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En Ukraine, le délicat retour des vétérans à la vie civile (Prix Albert Londres 2019)

publié le 12/11/2019 | par Benoit vitkine

Quelque 350 000 hommes et femmes ont combattu ces dernières années. Leur retour est compliqué dans une société ukrainienne qui les perçoit souvent comme une menace.


C’est donc cela, un chien de guerre. Un corps rempli de ferraille, des jurons de caserne, des placards garnis de bouteilles et de viseurs de haute précision… Vladimir Vlasenko coche toutes ces cases, auxquelles on peut ajouter une femme prête à fuir dès que s’annoncent un visiteur et le douloureux déballage des souvenirs.

Vladimir Vlasenko, 55 ans, gueule cassée et main atrophiée, a surtout connu plusieurs champs de bataille. Ancien du conflit afghan (1979-1989), auquel il a participé côté soviétique, militaire en retraite, il pensait rester à l’écart de la guerre qui s’est abattue sur son nouveau pays, l’Ukraine, en 2014. Cultiver son potager et ne pas prêter attention aux rumeurs du conflit qui débutait à une centaine de kilomètres de sa ville d’Houliaïpole, dans cette région du Donbass sur laquelle fondaient les séparatistes prorusses et leurs parrains de Moscou.

Vladimir a tenu jusqu’en 2016, lorsqu’il est reparti pour prendre la tête d’un groupe de snipers. « Je sais ce que c’est la guerre, lâche l’ancien combattant dans sa cuisine proprette, trop petite pour son corps sans cesse en mouvement. Une médaille, et à côté de ça, du sang, de la merde et de la boue. Mais tout ça me perturbait trop. Les Russes ont pris la Crimée, le Donbass, et ensuite quoi ? C’est chez moi que j’allais faire la guerre contre eux ? En Afghanistan, j’obéissais aux ordres, là j’ai choisi d’obéir à ma conscience. »

Ces mots, simples ou recherchés, ils ont été prononcés dans des dizaines de
foyers d’Houliaïpole, ville typique de celles qui ont payé un lourd tribut à la
guerre : rurale, pauvre, située en Ukraine centrale où l’on parle le patois sourjik,
mélange de russe et d’ukrainien… De villes comme Houliaïpole sont partis
nombre d’engagés volontaires ; celles-ci ont ensuite été le vivier des six vagues
successives de mobilisation imposées par les autorités jusqu’en juin 2015
(depuis, seuls les contractuels volontaires partent au front).

Depuis qu’il est revenu chez lui, après une blessure reçue en mai 2017 et neuf
mois passés à l’hôpital, Vladimir Vlasenko n’a trouvé aucun travail. « Les
employeurs ont peur, on est vus comme incontrôlables. » À vrai dire, on ne le lui
dit pas, mais on comprend un peu ces employeurs effarouchés. La guerre suinte de chaque pore de sa peau, elle brille dans ses yeux qui ne cessent de fureter.
Quand il évoque l’avenir, Vladimir confie : « Je sais que je ne mourrai pas dans
mon lit ; ma seule peur c’est de savoir si j’arriverai à cacher ma famille, le jour
où ce sera nécessaire, et à trouver une arme à temps. »

Le retour des guerriers. Comme tous les pays qui ont connu la guerre, l’Ukraine
y est confrontée. Des Vladimir Vlasenko, archétype du vétéran brailleur et agité,
tous les États ou presque en ont connu. En Ukraine, la question est particulièrement brûlante. En 2014, le pays n’était pas prêt au conflit : son
armée, affaiblie par des années de gabegie et de corruption, n’était pas même
capable de fournir habits et nourriture convenables à ses soldats. Cinq ans plus
tard, comment l’Ukraine pourrait-elle être prête à accueillir ceux qui ont
combattu ? Et s’ils venaient à demander des comptes à cet État si imparfait
qu’ils ont défendu ?

