Trop chaud à Bassora
Iraq, avril mai 2003
Il faisait beaucoup trop chaud en mai à Bassora ;
L’eau manquait, dans la ville sévissait le choléra ;
Les nuits, le ventilateur s’arrêtait, « caraba mafi ! »
Alors on se réveillait en sueur, collés au lit.
Il faisait beaucoup trop chaud en mai à Bassora ;
Les ordures s’amoncelaient, elles attiraient les rats.
Les nuits les armes se réveillaient, claquaient comme un défi,
Alors dans l’escalier on rampait pour se mettre à l’abri.
Il faisait beaucoup trop chaud en mai à Bassora ;
D’épaisses fumées noires, acres nous piquaient la gorge parfois.
En début d’après midi on cherchait le sommeil,
Mais comment s’endormir dans une atmosphère pareille ?
Alors, je songeais fort à une forêt : je m’y promène
Il fait bon sous l’ombre des grands arbres, je suis sereine.
Doucement le vent se lève et la pluie approche,
Les gouttes cliquent sur les feuilles luisantes et mouillent la roche.
Le soleil perce, du sol s’élèvent des volutes de brume,
J’attends l’odeur de la terre mouillée, la terre qui fume ;
La voilà, elle monte, je la sens, la hume et la respire,
Je la respire encore et m’endors dans un soupir.
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