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Séisme Haiti: « Pourquoi nous ? »

publié le 28/01/2010 | par Jean-Paul Mari

Trop de morts, trop de souffrance, trop de malheur, c’est d’abord cette désolation qui nous serre la gorge. Mais sur l’île martyre, Jean-Paul Mari revient aussi sur les défaillances de l’Etat haïtien, sur la coordination laborieuse des équipes de secours internationaux et sur le rôle prépondérant joué par le grand voisin américain


Les Implorants


Combien sont-ils, là, devant nous ? Recroquevillés, rigides, gonflés, difformes, tout noirs, allongés à même le ciment de l’allée, encore habillés ou à moitié nus, le corps offert aux mouches et aux regards. Plus de 1 500 corps, hommes, femmes, vieillards, enfants, entassés à l’extérieur de la morgue de l’HUEH, l’hôpital général de Port-au-Prince.

Des employés titubent, masque sur le nez. L’odeur est épaisse, insoutenable. Odeur reconnaissable entre toutes, celle des grandes calamités en pays de misère, mélange de mort, de chaleur et d’air poisseux. Une bouillie d’horreur en suspension qui transperce le masque de tissu, colle à la gorge et à l’estomac. Ils sont entassés là, dans l’attitude où le séisme les a surpris, endormis sur un lit, au travail face à un bureau ou assis devant la télévision. Ecrasés par le plafond, une poutre, le mur du salon. Certains ont gardé un bras à la verticale, le poing tendu. Comme s’ils maudissaient le ciel pour cette horreur. Ou imploraient sa clémence.

C’était une morgue à dimension humaine, prévue pour des malheureux en fin de vie, des accidentés de la route, voire des décès par balles. Pas pour une ville entière étalée d’un revers de la main. Dans le jardin, les implorants frôlent les brancards des blessés de l’hôpital. Deux gamines d’une quinzaine d’années s’approchent, se figent. «Ne regardez pas ça, les filles !», prévient un homme. On les pousse dans les bras de leurs parents. Trop tard. Les yeux écarquillés, l’oeil fixe, elles ont pris de plein fouet l’obscénité de cette rencontre avec la mort.

Le matin suivant, la plate-forme est pratiquement vide. Ne reste qu’un sol gluant, jonché de flaques sombres et de gants de plastique. Et c’est pire encore. Des camions-bennes vont jeter les cadavres dans une fosse commune à la lisière de la ville. Depuis le séisme, plus de 15 000 corps ont été ramassés. Ils n’auront pas de funérailles. Pauvres morts.

Un silence assourdissant.


Cette nuit, deux mini-répliques ont peuplé la nuit de cauchemars. Maintenant, l’immense place du Champ de Mars fume des premiers feux de bois, piquant la gorge des milliers de personnes entassés dans ce campement improvisé.

C’est un immense bric-à-brac de bâches plastiques, de tapis, de draps tendus entre deux chaises, un manche à balai, une branche d’arbre, un panneau de circulation, le pare-choc d’un pick-up. Ici, les familles se sentent à l’abri. Pas de murs, de toit, de poutres, de balcons, tout ce qui tombe et tue. Une boite de conserve rouillée à la main, un gamin se brosse les dents dans le caniveau. Une femme fait bouillir des spaghettis dans un seau, une mère peigne sa petite fille, dessine des tresses régulières, lui frotte doucement les yeux avec un chiffon doux. Des milliers d’écorchés vifs, dorment, cuisinent, font leur toilette, prient, se réconfortent.

Qu’est-ce qui dérange ? Ah ! Oui, le silence…pas un cri, pas une plainte, pas de pleurs. Le silence de la foule est étrange. Pas seulement le courage, la dignité des miséreux, les corps secs, noueux, leur habitude séculaire de la souffrance, la « santé du malheur » disait René Char. Il suffit de croiser leur regard, trois jours entiers après que la terre a tremblé : les Haïtiens sont sidérés.

