Série : « les populistes ». Donald Trump, son meilleur ennemi (fin)
par Valérie Lecasble
Il électrise la moitié de l’Amérique, mais révulse l’autre moitié. Il casse les codes, le pays, la morale, le réel, marche sur les faits et les hommes, ment comme il respire, triche, harcèle, escroque, menace, et se pose en victime du grand méchant loup du « système »… Portrait
Il électrise la moitié de l’Amérique, mais révulse l’autre moitié. Il casse les codes, le pays, la morale, le réel, marche sur les faits et les hommes, ment comme il respire, triche, harcèle, escroque, menace, et se pose en victime du grand méchant loup du « système »… Portrait
L’Amérique est au pied du mur face à un choix cornélien de société. Traversée par des élans conservateurs qui la ramènent des siècles en arrière, elle devra décider au cours des prochains dix-huit mois si elle souhaite ou non continuer d’aller de l’avant. Sur le droit des femmes, l’avortement, l’égalité, la voilà fracturée, bousculée par des vents contraires. Engagée loin dans la libéralisation de la parole et des mœurs, elle a vu le wokisme s’emparer de ses universités après le mouvement Black Lives Matter.
Il s’agit là de promouvoir une prise de conscience des injustices sociales et des questions raciales. Pour donner toute sa place à l’individu, certaines règles qui unissaient le pays sont balayées. La mise en valeur de chaque particularité revient à gommer tout projet collectif.
Face à ce mouvement nouveau de modernité, les conservateurs s’insurgent. Ils surfent sur la provocation et la persécution que revendique Donald Trump pour alimenter le terreau d’un populisme réactionnaire. Les deux Amériques sont si fracturées et se haïssent désormais tellement qu’elles ne peuvent plus se parler. L’incompréhension est totale. Chaque camp s’est comme enfermé dans son discours particulier devenu abscons et insupportable pour les autres.
Voilà la grande faille de Donald Trump. Certes, il électrise les Républicains. Mais peut-il embarquer tout le pays ? Aurait-il la moindre chance de réconcilier les deux camps ? Il est le plus clivant, le plus incontrôlable, le plus détesté des candidats possibles à la Présidentielle.
Sa façon de fanfaronner et de mentir à tout bout de champ empêche toute argumentation rationnelle. Tout projet raisonnable. En réalité, il fait peur. À ses opposants et même à une fange non négligeable du parti Républicain qui aurait rêvé d’un autre candidat plus rassembleur. Ne parlons pas des Démocrates qui peinent tant à comprendre comment leur Amérique du progrès et de la démocratie en est arrivée là.
Alors la baudruche peut-elle se dégonfler ? Les Américains peuvent-ils s’inquiéter d’un avenir incertain dirigé par une personnalité aussi imprévisible qu’incontrôlable ?
L’histoire retiendra que Donald Trump est le docteur génial qui a dit à son peuple de s’injecter de l’eau de javel pendant l’épidémie de Covid. L’écologiste avisé qui a jugé les lave-vaisselle à basse consommation si inefficaces qu’il dit les faire tourner dix fois ! Et le météorologue sans failles qui a obligé son équipe à modifier avec un marqueur la trajectoire d’un ouragan pour éviter de lui faire perdre la face sur un faux tweet…Qu’importe !
Le sursaut est encore possible. Quel autre candidat plus convaincant avec un projet constructif – Trump n’en a pas pour l’instant – pourrait-il lui ravir de faire en tête la course à la Présidentielle ?
Joe Biden a déjà affirmé qu’il serait candidat. En 2024, il aura 82 ans et on le dit vieillissant. Mais il a un bon bilan, une équipe, de l’expérience, des valeurs. Et il réussit. Si ce n’était lui, un autre pourrait surgir. Deux ans avant son élection en 2016, personne ne misait un kopeck sur Donald Trump. Espérons qu’il trébuchera d’ici 2024. Car après tout, le meilleur ennemi de Donald Trump pourrait bien être… Donald Trump.
Portrait réalisé en collaboration avec lejournal.info
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