Maison Blanche, Mark Meadows. Avec ses complices, Trump aurait œuvré deux mois durant, à l’hiver 2020, pour reprendre à son adversaire Joe Biden une élection qu’il venait de perdre dans les urnes.
Faux témoignages, pressions exercées sur des élus, tentative de falsification du collège électoral, harcèlement, intimidation, obstruction à la justice ou même vol de données personnelles d’électeurs après s’être introduits illicitement dans le système logiciel de machines à voter…tout y est.
Coup final et fatal?
Pas du tout. Toutes ces accusations… apportent de l’eau à son moulin! « Nous démolirons l’État profond, nous expulserons les bellicistes, nous chasserons les mondialistes, nous chasserons la classe politique qui déteste notre pays », lance-t-il en mars 2023 à la Conférence sur l’action politique conservatrice.
Il s’y montre en pleine forme. Entouré de son clan, son fils, Donald Jr, sa belle-fille Lara Trump, son plus proche conseiller Steve Bannon, son soutien conspirationniste Mike Lindell et le brésilien, l’ex-Président Jair Bolsonaro. Avec eux, qui pourra lui résister ?
Dans la course à la Présidentielle de 2024, il n’est plus un candidat républicain mais une superstar.
A suivre …
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