Quelque 350 000 hommes et femmes sont passés par les tranchées du
Donbass, ont connu les batailles de chars dans la neige, les étés étouffants
dans la steppe. Sans compter les quelque 40 000 soldats encore déployés en
permanence à l’Est. Dans toutes les villes d’Ukraine, les vétérans forment une
nouvelle couche de la société, perçue le plus souvent comme menaçante. En réalité, signe supplémentaire de la désorganisation du pays, même les
chiffres posent problème. À Houliaïpole, il y aurait 350 vétérans, sur une
population totale de 16 000 personnes. Mais les chiffres ne prennent pas en
compte Sacha Ianouchkevitch, et d’autres encore ont peut-être été oubliés…

 

Visage d’ange au regard étonnamment voilé, Sacha aurait du mal à dire
pourquoi il s’est engagé, si ce n’est qu’il est issu d’une famille de militaires et
qu’à 20 ans et des poussières, dans une ville comme Houliaïpole, on a peu de
chance de voir du pays ou même la couleur d’un emploi. Lorsque Sacha a signé
son contrat, à l’été 2017, celui-ci stipulait qu’il serait stationné sur une base en
Ukraine occidentale, simple cuisinier. Le jeune homme s’est retrouvé au front, cuistot le matin, combattant l’après-midi. Ce statut, qui lui donne théoriquement le droit à quelques avantages sociaux, l’armée le lui refuse : à lui de prouver sa qualité de participant aux opérations militaires.

Dans ces conditions, comment ne pas cultiver de la rancœur ? Comment
continuer de croire à un pays qui vous rejette après que vous l’avez défendu ?
Un pays toujours aussi corrompu où, pendant que vous rampiez dans la boue,
les oligarques, petits et grands, poursuivaient leurs affaires comme si de rien
n’était ?
Sans emploi depuis son retour, en février 2018, Sacha Ianouchkevitch fait de
l’art. Dans la cabane qui jouxte la modeste maison de bois de ses parents, le
jeune homme, aussi calme que Vladimir Vlasenko est agité, soude des
morceaux de métal. Ses œuvres sont une réponse à ces questions
angoissantes. Dans les premiers temps, il bricolait des objets affreux, comme
cette main de métal aux longs doigts griffus, inspirée du film Freddy. C’était
l’époque où il voulait fusiller tout le monde, à commencer par les politiciens de
 Kiev. Aujourd’hui, il fabrique des fleurs, délicates roses dorées ou noires. Il n’a
 pas tout à fait oublié ses rêves de peloton d’exécution, mais il découvre aussi la
complexité de la politique.
À 24 ans, Sacha est devenu l’un des piliers du
« Hub », une association citoyenne qui s’occupe aussi bien du contrôle des
finances locales que de l’organisation d’ateliers cuisine pour les enfants. « Je
suis encore plus jeune que notre Ukraine, constate-t-il. C’est d’abord à nous de
changer, de tenter de faire des choses autour de soi, de montrer aux autres que
l’on peut changer. »
Sacha fait partie de ceux qui sont partis de la ville en emportant dans leurs
cantonnements, puis au front, le drapeau noir de l’anarchiste Nestor Makhno
(1888-1934). La seule caractéristique d’Houliaïpole, sa fierté, c’est d’avoir été la
ville natale et, jusqu’à la fin de son épopée, le fief et la capitale du chef de
guerre anarchiste.

L’homme qui, durant la guerre civile (1917-1923),
voulait « taper sur les blancs jusqu’à ce qu’ils deviennent rouges, et taper sur les rouges jusqu’à ce qu’ils deviennent blancs ». L’homme qui, après la gloire et les massacres, a fini abandonné de tous, ouvrier chez Renault, à Billancourt, en exil misérable, le corps rempli de ferraille, lui aussi. Dans le musée local qui lui est consacré, un pan de mur affiche les photos des enfants d’Houliaïpole
brandissant, aux quatre coins du Donbass en guerre, l’étendard anarchiste ou
celui de Makhno.

