Jean-Paul Mari présente :
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Vu de l’hôpital: Pour les soignants, infectés, désinfectés …mais pas réinfectés (38)

Chronique de la bataille des hommes en blancs. Jean-Paul Mari suit au jour le jour le combat d’une équipe médicale dans un hôpital d’Ile-de-France.

Imaginez un scientifique dans son laboratoire, juste après un séisme qui, parti de Chine, a mis à bas une partie de la planète. Parvenu de l’autre côté de l’Atlantique, le tremblement de terre herculéen a même réussi à secouer l’Amérique et ses certitudes. Arrivé tôt dans son laboratoire de la banlieue parisienne, le sismologue, bien calé dans son fauteuil face à ses appareils de mesure, scrute la courbe sur ses écrans. Et là, que constate-t-il ? Rien. Comment cela… « rien ». Rien, pas une secousse, une pointe, un sursaut, juste un frémissement. C’est ce qui vient d’arriver à Gérard, profane en sismologie, mais gestionnaire de centre de dépistage du Covid pour les soignants de l’hôpital.

Sept semaines qu’il voit arriver des blouses blanches fiévreuses, vacillant jusqu’à la chaise d’examen où on leur plonge un long écouvillon tout au fond du nez, comme on sonde un mal obscur. « Au plus fort de l’épidémie, la PCR était implacable : 64% de tests positifs », dit le responsable. Pas de doute, le Covid flambait, le monde vacillait. Six cents examens plus tard, tout a changé. Hier, avec 3,6% seulement, il a fallu se rendre à l’évidence : la terre ne tremblait plus. A l’autre bout de l’hôpital, les Urgences confirmaient: une centaine d’admissions par jour en période de crise, à peine trois « suspects » Covid aujourd’hui.

Pourtant, dans ce coin d’île de France, la verrue d’un bidonville et une foule de migrants échappant au confinement auraient dû assurer au moins 10 à 15 malades par jour. Mais non. Rien ! Soit. Tout bon sismologue le sait, la première onde de choc est toujours suivie d’une autre, meurtrière, qu’on appelle une « réplique », en l’occurrence, la fameuse « deuxième vague ». Et la question de la ré-infestation est au cœur de toutes les peurs.

Derrière ce vilain mot se cache une question simple, voire mortelle : un malade guéri est-il immunisé ou, comme un immeuble ébranlé, va-t-il s’effondrer lors d’une réplique ? « Les soignants, en contact permanent avec le virus, sont le meilleur laboratoire du monde pour voir l’évolution des personnes guéries ». Résultat ? Rien. Encore ?

Oui. Pas un médecin, infirmière, aide-soignante malade du Covid n’a contracté à nouveau la maladie. Il y a bien eu des négatifs devenus positifs, des « rebonds », des rechutes, comme pour une grippe, mais pas de « ré-infection enchainée ». Le professeur Michel confirme : « Force est de constater qu’aucun cas convaincant de réinfection et encore moins de formes graves n’ont été décrits ». Et la revue « Nature », haut-lieu de la recherche fondamentale, a conclu que, faute de preuves contraires, il y avait un consensus pour déclarer que le Covid, magnanime, assurait l’immunité aux survivants. On respire. Mais, au fait, pour combien de temps ? Mystère. Gérard, sismologue-dépisteur, n’est pas près de lâcher ses éprouvettes.

(1) Les noms ont été modifiés.


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