Sur les routes qui montent vers les hauteurs de la ville, Petion Ville et la sortie de Port-au-Prince, ceux qui fuient par milliers, un ballot sur l’épaule, un masque sur le visage contre la poussière et l’odeur des morts, marchent aussi dans un silence terrifiant, remontent Canapé-vert, Morne Lazare, Bois patate, Morne Hercule, Bourdon, longent de vastes collines denses et couvertes de maisons, un mille-feuille de toits écrasés sur des tapis de ruines, en suspension au-dessus des voitures et des hommes qui passent.

On plonge la main dans la terre du bas-côté, une poussière jaune de tuf calcaire, légère et sans consistance. Pas de fondations. Des cubes énormes d’immeubles posés sur un nuage de terre. Les villas affaissées laissent voir les dalles de « béton » qui soutenaient les étages, de simples agglomérats de graviers pris dans du ciment. Des coquilles légères, sans socles ni voies d’accès, collées les unes aux autres, jeu de Lego fait pour tuer leurs occupants. Pas de loi, pas de règle, pas de normes, sinon le profit criminel et l’urgence de construire.

Chaque frisson du sol ne peut être qu’assassin. À sept degrés Richter, c’est un meurtre de masse. Des dizaines de milliers de morts en trop. Et ce silence assourdissant qui accuse.

L’Etat décapité


L’aube blanchit la poussière. Assis sur un banc de bois au milieu de la pelouse, assoupi sur son fusil, un garde présidentiel protège un tas de ruines. Le palais national, au coeur de la capitale, des institutions et de l’histoire d’Haïti, n’est plus qu’un énorme soufflé affaissé. L’escalier monumental, les coquilles des trois dômes blancs, les colonnades, tout est crevé, effondré, comme vidé de l’intérieur.

Dans une capitale connue pour ses rues défoncées, la masse blanche du palais posé sur un grand parc, entre flamboyants, palmiers et bougainvilliers, était le seul monument qui donnait un peu de lustre historique à la capitale. Le départ de «Papa Doc», de «Baby Doc» des «tontons macoutes», l’arrivée d’Aristide en sauveur devenu tyran sanglant, son départ accompagné de la violence des «chimères», les coups d’Etat, le défilé des nouveaux gouvernements, les émeutes de la faim et les carnavals, ici on a tout connu, fêté ou pleuré.

Le palais national était le plus vieux monument, les événements passaient mais il restait debout. Ce matin, son drapeau national pend, lamentable. L’Etat haïtien existe-t-il encore ? La réponse n’est pas politique mais physique. A 10 kilomètres de profondeur, l’épicentre du séisme a été localisé sous la capitale, quasiment au centre-ville. Avec 7 degrés sur l’échelle de Richter, le séisme équivaut à l’explosion de plusieurs bombes nucléaires. Dans le ventre de la terre, sur la ligne de faille, les couches profondes s’entrechoquent depuis deux siècles. 8 millimètres par an, 1,40 mètre au total. Jusqu’à la déflagration finale.

Au sommet, rien n’a résisté. Le Parlement, rasé, le ministère de l’Economie et des Finances, aplati, le palais de justice, le Sénat, les ministères, les palais, les ambassades, les banques, le quartier général de la police, des pompiers, de la Croix-Rouge, les bâtiments des puissants, des forts, des décideurs, des charitables, des sauveteurs… tout, tout est sous les gravats, fissuré, hors d’usage. «Oh ! Doux Jésus… Pourquoi ?», soupire un vieil homme à la chemise blanche déchirée, le front appuyé sur les grilles présidentielles.

L’esprit malin a abattu l’élégant palais mais il a laissé intacte l’immonde tour de béton érigée par «Titide». Au palais de justice, dans deux bureaux mitoyens, il y avait un conseiller intègre et compétent, aimé de tous, et un autre, corrompu et détesté. Qui croyez-vous qui a survécu ? «A Haïti, il n’y a jamais eu de justice», pleure le vieillard.