Il y a bien sûr les énervés, les inconsolables, ceux qui se sont noyés dans
l’alcool, mais cette sagesse rugueuse exprimée par Sacha Ianouchkevitch,
désabusée, plus ou moins patiente, on la retrouve chez nombre de vétérans de
la petite ville. « Quand tu es au front, tu imagines que tout le monde se bouge,
d’une façon ou d’une autre… Tu rentres et rien n’a changé, témoigne Igor
Azarov, 47 ans, du village de Zalitchne, tout proche de la ville. D’abord, cela
rend fou. Puis on relativise, on se dit qu’on a défendu notre pays, pas le
gouvernement, pas l’État. On sait aussi que si l’on se laissait aller à
l’énervement et à l’impatience, seule la Russie y gagnerait… »

Beaucoup racontent des mobilisations locales auxquelles, avant, ils n’auraient
pas même songé à se joindre. Manifestations pour obtenir la rénovation d’une
route, le maintien de la maternité, rassemblement devant le commissariat pour
exiger une enquête contre un député corrompu… « On est devenus plus
intolérants à l’injustice », résume Sacha Ianouchkevitch. Plus organisés, aussi,
prêts à lancer des initiatives.

Malgré les déceptions, chez les plus âgés (les plus nombreux), on soutient
même très majoritairement le président sortant, Petro Porochenko, en lice pour
sa réélection, dimanche 21 avril, face au nouveau venu, le comédien Volodymyr
Zelensky. Le chef de l’État sortant a fait campagne sur sa stature de chef de
guerre patriote, de reconstructeur de l’armée, mais il incarne surtout une
stabilité que les anciens combattants plébiscitent, quand les jeunes se
montrent plus séduits par M. Zelensky. « Dire que rien ne change, c’est de la
paresse », estime Alexandre Choutchko, 56 ans – descendant, lui, du secrétaire
particulier de Makhno, Vassili Kharlamov.

Pourtant, à titre individuel, aucun n’a gagné quoi que ce soit dans la guerre. Igor
Azarov semblerait s’en tirer pas trop mal, dans son village. Il est le responsable
technique des services communaux. Avant la guerre, il travaillait dans la
construction, pour un salaire supérieur aux 5 000 hryvnias (165 euros) qu’il
perçoit désormais. Mais sa jambe, laminée par le port répété des lourds gilets
pare-balles de l’armée, lui interdit désormais le travail sur les chantiers. Il ne se
résout pas à demander une pension d’invalidité ; ceux qui l’ont fait touchent des
montants à peine suffisants pour survivre. Sans parler des médicaments
auxquels les anciens combattants ont théoriquement droit, mais qui se révèlent
introuvables, ou encore des avantages, comme la gratuité dans les transports
publics, qui n’existent que sur le papier…

« On a parfois l’impression que l’État nous méprise, quand il nous demande de
remplir des dizaines de documents pour prouver qu’on a besoin d’une aide,
témoigne Igor Kameritsiy, un grand échalas au regard douloureusement
absent. Mais ce n’est pas si important. Le virage vers l’Europe est pris, celui
vers l’État de droit est en bonne voie. C’est pour cela qu’on s’est battu, et pour
ne pas voir le “monde russe” arriver chez nous. Alors on ne peut pas faire la fine
bouche. »

Kiev a promis d’améliorer les choses. Fin 2018, une ministre des vétérans a été
nommée, pour veiller à ce que les législations existantes soient appliquées et en proposer de nouvelles. D’ores et déjà, des programmes spécifiques existent, qui facilitent l’accès des anciens combattants à la terre, à des études gratuites, à des crédits avantageux pour lancer des entreprises… De fait, la presse ukrainienne regorge d’histoires « positives » de vétérans dynamiques ayant monté des restaurants, des start-up. Mais vu d’Houliaïpole et de ses anciens
kolkhozes abandonnés, ces success-stories paraissent bien lointaines. Pour
obtenir, il faut demander, insister, batailler face à une bureaucratie implacable.

