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10/ El Paso, Texas : Quand passent les migrants.

publié le 30/04/2017 | par Jean-Paul Mari

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Le premier est Consul du Mexique à El Paso. Ne cherchez pas la caricature du haut fonctionnaire bedonnant à moustache noire, Juan Carlos Foncerrada Berumen a trente six ans, l’œil bleu et vif, le cheveu châtain clair et semble sorti droit sorti de l’université de Yale.

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Le second, Doug Mosier, est chef de la Border Patrol. Pas un shérif texan, dur et épais mais un homme débonnaire, sensible à la tragédie des migrants qu’il pourchasse. Face à lui, quatre cents km de frontière, de l’état du Texas au Nouveau-Mexique. Pour la contrôler: 1850 agents, 12 avions et hélicoptères, un arsenal de radars, de senseurs électroniques, de caméras et d’optiques à vision nocturne.

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Bilan, en 2006: 122 600 clandestins interpellés, dûment enregistrés et renvoyés de l’autre côté du Rio Grande. Quand les six mille hommes de la Garde Nationale ont été mobilisés sur la frontière, le nombre des arrestations, donc des passages de clandestins a diminué de moitié. Ce que le Consul confirme.

Sauf que cinq cents mille, peut-être un million de migrants réussissent chaque année à pénétrer illégalement en Amérique. Avec un incroyable acharnement et souvent au prix de leur vie. Les hommes de la Border Patrol en retrouvent souvent, flottant dans le Rio Grande ou allongés dans le sable , hommes, femmes, vieillards, morts d’épuisement et de soif, tués par le soleil du désert.

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Ce qu’ils cherchaient ? Un emploi d’ouvrier agricole, d’homme ou femme de ménage, de vendeur de pizza, de jardinier ou d’éboueur. Et une école pour leurs enfants. Rien ne les arrête. Sur ce point, le flic et le Consul sont d’accord. « Un mur ne peut pas endiguer le flux. Cela rend simplement le passage plus dur, plus dangereux donc plus cher » dit l’homme de la Border Patrol.

« Quand les routes traditionnelles sont coupées, les passeurs inventent de nouvelles voies. Les prix grimpent, les hommes meurent et la mafia organisée prend le monopole du trafic des êtres humains.», dit le Consul.

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Les nouveaux « Coyotes » ne sont plus des passeurs locaux mais des truands, tueurs ou trafiquants de drogue reconvertis. Ceux-là n’hésitent pas à laisser une femme blessée en plein désert ou à détrousser un groupe de vingt, trente, cinquante clandestins avant de les abandonner, sans argent et sans eau. A mille cinq cents dollars le passage, la frontière est une mine d’or : « Aujourd’hui, il est plus rentable de faire passer vingt paysans du Chiapas qu’une caravane chargée de marijuana ! »

Dessin Yann Le Bechec
Photos Jean-Paul Mari et Yann Le Bechec.

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