A l’heure des grandes catastrophes, Haïti la contemporaine s’est toujours appuyée sur l’étranger. Depuis plusieurs années, la Minustah, la mission de stabilisation de l’ONU, forte de plusieurs milliers de fonctionnaires, essaie d’empêcher l’île de sombrer au tableau des pays les plus pauvres de la planète.

Depuis deux ans, les Haïtiens avaient le sentiment de voir une faible lueur au bout d’un long tunnel. Sauf que le siège de l’ONU lui aussi s’est effondré, tuant son chef de mission et emprisonnant 200 de ses cadres sous le béton. Frappé en plein coeur et surtout à la tête, Port-au-Prince n’avait aucune chance. L’Etat haïtien existe-t-il encore ? La réponse est non.

Dieu et les pillards


C’est le lieu le plus sacré de Port-au-Prince. La masse imposante et lumineuse de la cathédrale dominait le quartier, avec ses flèches, sa grande rosace et ses vitraux. Dans ce pays accroché au ciel, prêtres et fidèles ont dit des milliers de messes entre ces murs saints, baignés par les chants, les alléluias, les actions de grâce et le parfum de l’encens. A l’extérieur, le Christ en croix a les pieds recouverts de gerbes de fleurs encore fraîches.

Autour de lui, tout est ruines et désolation. La cathédrale de Reims après le bombardement allemand. Eventrée, abattue par pans entiers, suspendue dans la toile d’araignée des tiges d’acier du béton armé. C’était un lieu vibrant d’espoir et de foi qui crevait la voûte pour monter haut dans le ciel. Elle n’est plus qu’un monceau de poussière. Preuve évidente que Dieu est sourd. Au détour des rues, les fidèles désorientés retendent l’oreille aux discours hérétiques. Ceux qui assurent qu’Haïti paie son pacte avec le diable.

D’ailleurs, les évangélistes, les mormons et les innombrables sectes qui embrument l’esprit des Haïtiens évoquent régulièrement l’histoire. Celle de Boukman, chef des esclaves marrons, qui réunit ses hommes pour une cérémonie vaudoue dans le Bois-Caïman, avant de lancer avec succès sa guérilla contre les Français. La victoire de Boukman et la malédiction d’Haïti, fruits de ce pacte satanique ! C’était le 22 août 1791… une légende, mais des citoyens hagards vous demandent encore si, à l’étranger, on est bien sûr qu’il s’agit d’un tremblement de terre ? Derrière la cathédrale, ou devant, on ne sait plus, une main noirâtre émerge d’une armoire d’école métallique. Quatre jours après le séisme, les morts sont partout, obsédants, parfois au milieu d’un carrefour, macabre rond-point que les automobilistes doivent contourner.

Plus bas, la rue Bonnefoy ouvre un sillon dans le champ de ruines du quartier commerçant de la ville. Il y a quelques jours encore, l’endroit bouillonnait de vitalité, encombré de clients, de camions de livraison, de colis, un souk aux allures d’Orient à quelques rues du port de commerce, un coeur de comptoir marchand qui battait à l’ancienne, inspirait l’espoir. C’est fini. Magasins, entrepôts, banques, murs, vitrines et enseignes, tout est à terre.

Des groupes de jeunes hommes escaladent les carcasses branlantes, creusent avec leurs mains, un bâton, une moitié de pelle. Des pillards ? Plutôt des bandes de crève-la-faim qui au péril de leur vie raclent ce qu’ils peuvent. L’un d’eux extrait un sac à dos vide, l’autre une petite radio, le troisième brandit une ventouse à déboucher les W.-C, aussitôt disputé par des mains prêtes à la bagarre.

Sur le terrain vague mitoyen, à côté d’un tas de téléviseurs d’occasion, une petite tente sert de point de revente. Tout à coup, le sol tremble et se dérobe sous nos pieds. Une nouvelle secousse, violente. Cela ne finira donc jamais ! On s’écarte en hâte des murs voisins, tout le monde se regarde, un homme souffle en créole… «Ca souqué !» Oui, tout a bougé fort. Et le pillage reprend. Jusqu’à l’arrivée de la police qui tire des coups de feu en l’air.