La presse se montre toute aussi friande pour les faits divers tragiques, les
suicides ou les coups de sang réglés à la grenade… « Les vétérans sont perçus
en premier lieu comme des sources de problèmes potentiels, regrette la jeune
Ivona Kostyna, fondatrice, à Kiev, d’une structure fédérant plusieurs
associations de vétérans. C’est une erreur : non seulement cela les marginalise,
mais cela revient à effacer leur capacité de mobilisation, d’organisation… »
Des faits divers comme ceux-là, Houliaïpole n’en a pas connu, ou bien ils sont
tus à l’étranger de passage. Mais la question de l’état psychologique des
combattants est omniprésente. Plus que le mépris de l’État, c’est le décalage
entre « eux » et « nous », les civils et les combattants, qui tourmente les
vétérans. Plus que les vertiges ou les cauchemars, les sautes d’humeur ou les
sursauts quand une porte claque, c’est l’impossibilité d’être compris qui pèse.

« T’as été là-bas pour baiser. » Voilà ce qu’Aliona Oproujak, 28 ans, affirme
entendre régulièrement. La jeune femme au regard clair, formée dans les
transmissions, s’est retrouvée avec une kalachnikov en main dans la zone
industrielle d’Avdiivka, l’une des portions les plus dangereuses du front, où les
positions ennemies sont à moins de 500 mètres. Là-bas, elle a épousé son
commandant, devenu, depuis, chauffeur routier, malgré ses trois blessures.
Aliona, elle, élève leur nouveau-né, Daniil, et songe à l’exil, en Pologne, où les
perspectives semblent meilleures. « Au front, tu te sens utile, tu es
quelqu’un, confie-t-elle. Ici, même si la télé martèle que nous sommes des
héros, on nous fait sentir que l’on n’est rien. Ce n’est pas comme en Israël, où
l’ensemble du pays fait corps avec ses soldats. »

S’il n’y avait pas le petit Daniil, c’est au front qu’Aliona retournerait, comme
nombre de ses collègues masculins. Eux, c’est d’avoir voulu gagner de l’argent
qu’on les accuse. Depuis quelques années, la solde des combattants est, à
l’aune ukrainienne, loin d’être ridicule, autour de 500 euros. Mais « quand on est
arrivés au front, il n’y avait même pas de sacs de couchage », s’esclaffe
Alexandre Kireev, 51 ans, ancien juriste dans une banque, parti comme infirmier
en juin 2014, qui habite avec sa femme un petit appartement d’un village des
alentours. « Ce qui nous manque à tous, dit-il, c’est que tout est plus simple au
front : il y a tes frères et les autres. Même l’argent ne veut rien dire… » « Ici,
c’est plus dangereux », tranchera même un autre vétéran, Petro Darmoroz,
musicien.

La réadaptation est lente, difficile. Il faut se réconcilier avec ces « autres » de
l’arrière, ceux-là qui ne sont pas tout à fait des frères, mais pas encore des
ennemis, et dont le crime principal est d’oublier un peu trop facilement la guerre
encore en cours quelque part dans leur pays. « Je reconnais tout de suite les
bonnes personnes des mauvaises, assure Igor Azarov, l’employé des services
communaux du village de Zalitchne. Au début, ça me mettait en colère, je leur
voulais du mal. Une parole déplacée et je pouvais devenir violent. Aujourd’hui, je fais plus attention, j’arrive à me contrôler. J’ai transformé cette rage en valeurs positives. » Dans un souffle, après s’être éloigné de sa femme Evguenia, bienveillante et attentive, Igor lâche : « Ce n’est pas toujours facile. Même avec elle ça m’arrive d’exploser pour un rien. »

La détresse psychologique des vétérans est délicate à évaluer. Début 2018, le
ministère de l’Intérieur évoquait le chiffre de 500 suicides en quatre ans parmi
les anciens combattants, mais celui-ci est perçu comme sous-estimé. Les
statistiques faisant état d’une augmentation des violences domestiques à travers le pays sont elles aussi sujettes à caution.

Surtout, la culture de la psychologie post-traumatique demeure balbutiante en
Ukraine, largement sous-financée, quand la psychiatrie reste souvent associée
dans l’inconscient collectif aux répressions soviétiques. « Dans une ville comme
Houliaïpole, il n’y a rien, aucune prise en charge, ni avant leur départ, ni après,
ni pour les familles », témoigne Irina Chtepa, directrice du Hub, l’ONG locale, et
elle-même descendante de la famille Makhno.

Certains soldats démobilisés
quittent le front pour se retrouver douze heures plus tard, sans sas de décompression, dans leur maison ou dans un bar de Kiev, traînant avec eux les maladies − hépatite, tuberculose… – qu’ils ont contractées là-bas. Pour faire
face à ce manque, cette femme dynamique, dont le mari a également combattu,
a entrepris une formation en psychologie, pour être capable de venir en aide aux familles désemparées.

Si la plupart des vétérans reconnaissent sans mal des troubles psychologiques,
voire se diagnostiquent eux-mêmes un syndrome post-traumatique, les mêmes
doutent de l’utilité d’une prise de charge. « On n’est pas comme les Américains,
nous ! Un homme de chez nous c’est solide, ça sait s’en sortir tout seul ! »,
lance crânement le chien de guerre Vladimir Vlasenko lors d’une réunion de
l’organisation locale des vétérans, où plusieurs des témoins interrogés ici ont été rencontrés. « Et quand tu as eu besoin d’un urologue, tu t’en es sorti tout
seul ? », le reprend gentiment le chef du groupe, le vieux Valery Dombrovski,
56 ans, qui plaide : « Il faut que l’État embauche des psychologues, et surtout
crée des programmes sur le long terme !

Parce que cette guerre va
durer… » Lui-même, qui fait office de père bienveillant et patient pour les
vétérans membres de son association, s’apprête à se réengager, parce qu’il n’a
plus ni travail ni argent. « En attendant, explique-t-il, ma thérapie à moi c’est de
m’occuper des autres. »
« Est-ce qu’ils peuvent nous comprendre, ces psychologues ? », interroge plus
calmement Igor Azarov, qui provoque un éclat de rire généralisé en racontant
une consultation où on lui demandait de choisir un arbre auquel s’identifier. À
côté de lui, Igor Kameritsiy reste silencieux. Comme beaucoup d’autres, cet
homme de 49 ans, parti au front en emmenant le drapeau noir de Makhno, a au
fond des yeux une lueur vague, où l’on peut lire la détresse autant qu’une
certaine forme de sagesse et de pondération. Celui-là, le soir venu, dans la
petite maison familiale, revêt les différents uniformes d’époque qu’il collectionne.

Les rêves d’avenir sont encore flous, hormis cet espoir fou de voir leur pays se
transformer, devenir plus juste et plus hospitalier. Les souvenirs, eux, s’éloignent peu à peu, cantonnés dans la poche des pantalons, sur des téléphones portables chinois où défilent les photos de jeunes hommes bronzés aux visages heureux, mitraillette en bandoulière. Parfois, rarement, la guerre resurgit l’espace d’un instant, au détour d’une vidéo YouTube que l’on regarde en frissonnant ou lors d’un enterrement.

Alexandre Kireev, l’ancien juriste devenu invalide, lui, a vu revenir le conflit trois
mois après son retour à la maison, en novembre 2016. Son fils, un garçon chétif
de 22 ans, lui a annoncé qu’il partait à son tour. « J’ai commencé par lui
apprendre à survivre : ceux qui meurent, ce sont les fiers, ceux qui se croient
encore sur Maïdan [le lieu de la révolution de 2014, à Kiev], et ceux qui se
laissent aller. Puis je l’ai amené jusqu’à son unité, jusqu’à la première ligne.
C’est là, quand je suis arrivé au front, que j’ai eu l’impression d’être rentré à la
maison. »

 

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