Les voleurs s’égaillent, puis reviennent. Ce matin, au marché Hippolyte, le jeu a mal tourné et un jeune homme a reçu une balle dans la tête. Son voisin a immédiatement récupéré le sac qu’il portait. L’air sent la mort ? Tant pis. Il faut oublier les défunts. Et survivre. Priorité aux vivants.

La colère de Ricardo


Ricardo n’a pas compris pourquoi sa voiture a dansé sur la route. A 16 h 42, ce mardi 12 janvier, il roule à la recherche de subventions vers l’ambassade du Canada. Ricardo, membre du Comité olympique haïtien, administre Peace and Sport, un programme pour les jeunes, dans le bidonville de Cité-Soleil et sur la frontière dominicaine, histoire d’apprendre aux adolescents à s’affronter sur un terrain de sport plutôt que les armes à la main.

23 000 enfants pris en charge l’année dernière, un objectif de 30 000 pour 2010. Sauf que devant lui l’Institut français d’Haïti vient de s’effondrer. Ricardo veut rentrer chez lui voir ses deux enfants et sa femme mais… «Au secours !», cinq étudiants blessés sortent des décombres. Ricardo cherche un hôpital. Le premier a fermé ses portes et… les médecins sont partis ! Il enrage : «Médecin, ici, c’est une position sociale, pas une vocation !» Il confie ses blessés, veut repartir mais… «Au secours ! Mes parents sont là-dessous !» Il creuse à mains nues, sauve le père, reprend le volant. La rue est coupée par un poteau électrique. Il continue à pied. «Au secours !» ?

Vers minuit, il se retrouve les mains pleines de sang, avec une soif épouvantable. Dès 6 heures, le lendemain matin, il est à nouveau dans la rue. Transport de blessés, aide aux enterrés vivants, distribution de pâtes, shampooing, savon, désinfectant et, la nuit, réponse sur Facebook à tous ceux qui demandent des nouvelles d’un parent, d’un ami disparu. Il fulmine contre l’absence de secours, de camions de pompiers, de policiers, de secours médicaux. Il s’emporte contre le président qui n’a fait que constater que «tout le monde était touché». Heureusement, le petit peuple haïtien est solidaire.

Sur les hauts de Petionville, le modeste propriétaire d’une villa a ouvert ses portes, sa cuisine, son jardin où 50 personnes s’entassent. Les volontaires cuisinent pour tous, avec ce qu’on récupère, pâtes, farine, riz. Une femme s’approche, pâle, très affaiblie, la main sur le ventre. Hémorragie interne. Dans vingt-quatre heures, elle sera morte. Et Ricardo n’y peut rien. Dehors, un hurlement retentit. Une fille se couche sur le sac mortuaire de son père. Il n’y a pas de morgue, de chambre froide, seulement un bureau de pompes funèbres et une directrice avide. A l’intérieur, une cinquantaine de corps à même le sol. L’odeur est insoutenable. Prix du «service» : 3 500 dollars !

Alors Ricardo explose. Contre les profiteurs, les services publics défaillants, le fatalisme, les secours qui tardent. Contre ceux qui parlent de «malédiction haïtienne» alors qu’il ne s’agit que de passivité, de maisons mal construites, de démission de l’Etat, de corruption des élites créoles, riches, gavées, égoïstes, de leur mépris pour le peuple d’en bas, celui qui souffre et meurt en silence.

Le génie américain


Vendredi matin, à l’aéroport de Port- au-Prince. Trois Airbus français bourrés de 40 tonnes d’aide humanitaire, de vivres, de matériel et d’équipes de secours pénètrent dans l’espace aérien haïtien. Au sol, la tour improvisée à même la piste est depuis la veille sous contrôle des Américains. Priorité à leurs appareils. Ils font attendre les avions français qui tournent en rond et brûlent leur kérosène pendant… trois heures. Avant de devoir repartir se poser à Saint-Domingue !

Là-bas, cinq avions espagnols sont scotchés au sol depuis quarante-huit heures pour les mêmes raisons. L’ambassadeur de France, furieux, proteste auprès de son homologue. On est à deux doigts de l’incident diplomatique. Le lendemain matin, c’est Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération, qui se rend en personne sur le terrain et impose l’atterrissage. Sous les décombres, les Haïtiens ensevelis attendent de l’aide. Après soixante-douze heures, les chances de survie chutent d’un coup, surtout pour les blessés, écrasés sous le béton. Et les Français ont perdu vingt- quatre heures.

Depuis, l’ambassade hésite à demander l’arrivée de gros porteurs : «On ne peut pas envoyer un ministre tous les jours sur la piste», enrage un diplomate. Plus qu’un «grand jeu haïtien», c’est toute une conception purement américaine de l’aide qui s’applique à l’île. En substance : «On est les meilleurs. Laissez-nous faire. Prière de ne pas déranger.»

L’Amérique a commencé son grand débarquement. 12 000 militaires prévus, un porte-avions et des navettes d’hélicoptères, une noria de 90 appareils militaires par jour, un bateau-citerne de 400 millions de gallons d’eau potable, 2 millions de rations alimentaires : les chiffres logistiques donnent le vertige. Pour assurer la sécurité, on a même prévu la 82e aéroportée et 2 000 marines en tenue de combat. Des guerriers de retour d’Irak pour gérer une population civile traumatisée ? Plus grave. L’Etat haïtien n’existe plus, les élections sont reportées, le gouvernement a sombré, l’ONU est meurtrie. Restent les Américains. Et leur conception de l’action internationale.

La couleur de l’aube


Elle est mince, élégante, encore bouleversée. Sur une table, le livre qu’elle lisait quand la secousse est survenue : «L’effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie.» Et les «Essais» de Camus qui parlait de la «familiarité du pire». Quinze personnes dorment dans son salon, le carrelage est disjoint et l’immense bibliothèque à terre.

Au premier grondement de l’air, elle a compris tout de suite, s’est appuyée au chambranle de la porte et a attendu. Ensuite, dehors, elle a vu les corps empoussiérés joncher l’allée. «Pourquoi nous, les Haïtiens ? Encore nous, toujours nous ?» Yannick Lahens, écrivain, auteur de «la Couleur de l’aube», balaie d’un revers de la main la fable de l’île maudite, «un cliché, une paresse intellectuelle», pour se rappeler que les géologues avaient écrit cette chronique d’un séisme annoncée.

Oui, Haïti est soumise aux vents des ouragans et aux failles de la Terre. Comme les autres îles de la Caraïbe. Sauf qu’ici chaque épisode se transforme en tragédie nationale. L’explication est simple : catastrophe + pauvreté = vulnérabilité. L’île a payé très cher son indépendance. D’abord la dette française, puis l’embargo international : «L’histoire d’Haïti est au centre des rapports Nord-Sud» Sans compter sa violence interne, celle des Bossales, les Africains qui ont rompu radicalement avec le système colonial, ont fui les créolisés et les plantations pour créer «un pays en dehors».

L’histoire est ce qu’elle est. Et Yannick Lahens croit que ce dernier séisme fera «tabula rasa», qu’il y aura un avant et un après le 12 janvier, qu’il est temps d’en finir avec une gouvernance archaïque et le fossé entre l’élite créole et les Bossales, de réconcilier Haïti et régler une fois pour toutes ce rapport pathologique entre le Nord et le Sud. «L’aide internationale ne peut plus être un pansement. Il faut une reconstruction complète. Cette fois, on s’en sort ou on plonge pour l’éternité.»

Elle croit que le plus grand fléau qu’ait connu ce pays martyrisé est peut-être son ultime épreuve. Une métaphore de tous les défis. Une noirceur si grande qu’elle permette d’espérer une nouvelle couleur de l’aube.

Jean-Paul Mari
Le Nouvel Observateur


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